Les experts doutent que l'inflation en Russie se maintienne dans les limites de 10%

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MOSCOU, 27 septembre - Elena Orekhova, RIA Novosti. Les experts doutent toujours que l'inflation en Russie à l'issue de l'année en cours se maintienne dans les limites de 10%.

En dépit des prévisions officielles de 10% à l'issue de cette année, l'inflation a déjà manifesté au cours des premiers mois de l'année une dynamique plus que préoccupante. En effet, au mois de janvier, les prix ont augmenté de 2,6%, au premier trimestre - de 5,3% et dans le premier semestre - de 8%.

C'est que les prix à consommation ont subi, cette année, l'impact plutôt imprévisible de plusieurs facteurs, qu'il s'agisse de l'augmentation des charges communales, de la hausse des prix des produits alimentaires, anticipant même sur le taux d'inflation ou de l'élévation des prix des producteurs dans l'industrie, élévation due notamment à la croissance rapide des prix du pétrole et des produits pétroliers, et tout particulièrement de l'essence.

Les experts estiment que le gouvernement et les ministères sectoriels auront à déployer de très importants efforts, essentiellement, sur le plan administratif, mais même dans ce cas, les prix augmenteraient de plus de 10%.

"Il est très peu probable que l'on réussisse à maintenir l'inflation dans les limites de 10%, estime Valeri Vaïsberg, analyste du groupe de sociétés "Région". A mon avis, le taux d'inflation réel pour l'année en cours est de 12 à 12,5%".

Selon cet expert, les prix des produits alimentaires et des services rendus à la population vont apporter l'essentielle "contribution" à l'inflation entre septembre et décembre, alors que la décision des compagnies pétrolières de "geler" les prix de l'essence n'exercerait sans doute pas de grand impact sur le taux d'inflation.

"En règle générale, dans le second semestre de l'année, le taux d'inflation baisse. Quoi qu'il en soit, la baisse saisonnière des prix des produits alimentaires s'est d'ores et déjà achevée, et les prix ne tarderont pas à monter", avertit Valeri Vaïsberg.

"L'essentielle cause de l'inflation dans les mois qui restent avant la fin de l'année, ce sera l'augmentation des dépenses sociales, ce qui se rapporte de préférence aux couches les plus démunies de la population dont l'essentiel de revenus est dépensé à la consommation", est persuadé Vladimir Pantiouchine, analyste de la compagnie d'investissement "Renaissance-Capital".

Selon ce dernier, l'inflation serait "plus de 11,9%, pour le moins", alors qu'à présent, elle n'est retenue que par des leviers administratifs.

"La tâche qui se pose est très difficile, de sorte qu'il est bel et bien impossible de retenir l'inflation dans les limites de 10% sans consentir certains sacrifices", est l'avis de Vladimir Tikhomirov, principal économiste à la compagnie financière "Ouralsib".

Parmi ces "sacrifices", l'expert évoque le gel des charges communales dans les régions en prévision de la saison du chauffage, un remboursement supplémentaire anticipé de la dette extérieure et un renforcement plus prononcé du rouble. "10% n'est pas un chiffre très réaliste. La prévision du ministère russe du Développement économique et du Commerce est plus réel - 11% et ce, à condition que les leviers évoqués soient engagés", estime Vladimir Tikhomirov.

Or, Tom Adshead, analyste de la société d'investissement "Metropol", suppose que l'inflation effective dans l'année en cours va dévier de la prévision du gouvernement de 0,5 à 0,8%.

"Le gouvernement s'assigne cet objectif (l'inflation de 10% à la fin de l'année en cours - NDLR), et tout porte à croire qu'il trouverait des moyens pour l'obtenir. Néanmoins, ce sont là des méthodes administratives, et elles ne tarderont pas à s'épuiser", est persuadé Tom Adshead.

"Force est de reconnaître que la Russie n'est pas le seul pays au monde à faire jouer de tels leviers, mais, malheureusement, il n'y a pas de marché des capitaux en Russie qui pourrait répartir, comme il se doit, tous ces fonds, et rien ne se fait pour qu'un tel marché apparaisse enfin", déplore le représentant de "Metropol".

"Les processus inflationnistes sont stimulés surtout par les contradictions dans la politique et le caractère vague des réformes engagées", admet Vladimir Tikhomirov.

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