Revue de la presse russe du 15 février

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

L'Arabie Saoudite souhaite remplacer l'Iran en tant que partenaire de la Russie

Le chef de la diplomatie saoudienne, Saoud al-Fayçal, a essayé jeudi de persuader le président russe, Vladimir Poutine, que le renforcement de l'Iran pourrait sérieusement déstabiliser la situation au Proche-Orient, note vendredi le quotidien Kommersant.

En échange du gel des contacts russo-iraniens, Riyad promet de procéder à des achats massifs d'armement russe et de porter le volume des échanges bilatéraux à 50 milliards de dollars d'ici cinq ans.

La principale idée du plan de grande envergure des autorités saoudiennes visant à sauver le Proche-Orient de la "menace iranienne" consiste à ce que la Russie renonce à sa coopération avec Téhéran, en premier lieu au large partenariat actuel dans le secteur nucléaire ainsi que dans le domaine militaire et technique. Moscou devrait également cesser de défendre l'Iran contre la pression exercée sur Téhéran par l'Occident au Conseil de sécurité de l'ONU et au sein d'autres organisations internationales.

Ayant conscience qu'en acceptant ce plan, Moscou sera confronté à des dépenses relativement importantes sur le plan financier mais devra également faire des concessions sur le plan moral, les Saoudiens lui promettent en échange un cadeau tout simplement royal.

Selon les informations recueillies par le Kommersant, Riyad propose de prendre la place de Téhéran en tant que partenaire de la Russie dans le domaine militaire et technique. Ainsi, un contrat de livraison à l'Arabie Saoudite de plus de cent véhicules de combat BMP-3, pour un montant de quelque 200 millions de dollars, pourrait être signé avant a fin de l'année. En outre, il est prévu de conclure, également dans le courant de 2008, un contrat de livraison d'environ 150 chars T-90C, pour un montant de 600 millions de dollars. Des négociations préliminaires sont en cours sur l'achat de 161 hélicoptères de type Mi-17, Mi-35 et Mi-26, pour un montant total d'environ 1,6 milliard de dollars. Le projet saoudien de créer un système unifié de défense antiaérienne s'avère également prometteur pour l'industrie militaire russe. Riyad semble prêt à acheter la quasi-totalité des types de produits de ce genre, des missiles sol-air portables et missiles sol-air Pantsyr jusqu'aux missiles longue portée S-400.

Riyad n'a cependant pas l'intention de se limiter à des contrats militaires. Le royaume propose de fait à la Russie un partenariat économique stratégique. Le prince Saoud al-Fayçal a formulé à Moscou la proposition de conclure un important accord sur les grands axes du développement de la coopération bilatérale. Ce projet de document prévoit que les échanges commerciaux bilatéraux et le volume des investissements réciproques atteindront les 50 milliards de dollars d'ici cinq ans (en 2006, les échanges commerciaux russo-saoudiens atteignaient à peine 250 millions de dollars).

Le forum d'investissement avec la participation des plus grandes compagnies des deux pays, que les Saoudiens souhaiteraient organiser dans un avenir proche, devrait confirmer le sérieux de leurs intentions. En qualité de "bonus", l'Arabie Saoudite se dit prête à retirer ses objections à l'adhésion de la Russie à l'OMC.

Business & Financial Markets

AvtoVAZ produira des pièces détachées pour Renault-Nissan

Le partenariat avec Renault pourrait faire d'AvtoVAZ un acteur à part entière dans l'industrie automobile mondiale, lit-on vendredi dans le magazine Business & Financial Markets.

Renault qui sera dès l'été prochain détenteur d'une minorité de blocage dans l'usine russe compte obtenir un accès à la production de pièces détachées d'AvtoVAZ. La transaction est avantageuse pour les deux partenaires: Renault approvisionnera ses unités de production situées dans le monde entier en pièces bon marché tandis qu'AvtoVAZ trouvera là important débouché.

Selon le PDG de Renault Carlos Ghosn, l'accord définitif sera signé dans les semaines à venir. Renault est prêt non seulement à partager ses technologies avec AvtoVAZ, mais aussi à profiter des réalisations de l'usine russe. M. Ghosn affirme que la transaction avec AvtoVAZ intéresse Renault en tant que perspective d'extension de ses capacités de production ainsi que dans l'optique d'une production massive d'équipements automobiles en Russie.

Gérard Detourbet, directeur du projet Renault X90 (modèle Logan), indique qu'après la transaction avec AvtoVAZ, la firme française espère accéder à la production de pièces détachées à l'usine automobile Voljski et dans ses filiales.

Selon lui, AvtoVAZ peut produire des pistons et des pièces en plastique qui seront fournis aux usines de Renault-Nissan en Russie et dans le monde entier.

L'usine automobile Voljski est déjà capable de produire pour Renault environ 10% des pièces détachées fabriquées d'après des technologies simples, estime Sevastian Kozitsyne, analyste de BrokerCreditService: "Une localisation plus poussée - production de systèmes de pistons et, peut-être, de boîtes de vitesses - sera possible au bout de deux ans. Mais cette production devra être organisée par Renault", poursuit l'expert.

Dans les pays aux marchés développés, la concurrence élevée fait que l'objectif principal est de réduire le prix de revient des différents produits. En règle générale, les grands constructeurs mondiaux confient la production de pièces détachées à des entreprises spécialisées. Sur ce plan, l'alliance avec AvtoVAZ peut être très avantageuse pour Renault: l'usine russe maitrise depuis longtemps le cycle complet de production d'automobiles.

Cependant, l'idée de Renault d'utiliser AvtoVAZ comme sous-traitant ne rentre pas dans la stratégie de développement de l'usine Voljski, fait remarquer Mikhaïl Liamine, analyste de la Banque de Moscou. La réforme d'AvtoVAZ prévoit justement de se débarrasser de la production de pièces détachées, qui devra être sous-traitée. Si l'usine produit des pièces pour Renault-Nissan, cela nécessitera des investissements supplémentaires dans les équipements.

"Le rééquipement d'une usine moyenne de production de pièces détachées en plastique coûte environ 8 à 10 millions de dollars", estime l'expert.

Nezavissimaïa gazeta

Washington lance un nouveau défi à la Russie

Les Etats-Unis lancent une nouvelle offensive sur le front diplomatique en vue de restreindre l'influence de la Russie sur les Etats asiatiques de la CEI, annonce vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

L'administration Bush créera à cet effet un poste d'ambassadeur spécial chargé des questions énergétiques dont la tâche principale consistera à empêcher la Russie de contrôler les livraisons de pétrole et de gaz d'Asie centrale. Les experts russes considèrent cette démarche comme une réaction aux succès de Moscou dans cette région.

Andreï Grozine, chef du département de l'Asie centrale et du Kazakhstan de l'Institut des pays de la CEI, a qualifié "d'interminable jeu géopolitique" la concurrence russo-américaine dans la zone centrasiatique. Après l'indépendance des jeunes Etats de la région, ce sont les Etats-Unis qui ont d'abord remporté la partie. Dans ses relations avec ces pays, Washington essayait de construire un modèle qui lui assurerait une domination politique par le biais des investissements. Moscou, de son côté, s'appuyait peu sur ses privilèges géopolitiques et historiques naturels. Or, il y a trois ou quatre ans, la Russie s'est mise à agir plus activement, en recourant de fait aux mêmes méthodes que les Etats-Unis.

Le Kazakhstan et l'Ouzbékistan sont à la veille d'une transformation dans les sphères supérieures du pouvoir, souligne Andreï Grozine. Les élites au pouvoir dans ces deux pays ne veulent aucun bouleversement, elles souhaitent conserver les régimes existant depuis l'accès à l'indépendance. Sur ce point, la Russie a un avantage manifeste. Moscou a officiellement déclaré qu'il coopérait avec le "parti du pouvoir" et non avec les forces d'opposition. Par ailleurs, les dirigeants centrasiatiques estiment que les Américains appliquent une politique dangereuse. Celle-ci risque d'entraîner une déstabilisation de la situation, si ce n'est une nouvelle "révolution orange".

S'agissant des projets concrets sujets à la concurrence, M. Grozine a qualifié de succès russe l'accord intervenu en décembre dernier avec le Kazakhstan et le Turkménistan sur la construction du Gazoduc caspien et la modernisation du système soviétique de transport du gaz d'Asie centrale à travers la Russie. L'Ouzbékistan participera également à cette modernisation. Si ces ententes sont mises en application, la capacité de ces gazoducs augmentera d'un tiers d'ici cinq ans.

Les Etats-Unis, pour leur part, soutiennent la construction d'un gazoduc transcaspien reliant le Turkménistan à l'Azerbaïdjan. Ce projet est le principal concurrent de l'ensemble des initiatives russes. Mais pour l'instant, la mise en oeuvre des projets russes semble plus réaliste, estime l'expert.

Kommersant

Quand Moscou s'en prend aux organisations internationales

Le président russe Vladimir Poutine a âprement critiqué jeudi le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (BIDDH) de l'OSCE, déjà accusé par Moscou d'employer des doubles standards lors de l'évaluation des élections dans l'espace postsoviétique, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.

La Russie a déjà allié la parole aux actes. Dans le cadre de la discussion sur le budget de l'OSCE, elle essaie d'obtenir la réduction du financement du BIDDH et sa subordination totale au Conseil permanent de l'OSCE.

Chaque fois que les rapports entre la Russie et différentes structures internationales se sont détériorés, Moscou a insisté pour qu'elles soient réformées.

A un moment donné, la Russie avait préconisé la transformation de l'OTAN en avançant des arguments de poids: après l'autodissolution de l'Organisation du Traité de Varsovie, l'OTAN n'avait plus d'adversaire principal, plus aucune menace ne pesait sur elle, par conséquent, il était temps de transformer cette alliance militaire en une organisation politique du même type que l'OSCE.

Ensuite, la Russie avait avancé l'idée de réformer radicalement l'OSCE. La raison principale donnée par Moscou était la suivante: à cette époque, l'organisation mettait l'accent sur les droits de l'homme, alors que deux autres aspects de son activité (militaro-politique et économique) étaient négligés. Il ne s'agissait pas seulement du fait que la Russie était de plus en plus souvent isolée, ou presque, au sein de l'OSCE. La création même de l'OSCE avec sa troisième corbeille, humanitaire, fut, au fond, la première capitulation de l'URSS devant l'Occident, et Moscou ne l'a pas oublié.

A un certain moment, la Russie a eu des doutes sur l'efficacité de l'APCE (Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe), où les députés ne prennent aucune décision contraignante. Cette préoccupation a atteint son apogée lorsqu'une critique acerbe a été émise par l'APCE à l'adresse de la politique tchétchène du Kremlin. Il était même question, à un certain moment, de suspendre l'appartenance de la Russie à cette organisation.

En ce qui concerne le désir de réformer radicalement le BIDDH, Moscou l'explique comme une nécessité qui se fait sentir depuis longtemps. Mais les exigences n'ont été précisées qu'à l'automne dernier, lorsque le bureau a refusé d'accepter de nouvelles règles du jeu réduisant substantiellement la marge de manoeuvre des observateurs étrangers aux élections en Russie. Si le BIDDH avait "digéré" ces nouveautés, une telle exigence de réforme radicale ne serait sans doute pas apparue.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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