La Russie a adopté une loi sur les historiques de crédit

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MOSCOU. /par Nina Koulikova, commentatrice économique de RIA Novosti/. Une loi sur les historiques de crédit est entrée en vigueur en Russie le 1er juin 2005.

D'après les données de la Banque d'Epargne de Russie, les dépôts de la population ont presque triplé en valeur absolue au cours de ces trois dernières années pour atteindre 68 milliards de dollars en décembre 2004. Le montant des crédits accordés à la population s'est élevé à 20 milliards de dollars à la fin de l'année dernière.

La palme du détail revient au crédit à la consommation. Le chiffre d'affaires de ce marché a quintuplé depuis ces trois dernières années. Selon une étude de VISA International, la plupart des crédits à la consommation consentis en Russie sont employés à l'achat d'appareils électroménagers (41%), de matériel informatique (37%), de vêtements - manteaux de fourrure ou en peau de mouton retournée (15%) et d'automobiles (6%).

Des acteurs nouveaux s'installent sur le marché, des banques étrangères en premier lieu. Alexandre Brinza, vice-président de la Banque d'Epargne de Russie, affirme qu'en 2004 les opérateurs étrangers sur le marché du crédit à la consommation ont augmenté leur niche en la portant de 5,5% à 7,5%. Le marché financier de détail intéresse également les banques des pays de la CEI et des Etats baltes. Bien qu'elles aient du mal à faire concurrence aux géants européens ou américains, la capacité du marché russe est si grande qu'il y a de la place pour tout le monde.

Côté capacité du marché, à l'heure actuelle 70% de la population gardent leurs économies sous le matelas, selon certaines évaluations, et seulement 2% se servent du crédit à la consommation. La cause principale en est que le consommateur russe n'a pas l'habitude de vivre à crédit, ne comprend pas la procédure d'octroi du crédit et ne fait pas beaucoup confiance aux banques.

Les taux d'intérêt en Russie sont importants, 15% par an en moyenne en monnaie étrangère et 20% en roubles. Selon une étude de l'agence Business Vision, lors d'une demande de crédit à la consommation le taux d'intérêt est déterminant pour 19% de la population pratiquant l'emprunt à la consommation. Pour 36%, il importe davantage que le crédit soit accordé directement dans le magasin au moment de l'achat. Pour 33%, c'est la réputation de la banque qui compte. Et 12% préfèrent les banques ayant des filiales.

Certains experts estiment qu'aujourd'hui le consommateur est prêt à payer un taux d'intérêt élevé parce que la demande non satisfaite de la population en crédits bancaires, tout particulièrement en crédits hypothécaires, est trop grande dans le pays. D'autres soutiennent que les gens ne comprennent tout simplement pas quel doit être le taux d'intérêt. D'autre part, le crédit est souvent demandé pour un seul achat que le client va régler et ne projette pas de faire d'autres emprunts. Lou Naumovski, vice-président chef de VISA International, soutient que les taux d'intérêt élevés qui ne préoccupent pas beaucoup le consommateur russe aujourd'hui ne dureront pas longtemps. Cette période se terminera bientôt parce que les gens ne cessent de s'instruire, affirme-t-il.

La nouvelle loi sur les historiques de crédit doit apporter sa contribution au développement du marché financier russe. Elle établit comment les bureaux des historiques de crédit garderont et mettront à disponibilité l'information sur la manière dont les emprunteurs règlent les crédits qui leur ont été accordés. Les autorités financières estiment que les banques et leurs clients seront ainsi mieux protégés, les risques diminueront et entraîneront une baisse des taux d'intérêts.

La loi n'aura cependant pas d'effet tant que le mécanisme d'échange d'information ne sera pas réglé entre les banques et les bureaux des historiques de crédit. Ce n'est pas une tâche facile. Premièrement, du point de vue technique : chaque banque a son propre système informatique et les regrouper dans une seule base de données demande des ressources considérables. Deuxièmement, du point de vue juridique : les dossiers historiques déjà constitués par les banques ne peuvent pas être automatiquement mis à la disposition des nouveaux bureaux. Conformément à la loi, cela ne peut se faire qu'avec l'accord de l'emprunteur. Autrement dit, la base des historiques de crédit doit donc être créée à partir de zéro. D'après Anatoli Aksakov, vice-président du Comité des marchés financiers de la Douma, les premiers résultats de l'application de la nouvelle loi sur les historiques de crédit ne seront palpables que dans trois à cinq ans.

Plusieurs bureaux des historiques de crédit existent d'ores et déjà en Russie, par exemple, le Bureau national créé avec la participation de la société américaine Transunion-Crif auprès de l'Association des banques russes, et Expirian-Interfax fondé avec la participation de la société britannique Experian. De l'avis des experts, l'expérience des leaders internationaux comme Transunion et Experian, combinée avec les connaissances que leurs partenaires russes ont des particularités du marché local, peut porter de bons fruits.

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