Les leaders arabes se pressent au Kremlin à la veille de la présidentielle

S'abonner
Par Maria Appakova, RIA Novosti
Par Maria Appakova, RIA Novosti

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika se trouve actuellement en visite officielle à Moscou, alors que trois autres hôtes de marque arabes y avaient été accueillis la semaine dernière. Les leaders des pays arabes semblent pressés, à la veille de l'élection présidentielle en Russie, de raffermir les acquis de ces dernières années dans les rapports bilatéraux.

Le Proche-Orient a été l'axe central de la politique étrangère du président américain George W. Bush. Pour la Russie, sous la présidence de Vladimir Poutine, cette région a été l'une des nombreuses autres où il était nécessaire de retrouver les positions perdues dans les années 1990.

La période 2000-2008 a été une nouvelle époque de lutte pour le Proche-Orient, non une lutte entre deux adversaires, comme c'était le cas pendant la guerre froide, mais entre deux partenaires stratégiques: la Russie et les Etats-Unis, entre les présidents Vladimir Poutine et George W. Bush. Cette période a été marquée par de nouvelles alliances et de nouvelles réalités.

Bush s'était fixé dès le début de son mandat présidentiel deux objectifs au Proche-Orient: vaincre la terreur et assurer le règlement du conflit palestino-israélien. En ce qui concerne le premier objectif, les résultats sont douteux, quant au deuxième, il reste, là encore, pas mal de problèmes à régler.

Cependant, au cours de sa dernière grande conférence de presse en qualité de président, en répondant à une question sur l'évaluation par Moscou de la politique appliquée par George W. Bush au Proche-Orient, Vladimir Poutine a souligné que la Russie soutenait, dans l'ensemble, les actions entreprises dernièrement par le président américain.

"J'estime qu'il aspire sincèrement à la stabilisation de la situation au Proche-Orient", a déclaré le président russe. Vladimir Poutine n'a cependant pas manqué de mentionner les contradictions existant entre les deux pays dans l'approche des problèmes de cette région complexe.

En réponse, la Maison Blanche a fait la déclaration suivante: "Washington apprécie hautement le partenariat avec Moscou sur les problèmes majeurs de la politique mondiale. Pour nous, la Russie est un partenaire important sur de nombreux problèmes: du Proche-Orient à l'Iran. Bien que des divergences puissent surgir sur certains sujets, nous tâchons de parvenir à la compréhension".

Toute la coopération entre les deux pays ces huit dernières années au Proche-Orient se réduit à cet échange de politesses. Les efforts communs déployés en vue de créer une coalition dans la lutte contre le terrorisme. Les contradictions sur le règlement des problèmes relatifs aux programmes nucléaires irakiens et iraniens, les différences de vue sur la guerre en Irak. La coopération pour tenter de réanimer le processus de paix au Proche-Orient, les approches différentes en matière de progression vers cet objectif. Le refus de Washington tantôt de reconnaître feu Yasser Arafat, président de l'Autorité palestinienne, tantôt le Hamas, le boycott de la Syrie, le refus de mener un dialogue avec le Hezbollah au Liban. Les tentatives entreprises par la Russie pour écouter et tenir compte de toutes les prises de position au Proche-Orient, dans chaque pays de la région. Tout cela a eu lieu dans le contexte d'une lutte invisible mais bien réelle pour les contrats, l'ampleur de la coopération économique avec les pays de la région et, naturellement, pour l'influence politique.

En 2000, il semblait que la Russie avait définitivement perdu le Proche-Orient. Le chiffre d'affaires des échanges commerciaux avec les pays arabes avait chuté. Sans être réduit à zéro, il était si insignifiant qu'il était impossible de le prendre au sérieux. En ce qui concerne le processus de paix au Proche-Orient, Moscou avait joué à la fin des années 1990 un rôle de coparrain, essentiellement formel, puisqu'il n'avait aucune influence réelle sur les événements. La Russie liait sa politique étrangère à l'Occident, et non à l'Orient. Après 2000, la situation a changé et le terme de "pluralité des axes" s'est ancré peu à peu dans le vocabulaire de la politique étrangère russe.

A la différence de l'époque de l'Union soviétique, Moscou n'essaie pas de devancer à tout prix les Etats-Unis, il établit des rapports de partenariat à long terme en mesure de surmonter tous les cataclysmes politiques possibles et poursuit l'objectif de maintenir la stabilité, quelle que soit la région où cette politique est appliquée. Quand Washington se montre brusque, Moscou choisit la prudence. De nombreux exemples ont montré ces dernières années que les conseils des diplomates russes et leur position mesurée ont été utiles aux Etats-Unis. Ce n'est pas par hasard que Washington évoque de plus en plus souvent l'affinité des approches russes et américaines à l'égard des programmes nucléaires iraniens et de la construction par les Russes de la centrale nucléaire de Bouchehr. Combien de lances ont été rompues à ce sujet il y a quelques années! Les idées russes sont également prises en considération dans les résolutions aussi bien sur l'Irak que sur le Proche-Orient.

Bien que l'influence exercée par la Russie sur les événements au Proche-Orient soit incomparable avec celle des Etats-Unis, de même que les échanges commerciaux des deux pays avec le monde arabe, la Russie a occupé solidement sa propre place dans l'économie proche-orientale, ce qui concerne en premier lieu le secteur énergétique et la coopération militaire et technique. Quant à la politique, dans une époque de divisions, Moscou assume le rôle de médiateur sachant écouter.

Il est impossible de se représenter aujourd'hui le Proche-Orient sans l'ingérence américaine, comme il est difficile de l'imaginer sans la position prudente et réfléchie de la Russie. Cela est apprécié dans la région, c'est pourquoi les leaders arabes se précipitent à Moscou avant l'élection présidentielle afin de s'assurer qu'il n'y aura plus de brusques revirements dans la politique étrangère de la Russie, comme ce fut le cas dans les années 1990.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала