Poussée des marques étrangères sur le marché russe de l'automobile

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Par Alexandre Iourov, RIA Novosti

Les concessionnaires russes des principaux constructeurs automobiles mondiaux viennent d'annoncer leurs derniers résultats. Au premier semestre de 2006, ils ont vendu en Russie presque 400.000 voitures, contre 575.000 au cours de toute l'année 2005. Autrement dit, si les ventes de marques étrangères se poursuivent au même rythme jusqu'à la fin de l'année, l'année 2006 battra tous les records, même si ces acquis font pâle mine comparés aux ventes du premier producteur russe de véhicules légers, AvtoVAZ.

En 2005, le groupe russe a écoulé plus de 700.000 voitures, et la croissance de ses ventes se poursuit en 2006. Au premier semestre, le taux de croissance s'est élevé à 3%. Néanmoins, les résultats des marques étrangères ne passent pas inaperçus. En comparaison avec le premier semestre de 2005, certains producteurs étrangers ont augmenté leurs ventes de plus de 200% au cours des six premiers mois de l'année en cours, tels Chevrolet (219%), Renault (190%) ou encore KIA (188%). Les autres constructeurs étrangers ont affiché des résultats nettement moins spectaculaires, mais ils n'ont pas eu de peine à commercialiser leurs produits en Russie.

La hausse des ventes était observée dans pratiquement tous les segments du marché russe de l'automobile au premier semestre de 2006. Il a été acheté deux fois plus de Mercedes et une fois et demie plus de BMW par rapport à la même période de 2005, alors que Citroën, Ford, Skoda et Mazda ont presque doublé leurs ventes. D'autres constructeurs étrangers leur emboîtent le pas: les ventes de Toyota et de Mitsubishi ont gagné presque 40%, celles de Nissan 50% et celles de Peugeot 45%. Chez Hyundai et Daewoo, la croissance des ventes a été moins rapide: seulement 10%.

Il est évident que la part des marques étrangères sur le marché russe croît lentement mais sûrement. Pour la première fois, notent les analystes russes, des marques étrangères commencent à évincer les voitures russes dans le segment bas de gamme. En effet, les leaders de cette année, Chevrolet et Renault, ont su augmenter nettement leurs ventes en lançant des modèles bon marché, Lanos et Logan, dont le prix est proche de celui des Lada russes.

Toujours est-il qu'il ne sera pas facile de battre les Russes dans le segment des voitures coûtant environ 10.000 dollars. D'ici 2010, la Russie se projette de lancer 12 nouveaux modèles, tous équipées de nouveaux moteurs de fabrication locale.

AvtoVAZ a récemment annoncé la construction d'une nouvelle usine qui sortira plus de 600.000 moteurs par an, le montant approximatif des investissements s'élevant à environ 500 millions de dollars. Il est à noter que les Russes ont abandonné l'idée initiale d'acheter des unités de production clé en main à l'étranger. Parmi les partenaires potentiels on citait les compagnies DaimlerChrysler, Fiat et Renault. Mais AvtoVAZ a décidé de concevoir son propre moteur en collaboration, il est vrai, avec des spécialistes étrangers.

Chez AvtoVAZ, on évoque prudemment le nom de Porsche, compagnie qui a déjà une fois aidé les Russes à développer un nouveau modèle à la fin des années 1970 et au début des années 1980.

Quoi qu'il en soit, la conception locale de voitures modernes et de bonne qualité semble une décision réfléchie. L'initiative d'AvtoVAZ de construire une usine de moteurs a été annoncée presqu'en même temps que son refus d'une alliance avantageuse avec Renault: le groupe français proposait, en échange d'une participation de 25%, de fabriquer à Togliatti sa marque Renault Logan à raison d'au moins 450.000 unités tous les ans. Si les négociations Renault-AvtoVAZ ont débuté il y a longtemps, l'administration actuelle de l'entreprise russe a fini par miser sur ses propres modèles. Le groupe russe estime que vendre une participation aussi forte à une compagnie étrangère reviendrait à perdre le contrôle du marché russe de l'automobile, car le géant russe fournit plus de la moitié de toutes les voitures vendues dans le pays. Tout porte à croire, cependant, que la coopération technique avec Renault se poursuivra. AvtoVAZ aura certainement besoin de l'expérience française pour remotoriser la famille Lada.

Si en 2006 les experts évaluent le volume potentiel des ventes à 2,5 millions d'unités, les nouvelles marques étrangères ne satisfont la demande russe qu'à 50%, le reste étant constitué par les voitures d'occasion. Tant que ce dernier segment existera, le marché russe ne connaîtra pas de réelle concurrence.

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