DE GAULLE ET LES RAPPORTS RUSSO-FRANCAIS

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Et maintenant, nos éphémérides. Il y a 36 ans, le 9 novembre 1970, décédait le général de Gaulle.
Et maintenant, nos éphémérides. Il y a 36 ans, le 9 novembre 1970, décédait le général de Gaulle. Notre observateur Valentin Dvinine vous livre ses réflexions sur le rôle de ce grand Français dans l’histoire des rapports entre Paris et Moscou.
La tradition de sa famille aristocratique prédestinait Charles André Joseph Marie de Gaulle à une carrière militaire. Mais, recevant au sortir de Saint-Cyr son premier grade d’officier et faisant la promesse de « ne jamais faire de politique », il ne pouvait certainement pas imaginer lui-même que son rôle principal au service de la France serait celui d’homme politique et d’Etat.
La Deuxième guerre mondiale, plus précisément 1940, marqua un tournant dans le sort de Charles de Gaulle. Défaite par l’Allemagne nazie, la France se trouvait dans sa grande partie sous la botte de l’occupant, le régime de Vichy, devenu, en fait, complice des nazis, ayant été instauré sur le reste du territoire national.
Le général de Gaulle, qui a fondé le mouvement patriotique « France libre » et en a pris la tête, était parmi les Français qui ne se sont pas soumis au régime traître. Londres, d’où il s’adressait à la radio à ses compatriotes depuis juin 1940, a appuyé ce mouvement, mais pas de façon désintéressée. De Gaulle devait écrire plus tard dans ses « Mémoires » : « Le gouvernement anglais soutenait ce mouvement en comptant en tirer certains avantages politiques et, dans une certaine mesure, des avantages territoriaux au détriment de la France ». Washington a longtemps essayé d’ignorer de Gaulle.
Les rapports entre « France libre » et Moscou se sont établis d’une tout autre manière. Les contacts avec l’URSS ont été initiés par Charles de Gaulle peu après l’agression de l’Allemagne nazie contre l’Union Soviétique. Dans un télégramme, adressé à la direction soviétique en septembre 1941, il écrivait : « En jetant toute sa puissance contre l’agresseur, l’URSS a donné à tous les peuples aujourd’hui opprimés la certitude de leur libération ».
Répondant au message de de Gaulle, poursuit notre observateur, l’URSS l’a reconnu « comme le dirigeant de tous les Français libres où qu’ils soient », s’est déclarée disposée à « accorder dans tous les domaines aide et assistance aux Français libres » et a exprimé « sa ferme résolution d’assurer le rétablissement complet de l’indépendance et de la grandeur de la France ». Pour sa part, de Gaulle s’est engagé, au nom de la « France libre », de « combattre aux côtés de l’URSS et de ses alliés jusqu’à la victoire finale sur l’ennemi commun et à prêter à l’URSS aide et assistance dans cette lutte par tous les moyens dont il disposait ».
Il est clair que les possibilités de la « France libre », poursuit Valentin Dvinine, était alors fort limitées. Néanmoins, de Gaulle a réussi à envoyer en novembre 1942 en URSS un groupe de pilotes qui devait constituer le noyau du célèbre régiment « Normandie-Niemen ». Ce fut la seule unité de combat de pays occidentaux, qui ait lutté côte à côte avec les forces soviétiques, et ce fait avait une grande portée politique, renforçant les positions de la France comme puissance de la coalition anti-hitlérienne.
La politique de coopération avec Moscou, poursuit Valentin Dvinine, a été la grande décision stratégique du général de Gaulle. Il l’a prise en analysant les causes des adversités que son pays a dû traverser à la suite de sa défaite par l’Allemagne nazie en 1940. La principale cause était, selon de Gaulle, « que la France n’était pas avec la Russie, n’avait pas de traité efficace avec elle ».
Pour combler cette lacune historique, de Gaulle arriva à Moscou encore avant la fin de la Deuxième guerre mondiale, en décembre 1944, pour conclure un nom du gouvernement provisoire de la République Française le traité franco-soviétique d’alliance et d’assistance mutuelle. Argumentant cette démarche, il disait : « Pour la France et la Russie être unies, c’est être fortes ; se trouver séparées, c’est se trouver en danger. En vérité, il y a là comme un impératif catégorique de la géographie, de l’expérience et du bon sens ».
Malheureusement, ce traité devait être annulé en 1955 en raison de la guerre froide. Isolé dans sa propriété de Colombey-les-Deux-Eglises, de Gaulle ne participait plus à la gestion des affaires publiques. Mais lorsque la France, confrontée en 1958 à une crise politique grave l’appela de nouveau au pouvoir, de Gaulle reprit courageusement sa politique de renforcement des rapports avec Moscou.
Au printemps de 1960 il invita le leader soviétique Nikita Khroutchev à accomplir une visite officielle en France. Et en 1966, en sa qualité de président de France, il s’est rendu en visite officielle en URSS. La coopération avec la Russie soviétique contribua grandement à renforcer les positions internationales de la France, ce qui était surtout important depuis que de Gaulle décida, au début de 1966, de faire sortir la France des structures militaires de l’OTAN pour qu’en cas d’un conflit quelconque les forces françaises ne se retrouvent pas sous le commandement des Américains.
Grâce à leurs bons rapports, Paris et Moscou sont devenues pionniers de la détente internationale qui devait conduire finalement à la fin de la guerre froide et aux changements radicaux sur le continent européen. Il ne serait pas exagéré de dire que les efforts du général de Gaulle, orientés vers le développement de la coopération franco-russe, ont ouvert la voie des rapports actuels entre la France et la Russie, qui sont ceux de partenariat stratégique, répondant au intérêts nationaux de nos deux pays et à ceux du renforcement de la paix et de la sécurité dans le monde.
C’était le commentaire de notre observateur Valentin Dvinine, consacré au 36e anniversaire de la mort du général Charles de Gaulle.
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