"Loukachenko n'est nullement pire que les autres Présidents. Et il n'est pas du tout dictateur", a dit de lui-même le chef de l'Etat biélorusse, en intervenant mercredi devant les journalistes russes au cours d'une conférence de presse à Minsk.
Il a fait remarquer que nul ne lui permettrait de "brandir un gourdin au centre de l'Europe", et que l'on ne l'aimait pas en Occident à cause de sa volonté de construire une union avec la Russie.
Cela dit, Alexandre Loukachenko a avoué aimer beaucoup la Russie.
"J'aime beaucoup la Russie. C'est le pays le plus beau et le plus prometteur, mais sous-estimé à tort", a dit le Président biélorusse.
Et d'ajouter qu'il aime beaucoup la nature russe et voudrait aller voir le lac Baïkal. "La région du lac Baïkal est une terre merveilleuse et comprend beaucoup de sites pittoresques", a estimé Alexandre Loukachenko.
Parmi les hommes politiques qui lui sont proches d'après leurs convictions, le chef de l'Etat biélorusse a cité l'ancien Président de la République Française, le général Charles de Gaulle.
"J'ai toujours respecté de Gaulle quand il se redressait et créait son Etat", a précisé Alexandre Loukachenko.
Quant aux actuels personnalités célèbres, ce sont le Patriarche de Moscou et de Toutes les Russies, Alexis II, le maire de la ville de Moscou, Youri Loujkov, et le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, qui sont les plus proches d'esprit au chef de l'Etat biélorusse.
Les journalistes russes ont aussi voulu savoir quelle religion le Président biélorusse pratiquait s'il en pratiquait une évidemment.
"Je suis sans doute baptisé. Bien que ma mère fût communiste. Elle m'en a parlé quand j'étais déjà Président", a raconté Alexandre Loukachenko.
Il a dit aller à l'église avec le peuple les jours des fêtes de Noël et aux Pâques, bien qu'auparavant, dans les années du pouvoir soviétique, il donnait un cours d'athéisme.
Alexandre Loukachenko estime en général qu'à l'heure actuelle, certains anciens athées manifestent avec trop de zèle leur croyance religieuse.
"Certains se prosternent aujourd'hui devant l'autel à l'église et ce, malgré leur obscurantisme d'autrefois", a indiqué le Président biélorusse.
Alexandre Loukachenko a également avoué ne pas aimer la façon dont les parodistes russes le caricaturaient.
"En Russie, les persifleurs essaient de me parodier. Quoi qu'il en soit, cela n'est guère apprécié en Biélorussie, car il y a dans ces parodies trop de choses inventées et l'intonation n'est d'ailleurs pas juste", a-t-il dit.
Dans le même temps, Alexandre Loukachenko n'est pas contre le fait que l'on puisse raconter des blagues sur lui.
A la demande des journalistes de raconter une blague sur lui, le Président biélorusse a fait remarquer qu'il y en avait sans doute, mais qu'elles n'étaient certes pas aussi nombreuses que celles sur Eltsine.
"Si on ne fait pas de blagues du tout, c'est mal", a-t-il estimé.
Interrogé sur son franc parlé, Alexandre Loukachenko a reconnu parler parfois crûment à ses collaborateurs.
"Cela m'arrive en effet. N'oubliez pas, je suis hockeyeur en plus", a-t-il rappelé.
Alexandre Loukachenko a aussi dit aux journalistes n'avoir jamais songé qu'il deviendrait un jour Président.
"Avant mon élection au poste de Président, je n'ai jamais pensé qu'un tel destin me soit réservé, sans parler déjà de mes années d'enfance et de jeunesse, a raconté Alexandre Loukachenko. Est-ce que je pouvais deviner dans ce village mon avenir?"
"Seulement, j'ai toujours été persévérant et ambitieux. Si je décidais, par exemple, de réussir dans mes études, j'étais un excellent écolier ou étudiant, bien qu'il n'y eût en réalité aucunes conditions objectives pour cela. Quoi qu'il en soit, je faisais de mon mieux, en m'accrochant aux meilleurs personnes", a confié le Président de la Biélorussie.
La conférence de presse que le Président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a donnée à l'intention des journalistes russes a duré plus de quatre heures. Les représentants des médias se sont essentiellement intéressés à la politique intérieure de la Biélorussie et à l'avenir de l'Union Russie-Biélorussie, ainsi qu'à la vie privée du chef de l'Etat biélorusse.
