La défection du général Asgari, coup dur pour Téhéran

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MOSCOU, 12 mars - RIA Novosti. Il ne reste pratiquement plus de doute que le général iranien à la retraite Ali Reza Asgari, disparu depuis le 7 février dernier, se trouve à présent en Occident, rapporte lundi Lenta.ru.

Selon plusieurs fuites dans la presse, le général Asgari serait transféré dans un pays en Europe et serait déjà en train de s'entretenir avec des agents des services de renseignement locaux et américains.

Somme toute, les experts sont unanimes à estimer que l'information dont le général dispose est à la fois extrêmement sensible pour les Iraniens et d'un intérêt immense pour les services de renseignement occidentaux. Cela s'explique notamment par le fait que, d'après certaines informations, le "transfuge" aurait par le passé travaillé tant au Corps des Gardiens de la révolution islamique qu'au Renseignement iranien et au sein même des forces armées de la République islamique d'Iran. Les auteurs de certaines publications dans la presse laissent aussi clairement entendre qu'Ali Reza Asgari aurait été lié au programme nucléaire national (bien que, pour des raisons parfaitement compréhensibles, les Iraniens le nient formellement).

En Israël, le général Asgari est qualifié de père-fondateur du Hezbollah, ce qui peut signifier qu'il connaît non seulement toute la structure intérieure de ce mouvement extrémiste, mais aussi et surtout ses canaux de liaison avec les Iraniens et les Syriens, ainsi que ces personnes et ces leviers que Téhéran fait jouer pour exercer son influence sur la situation au Liban.

Qui plus est, le général pourrait sans doute raconter beaucoup de nouveau sur des attentats terroristes bien concrets, perpétrés par le Hezbollah et ses sympathisants. Il pourrait aussi citer des noms et donner le signalement des organisateurs et des auteurs de ces attentats.

A part cela, Ali Reza Asgari possède de toute évidence une information extrêmement précieuse sur le réseau d'espionnage iranien au Proche-Orient.

Quoi qu'il en soit, l'agence officielle iranienne IRNA s'est limitée à supposer que le général aurait été enlevé par des services spéciaux étrangers. De leur côté, les officiels américains préfèrent laisser sans commentaires les informations sur les mésaventures du général iranien, et c'est seulement "à condition du complet anonymat" qu'une source "haut placée" du journal Washington Post au sein même de l'administration Bush a fait savoir qu'Ali Reza Asgari se trouvait effectivement à présent en Europe de l'Ouest où il allait très volontiers au contact avec les services de renseignement.

Tout porte à croire, cependant, que les Américains ont décidé de ne pas monter en épingle cette réussite extraordinaire de leur Renseignement tant que le général iranien ne leur livrera pas absolument tout ce qu'il connaît. D'autre part, les Iraniens ne veulent pas, non plus, gonfler l'importance de cet incident et ce, d'autant plus qu'ils ont à présent d'autres chats à fouetter: selon la chaîne de télévision ABC, des dizaines d'agents du Renseignement iranien à travers le monde sont à présent rappelés d'urgence à Téhéran, car à cause de la défection (ou de l'enlèvement) d'Ali Reza Asgari, ils risquent d'être démasqués à tout moment.

Dans ces conditions, les Iraniens, dont les projets politiques extérieurs sont désormais connus (ou le seront sous peu) des Américains, devront changer en vitesse de stratégie lors des négociations sur leur programme nucléaire. Si auparavant, par exemple, Téhéran se sentait assez à l'aise, en jouant sur les contradictions entre l'Occident, d'une part, et la Russie et la Chine, de l'autre, maintenant cela ne se passera sans doute plus.

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