Le marché russe subjugue les constructeurs automobiles occidentaux

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MOSCOU, 3 août (par Alexandre Yourov, commentateur politique de RIA Novosti). Ces derniers jours, la presse est de nouveau émaillée d'informations sur les projets de grands constructeurs automobiles occidentaux concernant l'implantation d'unités de production en Russie.

Plusieurs journaux ont rappelé d'emblée l'intention nourrie de longue date par le consortium allemand Volkswagen d'assembler en Russie un véhicule populaire. Et aussi les recherches entreprises par le consortium automobile japonais Nissan pour trouver un site permettant l'assemblage en Russie de plusieurs de ses modèles.

Le lancement sur le marché russe de véhicules fabriqués par ces sociétés a une histoire relativement longue. En ce qui concerne Volkswagen, c'est en 1995 qu'il a commencé à songer à lancer sa propre production en Russie. Cependant, aucune démarche réelle n'avait été entreprise à ce jour. Bon nombre d'experts pensaient même que rien de concret ne se ferait avant l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), une chose qui créerait des conditions propices au lancement de la fabrication de véhicules de cette marque en Russie.

Il en est ainsi probablement. Selon le journal Vremia novosteï, le conseil d'administration de Volkswagen a récemment débattu un scénario de projet russe. En Allemagne on lui a donné le nom de code Top-Projekt Russland. Ce projet prévoit la création d'unités de production dans un pays à bas salaires en 2007. C'est-à-dire à un moment où, selon les pronostics, la Russie sera admise à l'OMC. En qualité de version prioritaire, les dirigeants de Volkswagen envisagent la construction d'une entreprise dans la région de Moscou.

Par contre, les choses sont plus compliquées en ce qui concerne l'installation de Nissan en Russie. Au début de l'année des représentants du constructeur automobile nippon avaient négocié avec la direction de GAZ le lancement de l'assemblage de véhicules dans les ateliers de cette entreprise russe. Cependant, la direction de GAZ n'a jamais confirmé que la visite effectuée dans l'entreprise par les représentants de Nissan était liée à l'assemblage de voitures en Russie. Une seconde fois, la presse avait évoqué l'implantation d'une unité de production Nissan à Moscou, dans les ateliers d'Avtoframos, une entreprise russo-française. Dans ce cas de figure, les analystes pensaient que le groupe société Renault, qui y assemble des voitures Logan, accueillerait en Russie l'entreprise japonaise apparentée.

Enfin, ne dit-on pas qu'il n'y a pas de fumée sans feu? Alors, puisque l'on a évoqué l'arrivée en Russie de grandes marques automobiles mondiales avec leurs unités de production, cela signifie que la chose se fera. Quoique l'on ne sache pas exactement quand.

Il est curieux que si le projet allemand se réalise, alors Volkswagen prendra la tête de l'industrie automobile russe pour le nombre de véhicules sortis. En effet, le constructeur automobile allemand assemblera en Russie 200.000 voitures par an. Pour le moment, aucune compagnie étrangère opérant en Russie ne va au-delà des 100.000 véhicules. Par exemple, les constructeurs coréens qui depuis plusieurs années assemblent des voitures particulières en Russie n'en produisent ensemble que 90.000. Le record en la matière est détenu par le projet russo-américain Chevy-Niva. L'année dernière un peu moins de 60.000 de ces véhicules ont été vendus en Russie sous la marque General Motors.

Les autres compagnies produisent et vendent un nombre beaucoup moins élevé de voitures. Au demeurant, le groupe Renault s'est lancé dans la course aux records. Depuis le mois de juillet 2005 il vend des Logan assemblées en Russie. Il se donne deux ans pour porter la production à 200.000 véhicules par an. Pour l'instant le leadership en ce qui concerne les véhicules assemblés est détenu par le géant russe AvtoVAZ dont les chaînes sortent annuellement plus de 700.000 voitures.

Il est curieux que le chiffre 200.000 soit devenu une grandeur magique en Russie. Pratiquement toutes les sociétés étrangères qui envisagent d'assembler des véhicules dans ce pays annoncent cet objectif. C'est notamment ce que le consortium Toyota prévoit pour son entreprise russe des environs de Saint-Pétersbourg, dont l'entrée en service est programmée pour 2007.

C'est vrai aussi que les promesses des constructeurs automobiles étrangers ne sont pas toutes vraisemblables. La Renault Logan est vendue 8.999 dollars dans sa version la moins chère et 12.099 dans la plus coûteuse. Les véhicules compris dans cette fourchette de prix sont les plus demandés en Russie. Il s'en vend plus d'un million par an. En cas de concours heureux de circonstances, par exemple, si ce projet séduit les automobilistes russes, on peu parfaitement s'attendre à des chiffres de production élevés. D'autant plus que les entreprises russes assemblant la Logan sortaient auparavant quelque 600.000 voitures de tourisme par an.

Malheureusement, Volkswagen ne possède pratiquement pas de modèles pouvant s'insérer dans cette fourchette. Exception faite, peut-être, de la VW Pointer. Cependant, le prix de ce véhicule (environ 11.000 dollars en Russie) ne correspond pas à la cylindrée du moteur. En Russie les voitures affichant ces performances coûtent moins de 10.000 dollars. D'ailleurs, l'assemble russe pourrait permettre une baisse de 15 pour cent de la Pointer, ce qui rapprocherait ce véhicule des automobiles russes.

Ainsi que l'écrit le quotidien Vremia novostei, pour cette raison le consortium allemand entend conclure tous les accords d'investissement connexes au Top-Projekt Russland d'ici à la mi-décembre, date à laquelle les ministres des pays membres de l'OMC se retrouveront à Hongkong dans le cadre des consultations sur l'adhésion de la Russie à cette organisation. Ce qui signifie que Volkswagen sait avec quoi se lancer sur le marché russe.

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