La Russie, à qui fait-elle la guerre, aux "rebelles tchétchènes" ou aux terroristes internationaux"?

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par Alexandre KONOVALOV,

président de l'Institut d'analyses stratégiques.

On peut affirmer catégoriquement que les terribles attentats de ces derniers temps qui ont ébranlé la Russie et qui ont bouleversé le monde entier, ce ne sont pas les actions des séparatistes qui luttent pour la séparation ou un statut particulier de la Tchétchénie. C'est une guerre d'un autre genre, dans laquelle sont déjà entraînés les Etats-Unis, les pays européens et de nombreux Etats d'Asie et du Proche-Orient.

Depuis les actes terroristes commis en septembre 2001 aux Etats-Unis, la tactique et les buts des terroristes ont beaucoup de commun. A la différence des terroristes "traditionnels" qui font partie des organisations comme ETA ou IRA et qui représentaient les mouvements séparatistes, les terroristes actuels n'exigent rien, pour l'essentiel, ils ne cherchent pas de compromis, il est impossible de s'entendre avec eux sur quoi que ce soit. Ils frappent les points les moins protégés et les plus vulnérables qui existent dans tel ou tel pays, même dans un pays ayant une économie développée et une société civile, en voulant provoquer une réaction escomptée: la panique, la crainte, les ébranlements économiques.

Nous avons affaire aux zombies fanatiques qui n'ont ni de restrictions morales ni de l'instinct de conservation. Ceux qui luttent pour l'indépendance de leur peuple ne prendront jamais en otages plus de mille enfants et leurs parents dans le bâtiment d'une école pour les martyriser ensuite pendant 52 heures, pour faire exploser des mines suspendues au-dessus de leurs têtes et tirer dans le dos des enfants qui s'enfuient. Si ce sont des "rebelles tchétchènes" en lutte pour l'indépendance de la Tchétchénie et pour son retrait de la Russie, ils doivent réfléchir à la façon dont ils seront perçus par la communauté mondiale, s'ils atteignent l'objectif poursuivi.

L'attaque contre l'école de Beslan, le double crash des avions de ligne russes, les explosions de trains à Madrid, l'explosion à la discothèque en Indonésie, à Bali, et beaucoup de ce qui se produit en Irak et en Afghanistan: ce sont des actions de guerre que le terrorisme international mène contre la civilisation mondiale.

Le but de cette guerre du terrorisme international n'est nullement l'indépendance de la Tchétchénie ou de la Palestine. Il est bien plus ambitieux: détruire le "système injuste" du mal mondial que représentent, en premier lieu, les Etats-Unis et Israël, mais dont font également partie l'Europe, la Russie et de nombreux autres pays. C'est une guerre du terrorisme international visant à détruire la civilisation euro-atlantique. Aucun autre résultat ne l'arrangera. Le terrorisme international n'a pas de frontières, il est transnational. Il est significatif que, parmi les bandits qui ont capturé les écoliers à Beslan, en plus des Tchétchènes, il y avait (au moins, la moitié de la bande) des ressortissants des pays arabes. D'après les informations préalables, des Slaves y faisaient également partie.

Il est impossible d'obtenir une "indulgence" protégeant contre les attaques terroristes. Même la France qui a protesté le plus contre l'intervention américaine en Irak s'en est persuadée: deux journalistes français sont les otages des radicaux islamistes. A présent, ils n'apprécient pas les lois intérieures de la France. Bref, les terroristes trouveront un prétexte.

Si, ces derniers temps, l'Internationale terroriste mondiale concentre son attention, en plus de l'Irak, sur la Russie, c'est facile à expliquer. Un pays où l'Etat ne s'est pas encore renforcé, où les institutions démocratiques sont faibles et le niveau de la corruption est élevé représente un champ d'activité plus facile et peu dangereux pour le terrorisme international. Ceux qui ont massacré les enfants à Beslan poursuivaient le but de provoquer un nouveau conflit interethnique dans le Caucase. L'objectif du terrorisme international est de provoquer un chaos sanglant en Russie, de dresser certaines nations et confessions contre d'autres. Les développements d'après ce scénario signifierait la fin de la stabilité politique, au moins, en Europe dans son ensemble. Cela étant, que cela plaise ou non, la Russie et l'Occident sont vouées à agir en commun contre l'ennemi commun, implacable et puissant. Du point de vue des intérêts de la sécurité des pays occidentaux, ils doivent être vitalement intéressés au renforcement et à la stabilisation de la Russie.

En effet, un jour terrible, ces "rebelles" peuvent se retrouver dans les rues d'une capitale européenne ou dans le salon d'un avion de ligne d'une des compagnies occidentales. Dans ce cas, il faudra les appeler autrement.

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