La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

S'abonner

 

ESTONIE

L'intention des hommes politiques européens d'éviter d'aborder au sommet UE-Russie au Portugal les problèmes cruciaux de la politique de la Russie suscite des réactions négatives de la presse. Les médias l'attribuent à la dépendance énergétique de l'Europe vis-à-vis de Moscou. "Les leaders de l'UE n'ont émis aucune critique à l'égard de leur hôte, bien que leurs allocutions aient été jadis empreintes d'accusations adressées à Moscou. La démocratie, les droits de l'homme, la liberté de la presse, les règles mondiales du commerce, la Géorgie, le Kosovo, l'Iran ne constituent qu'une brève liste des points sensibles à partir desquels l'Union européenne aurait pu formuler des reproches à l'égard de la Russie. (Eesti Paevaleht, 27.10). "L'Union européenne est restée les bras croisés lorsque le Portugal a permis à l'ours russe de s'approcher doucement et d'asséner un coup au point le plus douloureux... Les pays de l'UE auraient dû comprendre que pour éviter des rencontres de ce genre, en fin de compte, il faut jouer avec le Kremlin d'après ses propres règles". (Postimees, 29.10).

Les commentateurs discutent vivement la possibilité de la nomination de Dmitri Rogozine, député à la Douma (chambre basse du parlement russe), connu pour ses points de vue nationalistes, au poste de représentant permanent de la Russie à l'OTAN. D'après certaines opinions, cela atteste que le Kremlin est mécontent de la politique appliquée par l'Alliance. "Compte tenu de la confrontation précédente de Dmitri Rogozine avec l'OTAN et de sa position chauvine, il s'agira d'un signal lancé par Moscou à l'Occident signifiant que la Russie ne considère pas cette organisation comme importante". (Eesti Paevaleht, 26.10).

LETTONIE

Des experts politiques estiment que l'élite politique russe n'est pas prête à un changement de dirigeants supérieurs dans le pays, ce qui explique les tentatives sans précédent visant à assurer que le président en exercice reste au pouvoir. "Evidemment, on est en présence d'une campagne tapageuse: lettres au président et actions massives en faveur d'un troisième mandat lancées dans les grandes villes russes. Une pression croissante est exercée sur le président. L'objectif poursuivi n'est pas seulement de montrer, une fois de plus, à Vladimir Poutine l'affection dont il jouit auprès du peuple, mais aussi de redonner de la légitimité à une décision déjà prise". "A présent, tout le monde formule des hypothèses quant à la manière dont Vladimir Poutine peut rester au pouvoir. Il semble même que le contraire inspire des doutes". (Tchas, 29.10).

LITUANIE

La sévérité des formules employées par le président russe pour prévenir les pays occidentaux qu'il est inadmissible d'avoir recours à une politique rigide à l'égard de l'Iran a étonné les commentateurs. Le souhait que Vladimir Poutine a exprimé envers l'Europe pour qu'elle fasse preuve de patience dans le règlement du problème du Kosovo revêtait aussi, selon la presse, un caractère menaçant. "La dernière rencontre de Vladimir Poutine, en sa qualité de président russe, avec les dirigeants de l'Union européenne était littéralement imprégnée de hargne et d'amertume. Etant donné qu'il ne reste aucune possibilité de s'entendre sur quelque problème de principe que ce soit, Vladimir Poutine, qui s'apprête à quitter le poste de président de la Russie, a commencé la rencontre au Portugal par des mots amers. "Des fous agitant un rasoir": c'est ainsi qu'il a décrite la société occidentale essayant de régler les problèmes dans les points chauds du monde par des actions violentes". (Lietuvos Rytas. 27.10).

Comparant le comportement des premiers ministres russe et lituanien dans les conditions actuelles de la montée de l'inflation, les experts qualifient la politique de Viktor Zoubkov de plus efficace. "Le premier ministre russe Viktor Zoubkov ne ressemble pas à son homologue lituanien Gediminas Kirkilas. Ce dernier, de même que le ministre des Finances, ne fait que soupirer et faire des gestes impuissants... Alors que le pouvoir russe prend au collet les auteurs des machinations des cartels... Ce qui prédomine, la publicité ou des actes réels, c'est autre chose. Mais il est évident que le Kremlin fait tout son possible en vue d'étouffer dans l'oeuf le danger réel. La dictature est parfois un mécanisme fonctionnant plus vite que la démocratie". (Litovski kourier, 25.10).

BIELORUSSIE

Les experts évoquent la situation désespérée de l'opposition biélorusse, ni la Russie, ni l'Europe n'étant intéressées à la soutenir. "Moscou ne parlera qu'à ceux qui représentent une force réelle. L'Europe en fait de même: à la différence de Moscou, elle soutiendra les offensés et les faibles, mais elle choisira les forts pour régler les problèmes... Il est absurde de colporter des sentiments antirusses parallèlement à l'orientation européenne... Environ un million de Biélorusses travaillent chaque année en Russie. A qui donneront-ils leurs voix? A ceux qui envisagent d'ériger un "rideau de fer" devant Smolensk?" (Bielorousski partizan, 24.10).

Les analystes critiquent les positions des entrepreneurs biélorusses sur le marché russe. "Il est prestigieux de vendre des produits biélorusses à Moscou. Pourtant, la vente s'accompagne de difficultés... Que faire, les temps ont changé. Les Moscovites, même peu aisés, n'achètent pratiquement plus de chaussures ni de vêtements qui peuvent être portés durant plusieurs années: ils préfèrent les porter durant une saison, pendant trois à quatre mois, en mettant l'accent sur le style. Par conséquent, l'idée de l'industrie légère de Minsk de fournir des articles solides ne trouve de compréhension à Moscou qu'auprès des retraités parcimonieux qui apprécient les produits biélorusses, car ils leur rappellent leur passé soviétique". (Khartia-97, 24.10).

UKRAINE

La proposition de la Biélorusse de construire la deuxième tranche du gazoduc Iamal-Europe a suscité de vives réactions. Les observateurs estiment que ce projet peut devenir un atout pour Moscou dans ses négociations avec Kiev sur le gaz. "Qu'est-ce que cela apportera à la Russie? Cela lui évitera la nécessité de "réagir vivement" au changement de politique ukrainienne ou de faire les frais des bévues et du pillage du gaz, car il y a très peu de voleurs qui sévissent dans la Biélorussie de Loukachenko, voire pas du tout par rapport à l'Ukraine. Qui plus est, Beltransgaz a considérablement dépassé le système ukrainien de transport du gaz de par son niveau de modernisation et de fiabilité. Est-ce réellement utile de disserter sur le choix à faire entre des partenaires rusés, inconsistants, fripons, malhonnêtes, politiquement instables et des alliés permanents et compétents?" (Provokatsia, 30.10).

Commentant la décision de Moscou de geler les prix de certains produits, les médias soulignent que la situation sur le marché russe contribuera indirectement au règlement des problèmes des fournisseurs ukrainiens de produits de l'élevage en Russie. "De nombreux consommateurs ont cessé d'acheter du fromage européen... Puisque les producteurs russes ne peuvent satisfaire entièrement la demande, le déficit sera résorbé par le fromage ukrainien, d'autant plus qu'il coûte 20% moins cher que le fromage russe". (Expert-Oukraïna, 29.10). Le marché du fromage ukrainien s'ouvrira dans quelques semaines". (Kommersant-Oukraïna, 25.10).

MOLDAVIE

Selon la presse pro-roumaine, la détérioration des rapports entre la Russie et les Etats-Unis pourrait se répercuter indirectement sur le règlement du problème de la Transnistrie. Les commentateurs supposent que les Etats-Unis pourraient se donner pour objectif temporaire d'assurer le passage de la Transnistrie sous la tutelle de l'ONU et de l'OTAN. "Les Etats-Unis ont décidé, semble-t-il, non seulement de réprimer les plans revanchards de la Russie, mais aussi de remporter la victoire sur son champ... Washington s'efforce d'évincer Moscou du Caucase et de l'Ukraine. En témoignent sa coopération avec la Géorgie et les changements observés en Arménie... En ce qui concerne la Transnistrie, ils sont intéressés à assurer la sécurité des frontières Est de l'UE et de l'Ukraine". (Journal de Chisinau", 26.10).

ARMENIE

Les médias font savoir que le Kremlin a proposé au président arménien en exercice Robert Kotcharian d'occuper, après l'expiration de son mandat, un des postes de direction de Gazprom, la plus grande compagnie russe, afin de le remercier pour la politique pro-russe appliquée par Erevan. "Moscou souhaite remercier Robert Kotcharian pour les services qu'il a rendus, grâce auxquels l'Arménie est devenue un "avant-poste de la Russie". De toute évidence, Robert Kotcharian est enclin à accepter l'offre de Moscou". (Aïkakan jamanak", 25.10).

Selon les experts, la démission du principal négociateur iranien avec l'Union européenne Ali Larijani et la nomination à ce poste du vice-ministre des Affaires étrangères Saïd Jalili témoignent de la tentative de Téhéran de régler les problèmes rencontrés avec Moscou dans la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr. "Ali Larijani n'était pas un homme politique pro-occidental au sein de l'élite de Téhéran. Quant à ses préférences pro-occidentales, il n'a nullement préféré la Russie et il choisirait plutôt l'Occident entre deux maux - Occident et Russie. La candidature de Saïd Jalili convient parfaitement du point de vue des rapports irano-russes, car il appliquera une politique plus pragmatique". (Novoyé vrémia, 25.10).

GEORGIE

L'information selon laquelle, dans le cadre de la préparation des Jeux-Olympiques-2014, les autorités de Sotchi expulsent les réfugiés abkhazes a suscité une réaction très négative dans la presse. "La nouvelle politique des autorités russes suppose une purge ethnique à Sotchi avant les Jeux Olympiques-2014". (Georgia-Online, 27.10). "L'expulsion des réfugiés est illégale... La préparation des Jeux Olympiques ne doit pas ressembler à une déportation... Si cela continue, il faudra apporter une aide aux réfugiés, comme ce fut le cas l'année dernière, lorsqu'il avait fallu aider les citoyens géorgiens au cours de leur renvoi de Russie". (News Georgia, 26.10).

AZERBAIDJAN

La position de Moscou à l'égard du problème nucléaire iranien suscite une grande polémique. Selon les analystes, le désir des Etats-Unis de durcir les sanctions à l'égard de l'Iran jure avec les appréhensions de Washington sur la possibilité d'une alliance entre l'Iran et la Russie. La Maison Blanche tâche d'éviter les événements de ce genre. "Washington exprime une opinion très prudente sur les résultats de la visite du président russe en Iran... Les Etats-Unis savent que, selon l'avis répandu en Russie actuelle, l'alliance russo-iranienne est inévitable, c'est pourquoi cette inévitabilité oblige de nombreuses personnes à Washington à déployer un maximum d'efforts en vue d'empêcher que les événements prennent cette tournure. Selon la conception de Zbigniew Brzezinski, l'Iran est l'un des cinq centres géopolitiques les plus importants et son placement sous le contrôle russe serait fatal pour la domination américaine en Eurasie et dans le monde entier". (Zerkalo, 27.10).

KAZAKHSTAN

Les médias soulignent que l'absence d'entente sur le statut juridique de la Caspienne contraint Astana (capitale du Kazakhstan) à s'orienter vers des projets énergétiques russes en Asie centrale. "Pour l'instant, toutes les parties intéressées sont en train de se partager le gaz de la Caspienne, alors que cette mer reste, pour l'instant, officiellement non répartie, conformément aux normes internationales. Par conséquent, tous ces projets gaziers avec la participation des pays d'Asie centrale, de l'Azerbaïdjan, des Etats-Unis et de l'Union européenne peuvent être, pour ainsi dire, méprisés par l'Iran... On peut se demander ce qui arriverait si l'on commençait à poser un gazoduc sur le fond de la Caspienne qui appartient à 20% à l'Iran, selon lui, auquel cas Téhéran n'admettrait pas les Américains ni d'autres "alliés européens". (Delovaïa nedelia, 25.10).

La presse considère avec scepticisme les tentatives de l'Europe de limiter sa dépendance à l'égard des ressources énergétiques russes. Les commentateurs qualifient de plus efficaces les actions entreprises par la Russie en vue de diminuer le rôle de l'Ukraine, de la Biélorussie et de la Pologne en tant que pays de transit. "Le gazoduc nord-européen en voie de construction a attiré l'attention aussi bien des investisseurs désireux d'en retirer des bénéfices importants que des critiques protestant contre la Russie qui devient de plus en plus un monopole dans le domaine énergétique et du transit... D'une part, les Européens auront un accès garanti au gaz naturel russe. D'autre part, la dépendance de l'Union européenne vis-à-vis de la Russie augmentera, ce qui rendra Moscou encore plus puissant et, peut-être, plus assuré dans l'arène internationale". (Gazeta.kz, 29.10).

KIRGHIZSTAN

Les politologues affirment que la stabilité et le niveau de développement économique de l'Etat russe sont de solides arguments en faveur de l'existence de structures politiques pro-présidentielles, mais aussi de la direction de ces structures par le leader du pays. "Comme on le sait, les présidents russe et kazakh soutiennent un seul parti qu'ils considèrent comme proche par son esprit, ses buts et ses tâches. Est-ce un mal? Cela leur assure un soutien substantiel au parlement... Prenons l'exemple de la Russie. Elle a remboursé entièrement ses crédits et pratiquement épongé sa dette extérieure. De grandes compagnies russes se sentent à leur place dans le monde et figurent de plus en plus souvent parmi les plus réputées. Les peuples de ces pays vivent en paix et sont certains du lendemain. Est-ce un mal si Kourmanbek Bakiev cherche à y parvenir au Kirghizstan?" (Jany Ordo, 26.10).

TURKMENISTAN

Les experts affirment que, malgré de nombreuses actions et projets populistes, la situation de la minorité russophone au Turkménistan laisse à désirer. "Malgré les mesures spectaculaires prises par les nouveaux dirigeants turkmènes (journées de langue russe, promesse d'ouvrir de nouvelles écoles où l'enseignement serait donné en russe, envoi d'étudiants dans des instituts russes, etc.), on n'observe aucune évolution positive de la situation de la population russophone. Les citoyens russophones du Turkménistan sont toujours discriminés au niveau de l'embauche dans la fonction publique, surtout dans l'armée (aux postes d'officiers), les organes judiciaires et les services secrets". (Gundogar, 26.10).

TADJIKISTAN

Selon les analystes, le plus avantageux pour le Tadjikistan est de tenir un équilibre entre les pôles géopolitiques et d'en tirer profit. "L'orbite géopolitique du Tadjikistan qui le maintient solidement au sein de la CEI (Communauté des Etats indépendants), de la CEEA (Communauté économique euro-asiatique), de l'OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective) et de l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai) assure la stabilité du pays mais ne règle pas tous les problèmes de son développement futur. Le problème le plus brûlant est d'assurer l'essor économique du Tadjikistan en réglant définitivement le problème de sa sécurité énergétique. Mais il paraît évident que c'est impossible avec l'aide de la Russie, de la Chine et du Kazakhstan... Tout en restant au sein des organisations régionales existantes - CEI, OSCE, OTSC, OCS - et en coopérant étroitement avec elles, le Tadjikistan doit s'appuyer également sur les pays atlantiques et sur les Etats islamiques, en développant des rapports fructueux avec eux". (Bizness et politika, 25.10).

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала