La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

S'abonner

 

ESTONIE

La Russie rappelle l'Allemagne d'avant guerre

La cosmonautique russe en panne à l'instar des toilettes de l'ISS

Les médias publient sans interruption des articles consacrés à la situation politique intérieure en Russie. "La Russie rappelle [...] l'Allemagne d'avant la guerre: les médias sont de plus en plus contrôlés, il ne reste que quelques publications marginales dont l'influence est insignifiante, le parlement est dirigé par un seul parti, l'opposition intérieure est étouffée, les leaders de l'opposition sont écartés ou apprivoisés avec des "projets de coopération". Il en est de même en Russie. Les collègues de Vladimir Poutine au sein du FSB (Service fédéral de sécurité) occupent des positions clés, en se souciant toutefois de sauvegarder les apparences [...] L'opposition libérale s'est également vu proposer de travailler au sein du gouvernement. En même temps [...] des personnes au physique étranger [...] sont agressées dans les rues, des manifestants sont mis en détention. [...] La Russie actuelle correspond-elle réellement à la façon dont elle se définit, ou c'est l'Union soviétique qui rêve d'une résurrection?" (Postimees, 29.05)

Certains médias ont commenté très ironiquement la panne de l'unique WC du module russe de la Station spatiale internationale (ISS). "S'il y a un demi-siècle le lancement du premier satellite artificiel de la Terre était le principal objet de fierté de Moscou, à présent, la puissance spatiale d'antan s'associe à un WC déficient et à des systèmes de navigation dignes de l'âge de la pierre. Quel est le point commun entre un citoyen soviétique et un cosmonaute? Tous les cosmonautes soviétiques et russes, à commencer par Iouri Gagarine, devaient savoir réparer les toilettes. Les WC soviétiques se cassaient aussitôt après leur installation, par conséquent, fatigués d'implorer des plombiers ivres de leur venir en aide, les gens ne pouvaient rien faire d'autre que retrousser leurs manches. [...] Les membres de l'équipage de l'ISS ont dû faire la même chose lorsque le WC construit en Russie est tombé en panne". (Postimees, 31.05).

LETTONIE

Le Kremlin renoue avec la stratégie soviétique de l'intimidation

Les médias constatent avec inquiétude l'accroissement des ambitions impériales et militaristes de Moscou. "Mikhaïl Gorbatchev a lancé un [...] avertissement au monde occidental: si les Etats-Unis continuent à mettre en oeuvre leurs projets de déploiement d'éléments du système ABM en Europe (en République tchèque et en Pologne, mais on murmure que la Lituanie pourrait également rejoindre le projet), cela provoquera une nouvelle période de guerre froide. Le fait que cela ait été déclaré à la veille [...] des solennités de la fête de la Victoire, au cours de laquelle a eu lieu une parade militaire grandiose à Moscou, est significatif. Des missiles balistiques, des bombardiers stratégiques et autre matériel "n'ayant aucun analogue dans le monde", d'après la propagande russe, ont été présentés. Les propos tenus par Mikhaïl Gorbatchev et la parade sur la place Rouge semblaient annoncer une possible reprise de la course aux armements entre l'Ouest et l'Est. Cela rappelle l'époque de l'URSS, lorsque le Kremlin appliquait une stratégie visant à intimider le monde entier". (Latvijas Avize, 29.05).

LITUANIE

Barrer la route aux ambitions impériales de la Russie

Energie: la fin de l'hyperdépendance envers la Russie n'est pas pour demain

Selon les experts, Vilnius doit faire tout son possible afin d'empêcher l'extension de la sphère d'influence de Moscou. "Plus loin de la Lituanie la barrière contre les ambitions impériales de la Russie sera posée, moins le danger sera important pour notre pays. Et vice versa: en laissant des Etats toujours nouveaux dans la zone d'influence de la Russie, nous attisons l'appétit de ce pays". (Lietuvos Rytas, 31.05).

La plupart des commentateurs constatent avec regret qu'aucune alternative aux combustibles russes n'est prévue dans un proche avenir. "Quels seront les résultats du sommet (énergétique) de Kiev? En quoi se distingue-t-il, dans le principe, du sommet qui s'est tenu à Vilnius à l'automne dernier? Malheureusement, en rien. Nous ressentirons tous une dépendance totale vis-à-vis d'un unique fournisseur de matières énergétiques qui n'est autre que la Russie. [...] Il est facile de poser un tuyau. Mais il faut le remplir. Les pays de la région de la Caspienne possédant des réserves de pétrole ne sont pas encore pressés de tenter l'aventure avec les nouveaux pays européens". (Litovski kourier, 29.05).

BIELORUSSIE

Poutine s'investit dans l'Union russo-biélorusse

Inflation: les analystes redoutent la hausse des prix du combustible en Russie

La nomination de Vladimir Poutine au poste de président du Conseil des ministres de l'Union Russie-Biélorussie a retenu l'attention des publications d'opposition. "Washington a souligné que la nomination de Vladimir Poutine pouvait être un témoignage du rapprochement entre ces deux Etats ou bien une simple formalité, mais, dans tous les cas, cela touche les intérêts des Etats-Unis". (Khartia '97", 28.05). "La nomination de Vladimir Poutine au poste de président du Conseil des ministres de l'Etat d'union [...] peut conduire la Biélorussie à la perte de son indépendance. [...] "Vladimir Poutine accélérera le processus de réunification en vue de le porter à un niveau plus élevé", a expliqué E. Voïko (expert du Centre de conjoncture politique de la Russie chargé de la politique étrangère). Il estime que la Biélorussie est considérée, au niveau informel, comme un terrain pouvant accueillir la réponse asymétrique que la Russie donnera face au déploiement d'éléments de la troisième zone de positionnement de la défense antimissile américaine en Pologne et en République tchèque. [...] Si la Biélorussie accorde un terrain pour les missiles russes, la Russie acceptera des compromis concernant la réunification". (Khartia '97, 28.05).

La hausse des prix du combustible en Russie qui, de fait, entraîne la hausse des prix en Biélorussie suscite l'inquiétude des commentateurs. "Les Russes [...] font monter discrètement les prix du combustible sur le marché russe. C'est un facteur prédominant, car certaines compagnies russes qui vendent du combustible sur le marché biélorusse, par exemple, Lukoil, font venir leur combustible de Russie. [...] Etant donné que le processus de montée des prix a commencé en Russie et qu'aucune enquête visant à révéler une collusion monopoliste n'a été ouverte, [...] il est fort probable que cela se produise également en Biélorussie. [...] Tout est interdépendant". (Belorousski partizan, 29.05).

UKRAINE

Flotte russe de la mer Noire: la location est une fiction

Présence russe en Crimée: un levier d'influence sur la politique de l'Ukraine

La situation autour de la Flotte russe de la mer Noire est parmi les principaux sujets abordés dans les médias. "Les fonctionnaires russes ne cessent de se servir du thème du stationnement de la Flotte russe de la mer Noire à Sébastopol. Dès que l'Ukraine a insisté pour que les pourparlers sur le retrait de la flotte s'ouvrent en juin de cette année, [...] le ministère russe des Affaires étrangères a immédiatement déclaré être prêt à payer davantage pour la location du territoire. [...] Il est peu probable que les Russes veuillent parler sérieusement de ce sujet. En effet, en cas de révision du traité dans le but d'élever le prix de la location, en s'inspirant de considérations commerciales, et non pas politiques, l'Ukraine devra parler non pas en millions de dollars, mais en milliards d'euros. [...] Ils (Russes) ont soulevé cette question, soi-disant, pour se montrer constructifs sur ce point. [...] Comme l'a déclaré Vladimir Dorokhine (ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères), la Russie verse à l'Ukraine environ 100 millions de dollars par an pour sa flotte. En réalité, [...] notre pays ne touche pas un seul kopeck. Conformément aux ententes datant de 1997, cet argent est consacré au remboursement de la dette de l'Ukraine envers la Russie pour le gaz et les produis pétroliers. Le remboursement de la dette est échelonné sur 20 ans. [...] Cette location est donc une fiction. Les Russes ne paient que pour l'électricité". (Gazeta po-kievski, 30.05).

Pour les dirigeants russes, la Flotte de la mer Noire est depuis longtemps un facteur de présence politique et militaire. [...] Le Kremlin n'a pas l'intention de baisser pavillon à Sébastopol. Moscou a besoin de cette flotte en Crimée comme symbole de la présence de la Russie sur le territoire de l'Ukraine. Même si c'est une vedette rouillée qui se trouve à Sébastopol. [...] La flotte, qui possède un réseau ramifié de services de renseignements et une base de propagande bien développée, est un puissant instrument d'influence sur la vie politique dans notre pays. L'Ukraine [...] doit internationaliser le débat sur la présence temporaire de cette flotte et son retrait de Crimée. Autrement, Kiev aura du mal à résister seul [...] face à la pression de Moscou". (Zerkalo nedeli, 02.06).

ARMENIE

La politique russe à l'égard de ses voisins de la CEI manque de consistance

Les experts estiment que le rôle de la Russie dans le règlement du conflit du Karabakh devient de moins en moins important, bien que Moscou exprime officiellement son souci de parvenir à un règlement efficace. "La Russie ne vise pas à étendre le format des négociations sur le règlement du conflit en y associant la République du Haut-Karabakh. [...] Elle préfère s'abstenir d'élaborer une stratégie concernant le Karabakh". (Golos Armenii, 03.06). "Chaque pays de la CEI possède des particularités et une conjoncture différente dans ses rapports avec la Russie. Néanmoins, il est évident que la politique de la Russie à l'égard de ses voisins est faible". (Novoye vremia, 30.05). La reprise de guerres régionales n'est dans l'intérêt d'aucun acteur géopolitique. [...] Mais le comportement des acteurs régionaux a changé ces derniers mois, surtout après le sommet de l'OTAN à Bucarest, ce qui se répercute négativement sur les pays du Caucase du Sud". (Aïots achkhar, 28.05).

GEORGIE

Drone: la MONUG tranche en faveur de Tbilissi

CEI: la stratégie russe va prendre une dimension plus civilisée

Géorgie: Medvedev ne changera rien à la politique de Poutine

Selon les experts, les résultats de l'enquête effectuée par la mission d'observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG) sur l'incident du drone abattu prouvent une fois de plus que Moscou ne peut pas être un intermédiaire dans le règlement des conflits. "Le rapport de l'ONU se prononce en notre faveur et prouve que l'agresseur, qui se trouve en Géorgie avec le statut de force de paix, doit être chassé du pays. "La Géorgie a reçu un autre document confirmant les actions agressives de la Russie. [...] Moscou a reçu une nouvelle confirmation du fait qu'en lançant des actions agressives contre la Géorgie, elle entre en confrontation non seulement avec Tbilissi, mais aussi avec toute la communauté internationale". (Georgia Online, 28.05).

Dans le même temps, les commentateurs reconnaissent que les tentatives de faire pression sur la Russie ne peuvent pas être considérées comme étant fructueuses. "Si notre objectif était de faire honte à la Russie devant le monde entier, nous l'avons atteint. Mais si nous voulons normaliser nos rapports avec notre voisin, il est trop tôt pour jubiler. Ceux qui connaissent la diplomatie de la Russie savent parfaitement que nous avons affaire à un Etat qui n'est pas européen. [...] Un Etat normal aurait présenté des excuses et aurait réparé le préjudice causé, mais l'histoire de la Russie ne connait aucun précédent de ce genre, elle sera encore plus cruelle". (Alia, 29.05).

Les médias préviennent que les actions de Moscou dans l'espace postsoviétique revêtiront "une forme plus civilisée". "Pour accroître son influence dans l'espace de la CEI, la Russie a élaboré une nouvelle stratégie. Chez nous, personne n'a prêté attention à l'agence pour les affaires de la CEI créée il y a quelques jours au ministère russe des Affaires étrangères à l'initiative de Vladimir Poutine. [...] Le ministère de Sergueï Lavrov compte déjà quatre départements analogues, à quoi bon en créer un cinquième? Le Kremlin a compris que la pression militaire, les provocations et la destruction d'avions n'avaient pas réussi à augmenter son influence, c'est pourquoi il a adopté une forme d'actions plus civilisée: il va nous étouffer avec son capital. La Russie se battra jusqu'au bout pour nous empêcher d'adhérer à l'OTAN". (Alia, 29.05).

Selon certains experts, le format de la rencontre entre les présidents russe et géorgien (dans le cadre du XIIe forum économique international de Saint-Pétersbourg) ne devait pas permettre d'adopter des décisions importantes pour l'amélioration des rapports entre les deux pays. "Si Dmitri Medvedev voulait du bien à la Géorgie, il aurait trouvé une meilleure tribune". (Rezonansi, 28.05). "Dmitri Medvedev [...] ne pourra pas détruire ce que Vladimir Poutine a érigé par rapport à la Géorgie". (Akhali taoba, 29.05). "Il est exclu que Dmitri Medvedev modifie la politique de Vladimir Poutine". (Kviris palitra, 02.06).

AZERBAIDJAN

La presse condamne la politique russe dans le Caucase

Bakou bien plus mesuré que Tbilissi dans sa politique extérieure

Les médias continuent d'évaluer négativement la politique russe dans le Caucase et soutiennent la position de la Géorgie. L'introduction par la Russie de ses unités des chemins de fer en Abkhazie a confirmé, pour les commentateurs, le bien-fondé de leurs allégations. "La Russie veut que la Géorgie devienne un pays neutre sans armée et ne possédant qu'une garde nationale armée de baïonnettes de cérémonie. [...] Faire confiance à la Russie dans des conditions complexes revient à confier un troupeau de moutons à un loup. [...] Si le droit international n'existe pas dans le monde et que seul le droit du plus fort compte, la Russie peut alors se permettre de bombarder Tbilissi". (Day.az, 28.05). "La mission que la Russie accomplit dans le Caucase reflète nettement sa politique à l'égard de cette région. [...] Les soldats de la paix qui sont restés en Abkhazie et en Ossétie du Sud [...] préparent une guerre et stimulent les séparatistes par tous les moyens possibles. La politique appliquée par la Russie en Géorgie est une manifestation [...] d'agression, elle n'est pas conforme à la mission de paix confiée aux militaires russes". (Day.az, 29.05). "La Russie introduit l'élément le plus dangereux - militaire - de l'annexion, après avoir introduit les éléments commercial, social et juridique. Ce faisant, elle emploie le même style de propagande que celle de Goebbels". (Echo, 03.06).

Certains politologues estiment que la cause principale de l'agressivité de Moscou est l'orientation franchement pro-occidentale des autorités géorgiennes. "Les rapports entre la Géorgie et la Russie peuvent être considérés comme le résultat de la politique pro-occidentale (de Tbilissi). [...] Si l'on compare l'attitude de la Russie à l'égard de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan, la différence est évidente. [...] La Russie a des intérêts importants en Azerbaïdjan. [...] L'Azerbaïdjan [...] n'irrite pas la Russie, il applique une politique mesurée à l'égard de tous, tout en défendant ses propres intérêts". (Halg djebhessi, 29.05).

KAZAKHSTAN

Pas de résurrection pour l'empire soviétique

La colère de l'opposition est dirigée contre l'ancien "frère aîné". "Pourquoi aucun empire n'a réussi jusqu'à présent à se rétablir? Le fait est que les peuples des pays situés à la périphérie des empires ont probablement toujours été allergiques à tout ce qui est lié à ce sujet. L'empire éclaté avait beau tenter de récupérer ses enfants, en les attirant avec des carottes et en les intimidant par des réprimandes, tout cela était bien inutile. [...] Les "beaux-fils" sont prêts à aller de l'avant en exigeant que la métropole lui présente des excuses et les dédommage". (Megapolis, 02.06).

KIRGHIZSTAN

Le Kazakhstan vise le leadership en Asie centrale

Les médias ont réagi avec jalousie à la première visite de Dmitri Medvedev à l'étranger en qualité de président russe. Les commentateurs kirghizes estiment que leurs collègues kazakhs sont trop pressés d'affirmer que la Russie a l'intention de "bénir" le leadership d'Astana en Asie centrale. "La visite de Dmitri Medvedev au Kazakhstan s'est déroulée "dans une ambiance amicale", personne ne le conteste. Mais il y a peu de résultats concrets. Astana n'a pas reçu l'essentiel: les parties ne sont parvenues à aucune entente ni au sujet de la Caspienne, ni au sujet de l'Asie centrale. Cependant, on ne peut pas affirmer que Moscou a refusé de bénir le leadership d'Astana dans la région. Par conséquent, il est possible de continuer à faire passer ses désirs pour des réalités. [...] Le choix d'Astana [...] doit être attribué à la persévérance extraordinaire [...] de Noursoultan Nazarbaïev. Il était tout simplement impossible de ne pas réagir à ses nombreux appels téléphoniques, à ses demandes d'accélérer les choses, à ses diplomates qui assaillaient le Kremlin. [...] Le président et le premier ministre russes ont été contraints [...] d'accorder cette première visite à Astana. [...] Ils comprennent parfaitement les intentions du Kazakhstan, son désir d'être leader dans la région. Mais, pour l'instant, la Russie n'a aucun besoin de lui accorder clairement cet avantage". (Belyï parous, 26.05).

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала