La Russie peut aider à désamorcer la crise au Proche-Orient (experts russes)

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MOSCOU, 15 décembre - RIA Novosti. Les dirigeants du Liban et de la Syrie viennent à Moscou à la recherche des voies à emprunter pour empêcher une nouvelle guerre au Proche-Orient, estiment les experts russes.

La veille, le premier ministre du Liban, Fouad Siniora, est arrivé à Moscou. Comme l'a auparavant déclaré à RIA Novosti l'ambassadeur libanais en Fédération de Russie, Assem Jaber, le premier ministre du Liban a pour objectif "de fournir à la partie russe des informations authentiques sur la situation au Liban".

Les 18-20 décembre prochains, le président de la Syrie, Bachar al-Assad est attendu en visite de travail à Moscou.

"La crise qui risque de dégénérer à tout moment en guerre civile sur le territoire libanais et en grave conflit armé entre la Syrie et Israël oblige tout simplement ces deux dirigeants à venir à Moscou", est l'avis d'Evgueni Satanovski, directeur de l'Institut d'étude du Proche-Orient.

Selon Evgueni Satanovski, les déclarations du président syrien de l'été dernier, pendant la guerre au Liban et après, sur son intention d'arracher de force les hauteurs du Golan peuvent servir de prétexte à l'Etat hébreu pour déclencher des hostilités contre la Syrie.

Les hauteurs du Golan sont contrôlées par Israël depuis 1967, et dès le début des années 1980, elles ont été rattachées à l'Etat hébreu par décision de la Knesset.

Le directeur de l'Institut d'étude du Proche-Orient est persuadé qu'une nouvelle guerre peut permettre à Israël de redorer le blason de son armée terni par les revers essuyés au Liban, où l'armée israélienne était confrontée aux commandos bien équipés et bien entraînés des milices du Hezbollah.

"Avec sa riche expérience des victoires remportées sur les armées arabes, Israël n'aura sans doute pas de difficultés pour battre à plate couture les troupes régulières de l'armée syrienne", suppose Evgueni Satanovski. Qui plus est, une petite guerre victorieuse, menée par une tierce partie, serait aussi dans l'intérêt du "grand frère" d'Israël - les Etats-Unis, qui commencent à ressentir le "syndrome du Vietnam" à l'occasion de leurs échecs en Irak. Une telle guerre permettrait à l'administration des Etats-Unis de se mettre en avant avec une "victoire quelconque"", estime l'expert.

Dans le même temps, le Liban se trouve aujourd'hui au seuil d'une guerre civile qui n'épargnerait pas, non plus, la Syrie. A l'heure actuelle, a poursuivi Evgueni Satanovski, force est de reconnaître que la coalition anti-syrienne, représentée par la majorité au parlement et au gouvernement du Liban, n'a pas résisté à l'opposition, représentée essentiellement par les alliés de la Syrie, et plus précisément par les mouvements chiites Hezbollah et Amal, ainsi que par les sympathisants du général Michel Aoun, leader des chrétiens du Liban.

"Dans ce contexte, la visite de Fouad Siniora à Moscou peut être expliquée par le fait que la Russie a établi des contacts de travail avec la Syrie -le voisin le plus proche et à problèmes du Liban, et celle de Bachar al-Assad - parce que nous entretenons des relations avec Israël, les Etats-Unis et la Syrie, ce qui est déjà parfaitement unique en son genre", a expliqué l'expert.

"La Russie peut y intervenir en intermédiaire loyal qui sortira la situation de l'impasse et ce, sans déclencher d'hostilités", est la conviction d'Evgueni Satanovski.

Le directeur de l'Institut d'analyse et d'évaluations stratégiques, Alexandre Konovalov, est du même avis. Grâce à son poids, la Russie peut contribuer à la recherche de solutions dans le but de stabiliser la situation dans cette partie du monde, estime-t-il.

"La Russie peut jouer un rôle plus actif dans ce processus. Je dirai même que tant la Syrie que le Liban tiennent, à mon avis, à ce que la Russie intensifie ses efforts dans ce sens", a dit l'analyste.

Comme l'a souligné Alexandre Konovalov, la situation au Proche-Orient reste très compliquée et a même une nette tendance à l'aggravation. Toujours est-il, a noté l'expert, que la visite à Moscou des leaders de deux pays de la région permettra d'avoir des informations "de première main", de confronter les positions et de discuter des perspectives de sortie de la crise actuelle.

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