Revue de la presse russe du 24 décembre IZVESTIA

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Les milieux d'affaires sont prêts à prendre des engagements sociaux supplémentaires contre la garantie du maintien des droits de propriété obtenus au cours de la campagne de privatisation. Tel est le choix devant lequel le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Evgueni Primakov, a mis le président Vladimir Poutine, notent les "Izvestia". Poutine a un autre point de vue : il ne faut pas mélanger la responsabilité sociale et les garanties. Le principe de la contribution sociale des hommes d'affaires selon Poutine est le suivant : il faut payer un salaire décent aux salariés et les impôts à l'Etat.

Le président s'est rendu à la Chambre de commerce et d'industrie pour discuter de la "responsabilité sociale" des milieux d'affaires. Au début il a en fait presque demandé de l'aide ! "Je suis persuadé que dans la sphère sociale il y a du travail pour tous. Les impôts diminuent et l'Etat est donc en droit de compter sur la réciprocité sous forme d'une baisse des prix, par exemple", a déclaré le président. Avant que le président de la Chambre ne monte à la tribune, tout se passe sans encombre, dans la stricte limite du sujet abordé: pour en finir avec la pauvreté, disait Poutine, il est nécessaire de développer les petites et moyennes entreprises tandis que les hommes d'affaires doivent axer leurs efforts intellectuels sur l'élaboration d'un commun programme d'investissement plutôt que chercher les moyens de se soustraire à la fiscalité.

Evgueni Primakov a décidé d'inverser les points de repère, constate le quotidien. A ses dires, les hommes d'affaires sont prêts à aider mais c'est en premier lieu l'Etat qui doit s'occuper des problèmes sociaux. Selon lui l'Etat fait pour l'instant figure de mauvais exemple: "L'Etat débourse pour l'entretien de son appareil plus de fonds que pour la santé publique, la culture et la cinématographie prises ensemble". Evgueni Primakov a établi un lien entre le renforcement de la responsabilité sociale et les garanties des résultats de la privatisation : "Il est nécessaire d'interdire toute révision si la propriété a été acquise dans le respect de la loi en vigueur au moment de la conclusion du contrat, aussi mauvaise ait été cette loi". Les prévisions du chef de la CCI sont pessimistes : "Tant que les problèmes sociaux demeurent la stabilité peut devenir illusoire", écrivent les "Izvestia".

TROUD

Nicolas Ier de Russie faisait remarquer à l'aube du XIXe siècle que son pays n'était pas gouverné par les empereurs mais par les fonctionnaires, note le quotidien "Troud". Cette observation est malheureusement encore vraie aujourd'hui. L'espoir né avec la perestroika de voir diminuer sensiblement l'appareil bureaucratique s'est dissipé. Depuis ces dix dernières années le nombre des fonctionnaires a presque doublé dans le pays.

Ainsi, à l'époque de Nikita Khrouchtchev, on en comptait 532 000. Sous la stagnation brejnévienne, on en recensait 638 000. Aujourd'hui, le pays compte 1 109 000 hauts fonctionnaires, pour n'évoquer que cette couche de la bureaucratie, alors que la population est deux fois moins importante que celle de l'ex-URSS. Dans certaines régions, un cinquième du budget local est dépensé pour payer la bureaucratie.

Aujourd'hui comme avant, le fonctionnaire décide de tout. Tu veux monter ton affaire, va demander son autorisation et n'oublie pas de le bien prier et de lui glisser un petit "cadeau". Tu veux privatiser un bien immobilier ou aller t'installer dans une autre ville, obtiens d'abord l'autorisation du fonctionnaire. L'enregistrement des passeports n'a pas été annulé, on lui a tout simplement donné un autre nom.

Le pays continue à être gouverné au moyen des autorisations et des interdictions administratives. C'est un système prohibitif et non pas déclaratif comme dans le monde civilisé.

NEZAVISSIMAIA GAZETA

La présidente par intérim de Géorgie, Nino Bourdjanadze, arrive aujourd'hui à Moscou pour une visite officielle de deux jours. Selon l'information recueillie par la NG auprès de son administration, Tbilissi attache une importance primordiale à ces négociations parce qu'elles détermineront l'avenir de l'ensemble des relations entre la Géorgie et la Russie.

A la veille de son départ pour Moscou, Nino Bourdjanadze a souligné dans une interview au quotidien que les nouvelles autorités géorgiennes se prononçaient sans arrières pensées en faveur de la normalisation des relations avec la Russie qui, à son avis, s'étaient de nouveau retrouvées dans une impasse. Mais il est encore possible de les améliorer. Le moment est venu de faire table rase des anciennes querelles et de recommencer tout à zéro car nul ne souhaite les maintenir dans leur voie de développement actuelle d'autant que cela n'aurait tout simplement pas de sens.

Mais la principale question des prochains pourparlers de Moscou seront, de l'avis du journal, le soutien par la Russie des nouvelles autorités géorgiennes et l'élection présidentielle anticipée en Géorgie fixée au 4 janvier. Ces questions précisément ont fait l'objet de discussion lors de la récente visite à Moscou du ministre géorgien des Affaires étrangères, Tedo Djaparidze.

GAZETA

La Banque de Russie ne cache pas ses préférences : cette année, entre la lutte contre un brusque renforcement du rouble et l'inflation, elle a choisi l'inflation, écrit la Gazeta. Et tout porte à croire qu'elle a misé juste : sur un an, l'inflation se montera à 12% alors que le dollar perdra 20% de sa valeur. Le premier adjoint au président de la Banque, Oleg Viouguine, a confié au correspondant de la Gazeta ses prévisions en matière de cours du dollar pour 2004, et donné quelques conseils en matière d'épargne en devises:

"Les Américains ont leurs économies en dollars et ils ne sont nullement inquiétés par l'affaiblissement de leur monnaie nationale. Les Européens ont leurs économies en euros et ne font pas attention aux fluctuations de son cours. Je parle du citoyen moyen. Le cours de l'euro change par rapport au dollar. Et alors ? En Europe, la monnaie, c'est l'euro, on achète dans les magasins en euros. Les économistes des grandes compagnies quant à eux qui s'occupent de transactions commerciales et financières internationales non seulement s'y intéressent mais gagnent leur pain de cette manière. Si vous ne croyez ni aux Américains, ni aux Européens, ni aux Russes, alors faites vos économies dans différentes devises, cela permettra de minimiser les risques de variations des cours... Quant à moi, mes économies sont en roubles".

KOMMERSANT

Le Tribunal de Moscou et le tribunal de l'arrondissement Basmanny de la capitale ont pris la décision de laisser en détention provisoire les co-propriétaires de Youkos, Mikhaïl Khodorkovski (sa détention a été prorogée de 3 mois) et Platon Lebedev (son délai de détention expire le 30 décembre). Les deux procès se sont déroulés à huis clos. Après l'annonce de ces jugements, poursuit le Kommersant, l'avocat de M. Khodorkovski, Guenrikh Padva, a dit : "A suivre la logique du Parquet général, tous, sauf les enquêteurs, devraient être mis derrière les barreaux". L'avocat affirme que le Parquet ne peut apporter la preuve qu'il existe un risque réel de voir son client prendre la fuite (par exemple, en achetant un billet ou en demandant un visa pour l'étranger), ou de le voir faire pression sur les témoins. En théorie, tout le monde, d'après le juriste, peut gêner l'enquête et prendre fuite.

Le tribunal, poursuit le quotidien, a accordé la parole à Mikhaïl Khodorkovski : "La tenue du procès à huis clos n'est en rien justifiée. Le tribunal peut prononcer un jugement non seulement illicite mais aussi par sa décision enfreindre le code pénal. Puisque mon affaire sera entendue sur le fond, j'exprime ma préoccupation face à l'état réel de la justice en Russie".

On sait que l'enquête sur son affaire a été achevée en novembre. Actuellement, Mikhaïl Khodorkovski en consulte les 227 tomes.

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