La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

La proposition de Gueorgui Satarov, ancien conseiller du président russe Boris Eltsine, de créer sur le territoire de l'Estonie une chaîne de télévision propagandiste qui émettrait à destination du Nord-Ouest de la Russie, y compris Saint-Pétersbourg, la région de Leningrad et Pskov, a suscité de vastes échos dans les médias. Selon la presse, les pays occidentaux intéressés à l'extension de la démocratie en Russie peuvent apporter une aide à ce projet. "Certes, l'Estonie ne pourra pas mener une guerre informationnelle contre la Russie ... Mais, puisque l'Occident aura besoin inévitablement de fournir des informations indépendantes aux Etats qui abandonnent la voie démocratique (à l'époque, la "Voix de l'Amérique" ou la radio "Europe libre" avaient fourni des informations à la République Socialiste Soviétique d'Estonie), cette idée ne paraît pas utopique" ("Postimees", 15.06).

L'auteur d'un article sur la liberté de parole en Russie affirme que la presse indépendante en Russie n'existe que dans les colonnes des éditions marginales. "Les autorités mettent la main sur les journaux de l'opposition ou ceux qui ont tendance à critiquer, s'ils ont une influence plus ou moins grande. Les petits journaux ayant une importance insignifiante à l'échelle de l'Etat sont autorisés à agir pratiquement sans entrave, même s'il s'agit d'éditions qui expriment des points de vue contraires" ("Pärnu Postimees", 16.06).

LETTONIE

Le sujet du traité sur la frontière avec la Russie avance de nouveau au premier plan. Les dirigeants de la république n'excluent pas que le traité sur la frontière soumis à la Cour constitutionnelle puisse être soumis bientôt à un référendum. "Le peuple exprime ordinairement dans les référendums son mécontentement pour de nombreuses raisons: le coût de la vie augmente chez nous. Il n'est pas exclu que le peuple dise "non" uniquement parce qu'il est mécontent de sa vie" (Vaira Vike-Freiberga, présidente de Lettonie, "Neatkariga ryta avize", 17.06).

La déclaration du député de la Douma russe Vladimir Jirinovski qui a félicité les peuples baltes à l'occasion de l'anniversaire de leur adhésion à l'URSS a indigné même les médias russophones. "L'interprétation soviétique de l'histoire est propre non seulement à Vladimir Jirinovski, mais aussi au Kremlin. Le clown politique pseudo-opposant peut se permettre les blagues qui sont inacceptables pour les autorités officielles" ("Vesti-segodnia", 18.06).

Les médias répètent souvent la thèse du prochain collapsus de l'économie russe, en citant les données sur la réduction de l'extraction de pétrole, sur la corruption et, par conséquent, le faible attrait pour les investisseurs. (Biznes-Baltija, 15.06; "Dienas biznes", 17.06).

LITUANIE

La démission de Viktor Uspaskich, ministre de l'Economie d'origine russe, et son départ du parlement sont considérés par les médias nationaux comme une grande victoire remportée par "La Lituanie européenne libre" sur "la Russie impériale arriérée". "Il est symbolique que le leader du Parti du travail ait envoyé sa demande de démission alors qu'il séjournait en Russie, son voyage dans ce pays n'a rien de la visite officielle d'un homme d'Etat et ressemble plutôt à une fuite banale" ("Lietuvos Rytas", 18.06).

Le sujet de l'intensification de l'activité des services secrets russes sur le territoire des pays baltes qui revient sans cesse dans la presse lituanienne a été soutenu, cette fois-ci, par la publication de l'interview d'Oleg Gordievski, ancien agent double de l'URSS et de la Grande-Bretagne. "Le réseau d'agents du FSB et du Service de renseignements extérieurs de Russie dans les petits pays comme la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie a à peu près la même envergure que celui qui agit dans les grands pays européens" (Lietuvos Rytas", 18.06).

Les médias nationaux essaient d'examiner la crise politique qui s'est ébauchée à propos de l'adoption de la Constitution de l'UE dans l'optique de l'intéressement de la Russie à la scission de l'unité européenne. "Perdant de plus en plus ces derniers temps son influence dans l'espace post-soviétique, la Russie a reçu un atout supplémentaire avec le "non" des Français et des Néerlandais" ("Lietuvos Rytas", 18.06).

UKRAINE

Des médias accusent la Russie d'avoir inspiré à des fins politiques le scandale gazier avec l'Ukraine à la veille des élections parlementaires dans ce pays. "La Russie attisera par tous les moyens une crise économique systémique en Ukraine ; le Kremlin mène des négociations avec les leaders de l'opposition ukrainienne, plus précisément, il crée une nouvelle opposition ukrainienne ; Moscou est prêt à accorder à l'opposition ukrainienne des ressources non seulement financières et informationnelles mais aussi intellectuelles ; dans la coopération économique avec l'Ukraine, un accent important sera mis sur les thèmes de l'EEU (Espace économique unique, ndlr) et du refus de l'Ukraine de poursuivre sa politique économique pro-européenne et de coopération avec l'OTAN ("Lvivska Gazeta", 17.06).

Dans une interview publiée par la presse ukrainienne, le politologue russe Stanislav Belkovski a déclaré : "Le plus dangereux pour la Russie est la politique actuelle de Poutine. Pour cette raison, plus vite Poutine et son équipe quitteront le pouvoir mieux cela vaudra pour la Russie. Et plus Poutine s'attardera au pouvoir, plus élevé sera le risque que (...) son règne se termine par une désagrégation sanglante du pays" ("Glavred", 15.06).

MOLDAVIE

Les médias pro-roumains ont fortement critiqué la réaction du ministère russe des Affaires étrangères aux décisions du parlement moldave au sujet de la Transnistrie (entité autoproclamée peuplée essentiellement de russophones). "En décrétant des sanctions, la Russie veut nous faire accepter les positions politiques qui ne nous conviennent pas. Nous ne sommes plus une république de l'URSS et nous n'accepterons qu'un dialogue fondé sur l'égalité en droits" ("Moldova suverana", 15.06).

La presse craint que de nouvelles sanctions contre la Moldavie puissent suivre la déclaration du ministère russe des AE et souligne que des sanctions antimoldaves se répercuteraient inévitablement sur des entreprises russes.

Les journaux annoncent que Moscou a formulé son propre plan de règlement entre la Moldavie et la Transnistrie qui sera publié "dans deux ou trois mois". Les médias présentent cette démarche russe comme une mesure logique. "Toute initiative en entraîne une autre (...). Nous participerons aux consultations sur cette question" ("Olvia-press", 17.06).

ARMENIE

A côté des déclarations sur la nécessité de développer le vecteur euratlantique de l'intégration, la thèse de l'importance du maintien de l'orientation "russe" de l'Arménie revient sans cesse dans les pages de la presse locale. "Nous avons des rapports excellents avec la Russie et de bons rapports avec certains pays de l'OTAN, et ces rapports ne sont pas antinomiques. Au contraire, des garanties de sécurité du pays sont ainsi assurées" ("Aïastani Anrapetoutioun", 16.06).

Des experts occidentaux soulignent en revanche que l'Arménie ne pourrait acquérir sa véritable indépendance qu'en limitant la présence russe dans les sphères politique et économique. "L'Arménie a confirmé son modèle pro-russe de développement politique (...). La Russie consolide sa présence en Arménie, notamment, dans la sphère énergétique (...). Pour l'Arménie, une telle évolution est extrêmement dangereuse (...). Il faut trouver un équilibre afin que l'Arménie ne soit ni pro-russe, ni pro-américaine et qu'elle ait sa propre vision de la situation (...). Les programmes de l'Union européenne aideront à trouver cet équilibre entre la Russie et les Etats-Unis ("Aïkakan Jamanak", 18.06).

Le retrait d'une partie des biens militaires russes des bases de Géorgie vers l'Arménie reste au coeur de débats animés. "Les autorités arméniennes commettent une nouvelle erreur dangereuse. Elles cherchent à remédier au déséquilibre politique et économique dans le pays par un déséquilibre militaire au Caucase du Sud en transférant des matériels militaires russes de la Géorgie vers l'Arménie" ("Novoïé-Vremia", 16.06).

GEORGIE

Les ententes concernant l'évacuation des bases russes de la Géorgie sont de nouveaux qualifiées de succès important dans l'établissement de rapports normaux entre les deux pays. "Les experts russes et géorgiens précisent tous les jours les détails de l'évacuation des bases ... Une chose est presque décidée : la Géorgie ne soulèvera pas la question des dettes accumulées par les unités militaires russes et ne réclamera pas à la Russie de grosses sommes pour compenser les préjudices écologiques causés au pays. Or, cette dette, qu'on n'a toujours pas réussi à calculer, pourrait s'élever à un milliard de dollars" (Akhali Versia, 20.06).

Les accusations portées contre la Russie quant aux "provocations" dans la zone du conflit osséto-géorgien deviennent des lieux communs dans les déclarations des hommes politiques géorgiens. "La Russie doit savoir qu'il y a une différence entre le Mur de Berlin et le Caucase. Si l'Ossétie du Sud et l'Ossétie du Nord se réunifient (la première est une république autoproclamée au sein de la Géorgie, la seconde, une république autonome russe), ceci sera interprété comme une annexion de la Géorgie" (Akhali Taoba, 17.06).

En attendant, les experts géorgiens font des pronostics extrêmement défavorables pour la Russie quant au développement de la situation au Caucase du Nord. "Si le Daghestan explose, la Tchétchénie ne sera qu'un "agréable souvenir" par rapport à ce qui se passera" (Khvalindeli Dge, 15.06).

AZERBAIDJAN

Une grande partie des publications ont été consacrées aux résultats de la récente visite du président Ilkham Aliev à Moscou. "Un des objectifs réels était le désir de M. Aliev de recevoir l'appui de Vladimir Poutine en prévision des élections législatives de novembre prochain, afin d'éviter des événements semblables à ceux qui ont eu lieu en Géorgie voisine et en Ukraine" (Azaldyg, 15.06).

Les journaux soulignent que la diaspora azerbaïdjanaise et les représentants du gouvernement de la république ayant investi des sommes importantes dans l'économie russe restent les principaux leviers de pression sur Ilkham Aliev entre les mains du Kremlin. "Compte tenu du fait qu'un million de citoyens actifs et mécontents peuvent être rapatriés et donc soulever une vague de protestations, les autorités azerbaïdjanaises dépendent toujours de Moscou" (Miroir, 16.06).

Les médias se sont montrés critiques vis-à-vis de la déclaration du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, selon laquelle l'évacuation d'une partie des armements russes de la Géorgie vers l'Arménie n'aura pas d'impact sur l'équilibre des forces en Transcaucasie. "Si l'on parle de l'équilibre des forces entre la Russie et l'Occident, il sera perturbé, car tous les armements russes ne restent pas dans le Caucase du Sud. S'il s'agit de l'équilibre des forces entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, il sera sans aucun doute déstabilisé, vu l'augmentation des quantités d'armements sur le territoire arménien. Ou bien M. Lavrov laisse entendre que les troupes russes en Géorgie étaient de toute façon à la disposition de l'Arménie en vertu du Traité de sécurité collective et que la modification de l'ordre des termes n'a pas changé la somme ? (Miroir, 16.06).

KAZAKHSTAN

Les médias indiquent que le président Noursoultan Nazarbaïev a reçu l'académicien Evgueni Velikhov, président du Centre de recherche russe Kourtchatov. "Cette installation est unique au monde (le réacteur thermonucléaire TOKAMAK), et nous espérons le mettre en exploitation dans les deux années à venir. Il s'agit d'un apport important et c'est une garantie de ce que nous participerons ensemble à la création de l'énergie thermonucléaire mondiale" (Panorama, 17.06).

La presse continue de suivre de près les activités des forces d'opposition en Russie. Se référant à des sources russes, elle parle de l'unification des forces d'opposition russes, ne serait-ce que dans le domaine de l'information. "Donc, seulement deux oligarques ont réussi à opérer une véritable révolution structurelle dans le domaine de l'information, à la suite de quoi les intérêts de Boris Berezovski et de Leonid Nevzline se sont entrecroisés à tel point qu'en réalité, chacun des actifs médiatiques revendus ou reformés sera dirigé depuis deux centres à la fois : Londres et Tel-Aviv" (Nomad, 20.06).

En traitant le thème de la démission de Eully Gourbanmouradov, vice-premier ministre du Turkménistan, la presse constate que la Russie a perdu un des plus importants leviers d'influence sur le président Saparmourat Niazov, ce qui se répercutera inévitablement sur la solidité de ses positions dans la région. "Les dirigeants politique de la Russie et ses exécutants se sont avérés incapables de voir l'évidence. Ayant misé dans leur politique à l'égard du Turkménistan uniquement sur la conduite de transport de gaz de Gazprom, la Russie s'est "laissée avoir" comme un enfant dans la lutte pour l'influence au Turkménistan" (Navigator-II, 16.06).

KIRGHIZIE

Dans une interview accordée à la radio Voice of America, la ministre kirghize des Affaires étrangères par intérim, Roza Otounbaïeva, a fait ressortir l'importance du partenariat stratégique de la Kirghizie tant avec la Russie qu'avec les autres puissances mondiales. Elle a indiqué que les bases militaires russe et américaine stationnées en Kirghizie jouaient un rôle pratiquement égal dans le maintien de la paix dans la région. "La Russie est notre alliée stratégique, et nous voulons élargir et approfondir nos relations bilatérales. La Chine affirme elle aussi sa présence économique en Asie centrale, et nous estimons que notre coopération avec Pékin recèle un potentiel non négligeable pour le développement économique de tous les pays d'Asie centrale... Les États-Unis jouent un rôle clé dans la promotion de la démocratie dans notre pays, dans le renforcement de notre économie et de notre sécurité" (Gazeta.kg, 17.06).

Une moindre présence militaire américaine dans la région conduira automatiquement, selon les médias, à accroître l'influence de la Russie. "Il n'est pas exclu que l'Ouzbékistan invite des troupes chinoises" (KyrghyzInfo, 17.06).

OUZBEKISTAN

Les médias publient les avis des experts invités par le président Islam Karimov pour formuler une appréciation "objective" des événements à Andijan (Ferghana.ru, 16.06).

On cite la déclaration du journaliste réputé Sergueï Ejkov qui suppose que la délégation russe aurait été invitée en Ouzbékistan non pas pour enquêter, mais pour concerter une politique d'information commune en matière de création d'une image de marque positive des autorités ouzbèkes. À son avis, cette collaboration traduit les intérêts de Moscou qui se rapproche de Tachkent. "La politique intérieure de la Russie appliquée par un ancien lieutenant-colonel des services de renseignement rappelle de plus en plus le modèle d'administration "à l'ouzbèke" (Ferghana.ru, 16.06).

Certains médias sont étonnés du soutien dont bénéficie Tachkent auprès du Kremlin. "La politique étrangère de la Russie... subit une nouvelle épreuve dans le volet centrasiatique et, plus généralement, dans les relations avec les États-Unis et les pays d'Europe... Si Moscou a besoin d'apporter un soutien inconditionnel aux autorités de l'Ouzbékistan, cela reste un sujet de débats mitigés" (Uzland.uz, 16.06).

TADJIKISTAN

La presse constate avec nostalgie qu'avec le retrait des gardes-frontières russes, stationnés jusqu'à tout récemment à la frontière afghano-tadjike, l'expérience unique de coopération entre les deux peuples peut se perdre. "La Russie en tant que grande puissance ne peut et ne doit pas se séparer des autres pays, des petits comme des grands. De par sa situation géographique, son histoire et son patrimoine spirituel, elle est censée patronner les petits peuples, les petits pays et ses anciens compatriotes. Du moins, elle ne devrait pas les repousser" ("Vetcherni Douchanbé", 17.06).

Des médias supposent que le Kremlin avait avantage à appuyer l'idée de l'implication de l'islamisme radical dans les événements de mai en Ouzbékistan et à apporter un soutien moral et propagandiste au régime de Karimov. Ils rappellent qu'en 2002-2003 la presse russe a pris à partie le Tadjikistan auquel elle reprochait des liens avec la narcomafia internationale. "Chacun cherche son profit, chacun cherche à régler ses problèmes géopolitiques, économiques, ambitieux ou autres. La question est d'en connaître l'objectif: renverser les dictateurs ou les soutenir, être avec ou contre son peuple?" ("Avesta", 15.06).

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