"Nous devrons faire face à la concurrence des principales chaînes de télévision russes qui tirent leurs revenus de 150 millions de contribuables. Pour nous, c'est irréaliste. Mais il convient de reconnaître la grande qualité de ces chaînes", a déclaré mardi Andrus Ansip à la radio estonienne Raadio4.
Il a mentionné le problème de la provenance des informations. Selon lui, les chaînes de radio qui émettent en russe en Estonie sont assez bien informées, "mais il n'en est pas de même pour la télévision".
"Bien entendu nous essaierons de créer une deuxième chaîne de télévision, bien que je ne sois pas très optimiste sur ce point", a indiqué Andrus Ansip.
La nécessité d'ouvrir une chaîne de télévision "russe" s'est faite sentir après les troubles suscités à Tallinn en avril au moment du transfert du monument au Soldat libérateur et des dépouilles de combattants soviétiques vers un cimetière en dehors du centre-ville.
Les partisans de l'idée de créer une nouvelle chaîne avancent l'argument suivant: les Russes constituent près de 80% des 400.000 non-Estoniens (environ un tiers des habitants de l'Estonie). Ils sont tous contribuables et un grand nombre d'entre eux sont des électeurs, par conséquent ils ont le droit d'être informés sur les événements qui ont lieu dans le pays et à travers le monde.
Les contestataires estiment quant à eux que la création d'une chaîne "russe" n'est que du gaspillage de fonds budgétaires. D'après eux, le téléspectateur russophone considérera la nouvelle chaîne comme propagandiste et restera suspicieux à son égard.
Le ministère estonien de la Culture prévoit que cette chaîne de télévision émette en russe environ 4 heures et demie par semaine. Les autres émissions, transmises en estonien, seront sous-titrées en russe.
