Le nouvel homme de Moscou auprès de l'UE ne manque pas d'idées

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MOSCOU, 1er septembre - Vladimir Simonov, commentateur politique de RIA-Novosti.

Simplification des formalités de visas pour les Russes franchissant les frontières de l'Union européenne (UE), intensification du dialogue énergétique et préparation d'un nouvel accord-cadre de partenariat entre Moscou et Bruxelles, ce ne sont que quelques-unes des tâches prioritaires qui se posent aujourd'hui au nouveau délégué permanent de la Fédération de Russie auprès des Communautés Européennes.

Il s'agit de Vladimir Tchijov, 52 ans, diplomate de carrière qui vient d'être nommé à ce poste. Auparavant, il était vice-ministre russe des Affaires étrangères.

A sa première conférence de presse en qualité d'ambassadeur russe auprès de l'UE, Vladimir Tchijov qui avait autrefois participé aux 13 des 15 Sommets Russie-UE a exposé ses plans de transformation de la représentation bruxelloise de la Russie en principal centre de coordination de la coopération de plus en plus large entre la Russie et l'Union européenne.

Le diplomate n'est d'ailleurs nullement troublé par le fait que sa nomination a coïncidé avec la crise dans la vie de l'Europe unifiée provoquée par les résultats négatifs des référendums sur la Constitution européenne en France et aux Pays-Bas, crise qui a remis en question le destin même de ce document. Selon Vladimir Tchijov, les conséquences de ces événements pour la Russie ne sont pas évidentes.

D'une part, Moscou préférerait plus de clarté dans les plans et les actions de ses partenaires bruxellois, car cela faciliterait l'organisation du travail conjoint. De l'autre, dans les circonstances actuelles plutôt difficiles pour l'Union européenne, celle-ci tient tout particulièrement, comme le laissent entendre ses plus hauts fonctionnaires, à s'illustrer efficacement avant tout dans ses relations avec des pays tiers. Pour ce qui est de la Russie, elle voudrait évidemment profiter au maximum de ces opportunités.

Vu que la Grande-Bretagne assure à présent la présidence tournante de l'Union européenne, le futur 16-ème Somme Russie-UE prévu pour le 4 décembre prochain se déroulera à Londres.

La simplification du régime des visas pour que les citoyens de la Russie puissent voyager plus facilement à travers les pays de l'Europe unifiée a été citée par Vladimir Tchijov parmi les sujets majeurs de cette future rencontre russo-européenne.

Les experts russes ont d'ores et déjà concerté en bonne partie avec leurs partenaires européens les projets de ces deux documents importants que sont l'Accord de simplification des titres de voyage et l'Accord de réadmission. Bruxelles lie invariablement ces deux questions, tout en exigeant de la Russie qu'elle s'engage à réadmettre sur son territoire les migrants clandestins expulsés.

Par ailleurs il ne s'agit pas que des Russes, mais aussi des ressortissants de pays tiers se retrouvant en Europe après avoir franchi la frontière nationale de la Fédération de Russie.

Le délégué permanent de la Russie à Bruxelles ne classe pas ces conditions dans la catégorie des normes qui ne se prêtent pas à un compromis. Qui plus est, le nouvel homme de Moscou auprès de l'UE se montre tout à fait optimiste et prédit même qu'à l'étape suivante les négociations porteront sur les problèmes des visas, et plus précisément sur la levée totale du régime des visas.

Et ce, d'autant plus que, contrairement à ce que supposent les analystes en Occident, l'Union européenne ne subordonne pas le progrès dans ce domaine à la signature des Traités frontaliers de la Russie avec l'Estonie et la Lettonie. Il n'en est cependant pas moins vrai que tant Moscou que Bruxelles regrettent tous les deux que de tels accords ne soient toujours pas conclus, tout en espérant que la solution de ces problèmes strictement bilatéraux sera finalement trouvée. "A l'heure actuelle, la balle est dans le camp de nos collègues des Etats baltes", a résumé Vladimir Tchijov.

Par ailleurs, le diplomate russe a attiré l'attention sur la tâche relativement nouvelle et spécifique dans le cadre du dialogue énergétique Russie-UE qu'est la mise au point de critères pour le commerce des matériaux du cycle nucléaire.

C'est qu'après l'élargissement de l'Union européenne de l'année dernière quand l'Europe des 15 est devenue l'Europe des 25, le nombre des ouvrages nucléaires civils sur le territoire de cette Europe unifiée a augmenté de 19 réacteurs encore que 18 d'entre eux sont des centrales nucléaires construites autrefois par des entreprises soviétiques selon des normes technologiques russes. Seule la centrale nucléaire en Slovénie a été construite par "Westinghouse". Par conséquent, toutes ces 18 centrales nucléaires sont approvisionnées en combustible nucléaire selon le même schéma que les ouvrages du même genre sur le territoire des anciens membres de l'UE, dont la Finlande. Autrement dit, la Russie leur fournit le combustible nucléaire pour leurs centrales, tout en récupérant le combustible brûlé. Maintenant, l'Union européenne et la Fédération de Russie doivent officialiser les termes du commerce de ce genre de matériaux.

C'est d'ailleurs sur ce même principe que la Russie coopère aujourd'hui avec l'Iran. Dans le même temps, Moscou coopère très activement avec la "troïka européenne" pour l'Iran (France, Allemagne et Grande-Bretagne) qui est mandatée par l'Union européenne pour mener des négociations sur le sort du programme nucléaire de Téhéran qui préoccupe très sérieusement de nos jours l'ensemble de la communauté internationale. "Bruxelles et Moscou travaillent parallèlement, tout en concertant leurs actions", a fait remarquer Vladimir Tchijov.

Or, le nouveau représentant de la Fédération de Russie auprès de l'UE ne voit pas non plus d'obstacles à l'élargissement de la coopération russo-européenne dans cette région "sensible" et plutôt instable qu'est l'espace de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Loin d'ambitionner le monopole dans l'espace post-soviétique, la Russie est ouverte à un dialogue de partenariat avec l'Union européenne dans ce domaine. Et ce, d'autant plus que plusieurs pays membres de la CEI se sont d'ores et déjà assigné pour objectif d'intégrer l'Union européenne.

Pour ce qui est des "conflits gelés" sur le territoire de la CEI, qu'il s'agisse des conflits de la Transnistrie, de l'Abkhazie, de l'Ossétie du Sud ou du Haut-Karabakh, l'Union européenne tient à contribuer à l'extinction de ces foyers de tension. "Moscou est prêt, pour sa part, à examiner toutes les initiatives allant dans ce sens, tant politiques que matérielles", a indiqué le délégué permanent russe auprès de l'UE.

Comme l'a rappelé Vladimir Tchijov, l'Accord de partenariat et de coopération entre la Russie et l'Union européenne, prévu pour un délai de dix ans, expire le 1-er décembre 2007. Ce document renferme une clause sur sa prolongation automatique éventuelle.

Aucune des parties ne s'attend donc à un vide juridique. Néanmoins, il est d'ores et déjà évident que l'accord en question ne reflète plus en bonne partie le niveau contemporain des relations entre la Fédération de Russie et l'Union européenne. On doit par conséquent le rénover.

Somme toute, il est difficile de conjecturer dès à présent les résultats du travail sur le "facteur 2007". On ne peut pas dire pour le moment si ce sera un nouvel accord global, un petit accord-cadre avec des annexes sectorielles ou, enfin, une nouvelle rédaction du document déjà existant.

Toutefois, une chose est claire: la Russie et l'Union européenne auront toujours besoin l'une de l'autre, et ce qui est le principal, demain ce besoin réciproque sera plus sensible.

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