Soleil levant dans la plaine kazakhe

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Le Kazakhstan fête son essor socio-économique par de nouvelles réformes.
Le Kazakhstan fête son essor socio-économique par de nouvelles réformes.

Par Dmitri Kossyrev, RIA Novosti

La célébration du dixième anniversaire de la politique de rénovation et de réformes a coïncidé au Kazakhstan avec une nouvelle percée enregistrée dans ce processus. Par conséquent, la fête s'est avérée plus pragmatique que solennelle.

Cette percée est attribuée au nouveau premier ministre kazakh Karim Massimov. On a souvent dit que la stratégie des réformes, qui a permis au Kazakhstan d'assurer une croissance inouïe et le renforcement du statut du pays dans l'arène mondiale était à mettre à l'actif du président Noursoultan Nazarbaïev. Mais même lui n'aurait rien pu faire s'il n'avait pas formé une puissante équipe de réformateurs. Après avoir visité toutes les régions du pays, tous les ministères et départements, Karim Massimov, membre de cette équipe, a commencé à prendre des mesures impopulaires, mais urgentes.

Un fonctionnaire prudent n'aurait pas osé augmenter les tarifs de l'électricité (ce qui a entraîné la hausse considérable de tous les prix), introduire des routes à péage ou accélérer la réforme des services communaux dans le contexte d'une crise du crédit immobilier et de la construction de logements. Karim Massimov s'est même payé le luxe de cumuler tout cela avec une autre sortie des plus sensibles: il a reproché à un investisseur étranger dans le secteur pétrogazier - le consortium AGIP KCO dirigé par ENI - de ne pas respecter ses engagements.

En observant avec du recul ce qui se produit au Kazakhstan, on voit que le nouveau premier ministre prend des décisions qu'il est impossible de continuer à ajourner. Beaucoup de choses exigeaient des actions énergiques: les rapports entre le parlement et le gouvernement (on ne peut plus ignorer les législateurs, comme par le passé), l'usure du capital fixe dans le secteur énergétique (jusqu'à 80%!) et le déficit d'énergie qui en découle. Et tout cela est observé dans un pays "énergétique". D'ailleurs, le Kazakhstan a tout pardonné aux investisseurs étrangers, en suivant probablement l'exemple de la Russie des années 90.

Une question se pose: pourquoi la nouvelle percée des réformes s'effectue justement en ce moment? Faut-il l'attribuer à l'apparition d'un nouveau chef du gouvernement impatient d'en découdre?

En examinant la logique et le style des transformations au Kazakhstan, on constate que les actions énergiques et la capacité à prendre, tôt ou tard, des décisions impopulaires étaient déjà connues. Ce n'est pas Karim Massimov qui a inventé ce style, mais, probablement, Noursoultan Nazarbaïev. Rappelons qu'il y a 10 ans personne n'aurait qualifié le Kazakhstan de pays prospère, comme on le fait aujourd'hui. C'est pourquoi personne, en dehors du pays, n'a accordé d'attention particulière au document apparu à cette époque-là et intitulé Stratégie "Kazakhstan-2030: prospérité, sécurité et amélioration du bien-être de tous les Kazakhs". Son dixième anniversaire sera marqué à la fin de cette semaine.

A première vue, ce programme ressemble à un document du gouvernement malaisien intitulé Vision 2020 qui détermine les repères du développement à long terme de ce pays incroyablement prospère moins en matière d'économie que pour l'ensemble de la société. Mais l'un des gages du succès de la Malaisie est sa capacité à n'imiter personne aveuglément. Le Kazakhstan a également trouvé sa propre voie.

En bref, il s'agit du règlement simultané de plusieurs problèmes. Franchir l'étape initiale de développement de la société civile. Assurer la sécurité des frontières nationales. Passer à une croissance économique reposant à la fois sur une économie de marché ouverte et sur un niveau élevé d'investissements étrangers et d'épargne intérieure. Investir dans l'homme, c'est-à-dire dans l'enseignement et la santé publique, ainsi que dans la formation des Kazakhs à l'étranger, dans les secteurs où le Kazakhstan manque de possibilités pour le faire. Créer un secteur énergétique développé pour que les recettes provenant de l'exportation de matières premières soient utilisées afin d'assurer une progression technologique permanente. Edifier un mécanisme étatique et un appareil d'Etat professionnels et modernes. Ce programme comporte de nombreux autres points et détails.

Le succès est évident, surtout pour les pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants): aucun d'entre eux n'a remporté un succès comparable à celui du Kazakhstan. On peut citer, entre autres, le PIB par tête d'habitant qui y a atteint 5.000 dollars par an (l'année dernière, il s'est accru de plus de 10%), le record des investissements étrangers par tête d'habitant (l'année dernière, en chiffres absolus, 10,4 milliards de dollars). En outre, un afflux d'ouvriers immigrés y est observé, de même qu'en Russie: 41.446 personnes au premier semestre de 2007.

Astana détermine l'étape suivante de développement (probablement, pour la décennie à venir) à peu près comme suit: faire partie des 50 pays les plus compétitifs du monde. Créer une économie "intelligente", obtenir le statut de centre mondial d'innovations, etc.

Certes, le Kazakhstan est contraint de sacrifier aujourd'hui certains acquis, par exemple, en matière de politique sociale. La hausse des prix du pain est une mesure sérieuse. Mais rappelons la voie du succès empruntée par ce pays: dans les années 90, le Kazakhstan a fait ce que les Etats voisins (y compris la Russie) n'ont pas osé faire. Par exemple, il a introduit un système de retraites par capitalisation. Ensuite, vivant sur les succès remportés, de nombreux dirigeants du pays ont décidé de reporter le règlement de nombreux problèmes à l'époque où les finances et la solidité sociale permettraient d'aller plus loin.

Et, justement, ils vont plus loin.

La question n'est plus de savoir ce qu'il faut faire, mais s'il faut vraiment tenter de régler simultanément tous les problèmes. Pourquoi ne pas faire preuve de patience à l'égard des investisseurs étrangers, en durcissant graduellement les conditions des contrats, en particulier pour ceux qui n'ont pas respecté même les conditions les plus souples? Pourquoi ne pas continuer à subventionner les prix de la farine ou ajourner ne serait-ce que l'introduction de routes à péage?

Espérons que la nouvelle percée effectuée par le Kazakhstan sur la voie d'une société développée et compétitive lui permettra de remporter de nouveaux succès.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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