Londres ne gagnera rien à user des menaces contre Moscou (analyste politique russe)

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La Grande-Bretagne ne gagnera rien à tenir le langage des menaces et des ultimatums dans son dialogue avec la Russie, a déclaré jeudi à RIA Novosti le directeur de l'Institut d'analyse et d'évaluations stratégiques, Alexandre Konovalov, commentant les publications parues dans la presse britannique au sujet de l'expulsion possible de diplomates russes du Royaume-Uni.
MOSCOU, 12 juillet - RIA Novosti. La Grande-Bretagne ne gagnera rien à tenir le langage des menaces et des ultimatums dans son dialogue avec la Russie, a déclaré jeudi à RIA Novosti le directeur de l'Institut d'analyse et d'évaluations stratégiques, Alexandre Konovalov, commentant les publications parues dans la presse britannique au sujet de l'expulsion possible de diplomates russes du Royaume-Uni.

Jeudi, le quotidien "The Daily Telegraph" avait diffusé une information sur l'expulsion possible de diplomates russes de Grande-Bretagne en réponse au refus de Moscou d'extrader l'entrepreneur russe Andreï Lougovoï accusé par les Britanniques de participation à l'assassinat d'Alexandre Litvinenko.

"S'agissant de l'expulsion de diplomates russes, on peut dire que c'est le seul instrument dont les Anglais disposent pour influer sur la Russie et l'amener à modifier sa position. Mais c'est un instrument extrêmement inefficace", estime M. Konovalov.

Selon lui, l'histoire des relations soviéto-britanniques et russo-britanniques connaît des cas d'expulsion réciproque de diplomates sous l'accusation d'espionnage. "Mais cette pratique n'a jamais apporté de résultats positifs. Au contraire, elle n'a fait que compliquer le travail des missions diplomatiques. Au bout de quelque temps, tout recommençait", a constaté l'analyste politique.

Evoquant la demande d'extrader Andreï Lougovoï vers la Grande-Bretagne, M. Konovalov a fait remarquer: "D'une part, notre position est protégée par la Constitution de la Fédération de Russie qui interdit l'extradition de citoyens russes vers les autres pays où ils seront poursuivis en justice. Mais d'autre part, on pourra nous objecter les cas où nous avons extradé nos citoyens à la demande des autorités étrangères, notamment turkmènes.

L'expert a également supposé que même si la Grande-Bretagne cessait de coopérer avec la Russie dans tel ou tel domaine, cela n'aurait aucune incidence sur la vie des Russes ordinaires.

"Autre chose les personnes aisées qui possèdent des biens immobiliers ou des comptes bancaires en Grande-Bretagne. Plus de 300.000 Russes y vivent actuellement. Pour ces gens, l'aggravation des relations entre nos pays pourrait créer des difficultés sérieuses dans leur vie", estime M. Konovalov.

"Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de détruire quelque chose dans nos relations bilatérales. L'expérience démontre que détruire est plus facile que construire", a conclu l'expert russe.

Dans son article paru jeudi, "The Daily Telegraph" a cité un "ancien diplomate connaissant la Russie" selon lequel il était "hautement probable" que Londres expulse "un certain nombre" de diplomates russes de rangs moyen et inférieur. Selon la source, cette démarche possible de la partie britannique tenait au choix fort limité des moyens d'action sur Moscou.

Mercredi dernier, le "Times" de Londres avait publié un article disant que le Foreign Office se proposait de présenter la semaine prochaine au parlement un rapport sur le refus d'extradition opposé par la Russie. Selon le journal, une liste des mesures à prendre contre la Russie devait être jointe au rapport.

Selon le journal, le dossier citerait également les domaines où la coopération bilatérale pourrait être suspendue. Ce seraient notamment l'éducation, le commerce, la sphère sociale, ainsi que la coopération dans la lutte contre le terrorisme.

Mardi, le Crown Prosecution Service avait confirmé avoir reçu le refus officiel de la Russie concernant la demande d'extradition d'Andreï Lougovoï envoyée le 25 mai dernier. Pour motiver son refus, le Parquet général russe s'était référé à la Constitution interdisant l'extradition de citoyens russes, et avait proposé de juger M. Lougovoï dans son pays d'origine, à condition que les pièces à conviction nécessaires lui soient adressées.

Jugeant inacceptable ce refus de la Russie, Londres avait annoncé son intention d'envisager toutes les variantes possibles pour y répondre. Andreï Lougovoï, quant à lui, avait formellement rejeté les accusations britanniques en soulignant qu'elles étaient politiquement motivées.

Réfugié en Grande-Bretagne depuis 2000, l'ancien officier du Service fédéral de sécurité (FSB) Alexandre Litvinenko est décédé en novembre 2006. Selon la Health Protection Agency britannique, des traces de polonium-210, substance hautement radioactive, auraient été découvertes dans son corps, mais les autorités du Royaume-Uni n'ont toujours pas publié les résultats de l'autopsie.

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