L'Iran possédera les know-how d'un cycle nucléaire complet malgré la volonté de l'Occident (expert)

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MOSCOU, 10 janvier - RIA Novosti. L'Iran va entrer sous peu en possession des know-how d'un cycle nucléaire complet, a prédit mardi dans une interview à RIA Novosti Radjab Safarov, directeur général du Centre d'étude de l'Iran contemporain (Russie).

"La direction iranienne et toute la société de l'Iran dans son ensemble se trouvent à présent dans un état tel qu'aucune menace ni pression ni chantage ne pourront faire en sorte que l'Iran renonce à ses intentions d'entrer en possession des know-how nucléaires. Et même si l'Iran est directement menacé d'invasion de son territoire, je pense que Téhéran n'arrêtera pas, mais poursuivra, par contre, ses travaux dans cette direction pour devenir un pays à cycle nucléaire complet", est l'avis de Radjab Safarov.

Quoi qu'il en soit, l'expert russe n'exclut pas que les pays d'Occident puissent obtenir le renvoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies. "L'Iran est prêt à n'importe quelles démarches de la communauté internationale, y compris à des sanctions économiques ou même à un recours à une force militaire", a noté l'expert russe à cette occasion.

Cela dit, Radjab Safarov a tenu à rappeler que, dès le début même des négociations, Téhéran avait catégoriquement déclaré sa ferme intention d'entrer en possession des know-how d'un cycle nucléaire complet. Néanmoins, ni l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ni l'Union européenne (UE) ne voulaient absolument entendre cet avis de la partie iranienne. "Ces négociations rappelaient bien une conversation de deux personnes parlant des langues différentes et ne comprenant par conséquent pas de quoi il s'agissait au juste", a dit le directeur général du Centre d'étude de l'Iran contemporain.

Radjab Safarov a aussi évoqué certains aspects du problème lié à la mise en œuvre du programme nucléaire de l'Iran.

"On ne doit pas, non plus, oublier les dessous économiques de cette question. Si, en effet, l'Iran atteint un jour ce haut niveau technologique comme un pays possédant les technologies nucléaires complètes, cela sera une très puissante impulsion pour le développement de toute son industrie nationale", a relevé l'expert.

"Et dans la sphère politique, la possession des know-how nucléaires obligerait tout le monde à compter avec l'Iran, pays avec lequel les pays d'Occident devraient négocier sur divers problèmes régionaux et globaux et ce, sur un pied d'égalité. Qui plus est, cette ressource technologique qu'aurait l'Iran à la suite de la réalisation du programme de cycle nucléaire complet, c'est aussi une question de sécurité, celle de l'existence même de l'Iran, en tant qu'Etat souverain indépendant", a souligné Radjab Safarov.

Or, a rappelé l'expert, pour le moment, le processus d'enrichissement d'uranium n'a pas encore repris en Iran.

"Beaucoup confondent tout simplement l'actuelle déclaration de l'Iran sur le problème nucléaire avec le début des travaux d'enrichissement d'uranium. En réalité, pourtant, il ne s'agit à l'heure actuelle que de lever les scellés de certains centres nucléaires en Iran. Par ailleurs, cela avait été déclaré bien en avance, et une note officielle de Téhéran en avait été envoyée, comme il se doit, à l'Agence internationale de l'énergie atomique", a poursuivi l'expert russe.

Somme toute, du point de vue du droit international, l'Iran a toutes les raisons pour mener les activités de recherche dans le nucléaire civil, estime Radjab Safarov.

"Aucune loi ni norme du droit international n'interdisent la recherche dans le nucléaire. Qui plus est, l'Iran part du fait que la moitié de la planète possède d'ores et déjà des technologies nucléaires, alors que nul ne formule des griefs contre de tels pays. Aux Etats-Unis eux-mêmes, 118 centrales nucléaires fonctionnent, en France, il y en a une soixantaine et ce, sans parler déjà du Japon, de l'Allemagne et de la Russie. Le monde entier progresse dans cette même direction", a dit l'expert.

Et d'ajouter que le programme nucléaire de l'Iran s'est même transformé en une sorte d'idée nationale.

"Le retour en arrière est désormais tout bonnement impossible. En tout état de cause, quand cette idée est appuyée par pratiquement toute la population de l'Iran, la direction du pays ne peut tout simplement pas renoncer à sa réalisation. Tout homme politique qui interviendra contre elle se privera en fait de tout avenir", a expliqué l'expert.

Mardi, l'Iran a officiellement déclaré la reprise des activités de recherche dans le nucléaire.

La semaine dernière, Téhéran a informé l'AIEA de la reprise, dès le 9 janvier 2006, d'études pratiques en matière de know-how de mise au point du combustible nucléaire, tout en soulignant que "toute la recherche dans le nucléaire serait menée conformément au Traité de non-prolifération des armes nucléaires et sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique".

A signaler qu'il y a deux ans à peu près, l'Iran a suspendu de son plein gré tous les travaux d'enrichissement d'uranium à l'issue des négociations avec la "troïka européenne". Téhéran l'a fait pour instaurer une atmosphère de confiance aux négociations sur son programme nucléaire.

De leur côté, l'Union européenne et les Etats-Unis ont déclaré leur vive préoccupation à l'occasion de l'intention de l'Iran de renouveler ses travaux d'enrichissement d'uranium, en exhortant Téhéran à renoncer à cette démarche.

On lit notamment dans la déclaration des représentants de l'UE, document publié auparavant, que la reprise par l'Iran des travaux d'enrichissement d'uranium remet en cause la possibilité même du retour à ses négociations avec la "troïka européenne" (France, Grande-Bretagne et Allemagne), prévues pour mi-janvier.

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