Washington et Moscou évaluent de façon analogue l'évacuation des colonies de peuplement juives

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MOSCOU, 25 août- Marianna Belenkaïa, commentatrice politique de RIA-Novosti. Le ministre des Affaires étrangères de l'Autonomie palestinienne, Nasser al-Kidwa, a rencontré jeudi à Moscou le chef de diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La veille, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, s'est entretenue à Washington avec le vice-Premier ministre israélien, Ehud Olmert. Un seul et même sujet a été examiné dans les capitales des deux coparrains du règlement au Proche-Orient. On y dressait sans doute le premier bilan de l'évacuation ordonnée par Israël de ses colonies de peuplement de la bande de Gaza et d'une partie de la Cisjordanie.

Pour le moment, les diplomates regardent avec bienveillance l'évolution de la situation dans la zone du conflit palestino-israélien. Les paroles prononcées à Moscou et à Washington coïncident tout à fait - "l'évacuation des colonies de peuplement est en mesure de conférer une impulsion à la relance du processus de paix sur la base de la "feuille de route", plan de règlement au Proche-Orient".

Rappelons qu'aux côtés de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation des Nations Unies, la Russie et les Etats-Unis ont été les coauteurs de cette "feuille de route". De plus, Moscou et Washington n'ont pas ménagé leurs efforts pour que l'évacuation des colonies juives ne revête pas un caractère unilatéral, comme l'avait planifié initialement le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, mais qu'elle soit effectuée en concertation avec les Palestiniens et qu'elle s'inscrive bien dans le contexte général de la "feuille de route".

Somme toute, les efforts des diplomates ont été récompensés. Quoi qu'il en soit, l'évolution de la situation dépend désormais directement des parties en conflit. Il importe, tout d'abord, de savoir si la direction de l'Autonomie palestinienne pourra mettre fin à la violence dans les territoires palestiniens, et si, d'autre part, l'Etat hébreu va poursuivre à l'avenir sa politique d'extension illicite des colonies juives, encore présentes en Cisjordanie, et sa politique d'expropriation, tout aussi illicite, des terres palestiniennes.

Il y a encore beaucoup d'autres nuances à prendre en considération avant que le processus de négociations ne reprenne. Et quels en seraient les résultats? On n'y pense sans doute pas pour le moment et ce, d'autant plus que certains ont même à présent peur d'y penser. Et c'est, de toute évidence, la raison pour laquelle, ni les médiateurs internationaux pour le règlement au Proche-Orient, ni les participants au conflit eux-mêmes ne pensent à des perspectives éloignées, et préfèrent manifestement résoudre les problèmes dès qu'ils surgissent, l'un après l'autre.

A l'heure actuelle, il est prémordial d'organiser la vie des Palestiniens sur le territoire évacué par les Israéliens. Il faut aussi installer les colons juifs évacués dans de nouveaux endroits. Pour que cela puisse se faire comme il se doit, il faudra de l'argent tant à l'Autorité palestinienne qu'à l'Etat hébreu. Ce sont essentiellement les Etats-Unis et la Banque Mondiale qui se proposent d'en allouer. Pour ce qui est de la Russie, a indiqué Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, au cours des négociations à Moscou avec son homologue palestinien, elle est prête à aider les Palestiniens à créer leurs propres services de sécurité, à former leur propre infrastructure sociale et d'enseignement, et à former des cadres, y compris pour les structures de sécurité. En réponse, Nasser al-Kidwa a remercié la partie russe de son soutien politique et matériel. Dans ce cas, d'ailleurs, les paroles sur le soutien politique n'ont pas été creuses ou dictées par la courtoisie banale d'un diplomate. C'est qu'au cours de sa première visite au Proche-Orient en avril dernier, le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, avait avancé l'initiative d'organiser une rencontre internationale pour le règlement de la situation au Proche-Orient et une concertation pour une action future de toutes les parties intéressées.

Le processus de paix ne doit pas s'achever sur l'évacuation des colonies juives, a-t-on estimé à Moscou. Par ailleurs, le cadre même d'une rencontre ordinaire du "quartette" proche-oriental, composé de la Russie, des Etats-Unis, de l'UE et de l'ONU, est beaucoup trop étroit pour une telle discussion. Il faut là aussi compter sur la participation des Palestiniens et des Israéliens, ainsi que sur celle des représentants de l'Egypte et de la Jordanie, c'est-à-dire des deux Etats arabes qui ne sont pas seulement limitrophes de la zone du conflit, mais qui ont, en plus, des relations diplomatiques avec Israël. De surcroît, les problèmes à examiner dépassent largement le format des négociations bilatérales et même celui du "quartette".

Au début, dès que la Russie a rendu publique son intention d'organiser une conférence internationale, Israël et les Etats-Unis l'ont accueillie avec méfiance. Mais par la suite, comme l'avouent les sources diplomatiques de RIA-Novosti, les Américains se sont rendu compte de sa nécessité. Il n'est pas non plus à exclure que quand le programme d'une telle rencontre internationale sera établi, les Israéliens y soient également favorables bien qu'à présent, ils craignent de se heurter à une obstruction ou de se voir imposer des conditions inacceptables, chose qui se produit souvent, selon eux, lors de rencontres internationales. Néanmoins, comme l'a fait remarquer le président du Comité pour les Affaires internationales du Conseil de la Fédération (Chambre haute du Parlement russe), Mikhaïl Marguelov, "après le délogement des familles israéliennes (évacuation des colonies de peuplement juives - NDLR), couvert par les médias du monde entier, les sympathies de la communauté internationale restent du côté d'Israël".

Or, les sympathies peuvent varier. Quoi qu'il en soit, la préparation à la future rencontre internationale a d'ores et déjà démarré. Le contexte sera défini avec plus de précision au cours d'une réunion du "quartette" en marge des travaux de la future Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies en septembre prochain. Quant à la rencontre elle-même, elle pourrait avoir lieu au mois de novembre.

Il importe d'ici là, qu'un nouveau regain de confrontation ne se produise pas entre Israéliens et Palestiniens. Cependant, cela est tout à fait probable, car, des deux côtés du conflit, il subsiste des forces qui y tiennent.

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