MOSCOU, 26 janvier - Alexandre Pikaïev, chef de secteur à l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie des Sciences de Russie, RIA Novosti.
Le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a avancé le 25 janvier une initiative très prometteuse qui permettrait de surmonter l'une des contradictions du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Il s'agit de l'article 4 du TNP, selon lequel les Etats non-détenteurs de l'arme nucléaire ont le droit de développer le nucléaire civil, quand les autres articles de ce même document interdisent formellement à ces mêmes Etats d'entrer en possession d'armes nucléaires. Il n'y a pas de frontière nette entre les technologies nucléaires civiles et militaires. Qui plus est, il y a déjà eu des précédents, en République Démocratique et Populaire de Corée (RDPC), par exemple, qui a mis au point, tout à fait légalement, dans le cadre du Traité de non-prolifération, des know-how pour le nucléaire civil et s'est retirée par la suite du TNP, après avoir acquis la maîtrise de toutes les technologies nucléaires.
L'initiative du Président Poutine prive les pays non-détenteurs de l'arme nucléaire d'une telle possibilité. Autrement dit, ces Etats pourront toujours développer leur nucléaire civil, mais les know-how les plus dangereux, pouvant notamment être utilisés à des fins militaires, et en premier lieu ceux d'enrichissement d'uranium, ne seront mis au point que sur des sites internationaux et sous contrôle international. Dans le même temps, les Etats non-nucléaires n'enrichiront pas eux-mêmes l'uranium et ne pourront pas tirer du plutonium du combustible nucléaire brûlé. Par conséquent, la mise en application de cette initiative du Président russe permettra de développer largement le nucléaire civil, tout en respectant strictement le régime de la non-prolifération.
