"Cette grave maladie a des racines non seulement économiques et sociales, mais aussi spirituelles", a déclaré le patriarche.
"Aujourd'hui, l'Église ne peut plus se taire sur les vices qui emmènent la société vers la dégradation et l'autodestruction. Ici, les représentants des autres religions traditionnelles sont solidaires avec nous", a relevé Alexis II.
C'est l'absence de spiritualité et le pragmatisme qui provoquent la déception, la perte du goût de vivre, les dépressions, les névroses et la toxicomanie, estime le chef de l'Eglise orthodoxe russe.
Le directeur du Service fédéral de contrôle des stupéfiants, Victor Tcherkessov, est également persuadé qu'il est impossible de combattre la toxicomanie sans avoir créé des mécanismes de protection spirituelle de la nation, et surtout de la jeunesse, et propose de systématiser la coopération de l'ensemble des confessions.
Les mesures musclées ne suffiront pas à elles-seules à contenir la propagation de la toxicomanie, selon lui. Toutes les forces de la société doivent participer à la lutte contre ce mal, a-t-il souligné.
C'est l'Etat qui doit s'occuper en premier lieu du problème de la toxicomanie, les différentes confessions ne pouvant que l'aider à le résoudre, a souligné dans son intervention le Grand rabbin de Russie, Adolf Chaïevitch (Congrès des organisations et associations religieuses juives).
Il importe d'élaborer un programme national strict dans tous les domaines: sport, enseignement, médecine et d'autres, a conclu le rabbin.
Selon Victor Tcherkessov, le programme fédéral pour 2005-2009 prévoit de désintoxiquer un million de Russes d'ici 4 ou 5 ans.
Les trafiquants de drogues restructurent l'économie, en poussant l'Etat à chercher des moyens supplémentaires pour combattre, traiter et prévenir la toxicomanie, a indiqué M. Tcherkessov.
Les trafiquants de stupéfiants financent le terrorisme en poursuivant leurs buts sordides, en cherchant à s'introduire dans le domaine des affaires, a-t-il rappelé.
Le système actuel de trafic de drogues est un milieu qui a sa propre hiérarchie, des capitaux et une armée, a indiqué le responsable.
Le président du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe), Sergueï Mironov, a proposé de renforcer la responsabilité pénale, "allant jusqu'à la réclusion à perpétuité" pour les trafiquants de stupéfiants. Il a également proposé de créer un Fonds antidrogue national, fondé sur la coopération entre le pouvoir et les milieux d'affaires.
Quelque 200 millions de toxicomanes, dont 6 millions de Russes, sont officiellement recensés dans le monde, a indiqué Sergueï Mironov.
Le président de l'organisation non gouvernementale nationale Russie d'affaires, Boris Titov, a avancé une proposition la plus radicale. Il estime nécessaire l'imposition de tests obligatoires lors de l'embauche de spécialistes et de l'entrée aux écoles supérieures.
A l'heure actuelle, la Russie maîtrise déjà des technologies permettant d'établir, dans des courts délais, si une personne consomme ou non des stupéfiants, a souligné Boris Titov.
Russie d'affaires envisage d'organiser en 2006 une action de bienfaisance au cours de laquelle elle diffusera gratuitement des tests express pour dépister rapidement l'hépatite, le VIH/SIDA et la toxicomanie.
La première Conférence nationale "Sphère de responsabilité nationale: Eglise, pouvoir, monde des affaires, société contre la toxicomanie" se déroule les 24 et 25 novembre, sur l'initiative de l'Eglise orthodoxe russe, dans la cathédrale du Saint-Sauveur de Moscou, sous la présidence du Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Alexis II.
