Chine et Inde assurent à la Russie la première place dans le commerce mondial des armes

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L'Institut de Stockholm de recherche sur la paix (SIPRI), cité par le quotidien russe Nezavissimaïa Gazeta, affirme notamment qu'elle en a exporté pour 26,9 milliards de dollars...

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De 2001 à 2004, la Russie s'est hissée au premier rang parmi les plus gros exportateurs mondiaux d'armes. L'Institut de Stockholm de recherche sur la paix (SIPRI), cité par le quotidien russe Nezavissimaïa Gazeta, affirme notamment qu'elle en a exporté pour 26,9 milliards de dollars, suivie par les Etats-Unis (25,9 milliards de dollars), la France (6,3), l'Allemagne (4,8) et la Grande-Bretagne (4,4). Ces cinq pays assurent à eux seuls 81% du commerce mondial des armes.

A en croire les Suédois, la Russie a brusquement augmenté ses ventes d'armes, prenant de vitesse les Américains, leaders incontestés du quinquennat précédent. Selon le SIPRI, les Américains avaient alors vendu des armes pour 53,4 milliards de dollars (16,4 milliards pour la Russie).

Méthode de comptabilisation contestée

Quant aux experts, ils expliquent les conclusions sensationnelles du SIPRI par l'imperfection de sa méthode de comptabilisation. Konstantin Makienko, directeur adjoint du Centre russe d'analyse de stratégies et de technologies (Centre AST), invite à se méfier des conclusions des Scandinaves pourtant flatteuses pour les industries de défense russes. "Le SIPRI a une méthode très spéciale de comptabilisation qui n'a jamais été corrigée depuis la "guerre froide", déclare-t-il. Les Suédois, précise-t-il, comptabilisent non pas l'argent réel mais le coût des armes et des matériels de guerre livrés d'après les prix mondiaux. "Quant aux armes russes, elles ne sont pas très chères et en plus elles sont vendues dans des quantités appréciables", dit-il. Voilà qui explique, selon lui, cette percée surprise du complexe militaro-industriel russe sur les marchés internationaux. En réalité, la Russie vient en troisième et même en quatrième position parmi les plus grands vendeurs d'armes, derrière les Etats-Unis, la France et, peut-être, la Grande-Bretagne, estime l'expert.

A plusieurs reprises déjà, le SIPRI avait présenté la Russie comme le premier exportateur d'armes dans le monde. Selon l'Institut de Stockholm, elle a décroché ce titre en 2001 pour le confirmer en 2002. Ces évaluations se fondent sur la quantité de "plateformes de combat" (avions, chars, canons et autres systèmes) vendues et ne reflètent pas les résultats financiers réels des exportateurs d'armes russes.

Et pourtant, après correction de la "méthode", les exportations d'armes russes sont en progression. Selon des statistiques, entre 2000 et 2004, Moscou a vendu des armes à l'étranger pour plus de 23 milliards de dollars. L'année dernière, ses exportations se sont élevées à 6,126 milliards (les prévisions portaient sur 5,1 milliards de dollars). Un nouvel accroissement des exportations est attendu, rappelle la Nezavissimaïa Gazeta. Selon la centrale russe d'exportation d'armes, Rosoboronexport, si son carnet des commandes "pesait" ces dernières années entre 15 et 16 milliards de dollars, maintenant, il atteint, en valeur, 23 milliards, ce qui est comparable aux ventes de l'époque soviétique.

Exportations d'armements russes, par an, en milliards de dollars

2000 2001 2002 2003 2004 2005

3,68 3,7 4,81 5,4 5,78 6,126

Source : Moscow Defence Brief, N° 1 (5), données Centre AST

En refaisant surface

Les experts attirent également l'attention sur le fait que l'année 2005 a connu une notable modification dans la structure même des exportations d'armes russes : le matériel naval est arrivé en première position (45%), reléguant l'aviation, leader traditionnel, à la deuxième place (38,3%). Le reste des ventes concernait les moyens de DCA et les armements de l'armée de terre. L'augmentation de la part du matériel naval dans le total des exportations d'armes russes s'explique par des contrats prévoyant la vente à la Chine de 8 sous-marins à propulsion diesel électrique de classe Kilo du projet 636 et de deux destroyers du projet 956EM (le Sovremenny modernisé), note le Moscow Defence Brief. En 2005, la Russie a livré à la Chine six sous-marins et un destroyer pour 2,2 milliards de dollars, l'Empire du Milieu devant recevoir le reste en 2006. L'édition rappelle aussi la vente à l'Inde du troisième sous-marin modernisé du projet 877 EKM (de classe Kilo selon l'OTAN), équipé d'une batterie de missiles antinavire Club-S.

Pour ce qui est de la structure régionale des exportations, celles-ci étaient essentiellement destinées à la Chine. L'Inde est traditionnellement le deuxième client de la Russie, suivie du Yémen et du Vietnam qui se partagent la troisième place.

Selon des prévisions, des équipements aériens (moteurs d'avion compris) et des matériels de DCA occuperont une place notable dans les exportations russes d'armements en 2006. Pour ce qui est de la géographie des ventes, la Chine et l'Inde resteront les partenaires clefs de la Russie dans le domaine de la "coopération technico-militaire". L'Iran et la Malaisie pourraient se rapprocher d'elles. Il n'est pas exclu que cette coopération se développe avec le Sud-Est asiatique (Thaïlande, Vietnam, Indonésie). Enfin, après la visite du président Poutine en Algérie, en mars 2006, on pourrait s'attendre à ce que ce pays occupe sa niche parmi les plus gros acheteurs d'armes russes.

(Dossier préparé par la rédaction du site Internet www.rian.ru sur la base de dépêches RIA Novosti et à partir d'autres sources)

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