Obama aborde un second marathon

S'abonner
Par Dmitri Gornostaïev, RIA Novosti
Par Dmitri Gornostaïev, RIA Novosti

Avec la fin des primaires aux Etats-Unis, un certain vide informationnel est apparu autour des élections américaines de 2008. Tout le monde se prépare à présent à la lutte que vont se livrer le républicain John McCain et le candidat démocrate Barack Obama.

Les primaires, surtout la longue course qui a conduit chez les démocrates à la victoire difficile de Barack Obama, ont donné à un grand nombre de personnes l'illusion que ce dernier sera bien le futur président des Etats-Unis. Mais battre Hillary Clinton sur le terrain démocrate n'est rien par rapport à la lutte qui s'engage contre le candidat républicain, cette fois-ci pour les voix de tous les Américains, indépendamment de leurs sympathies pour tel ou tel parti.

Pour l'instant, les deux adversaires se jaugent. Ce processus a commencé il y a quelques semaines, lorsqu'Obama et McCain ont réduit peu à peu leurs campagnes médiatiques à un échange d'invectives réciproques, alors qu'Hillary Clinton refusait toujours de s'avouer vaincue.

La campagne présidentielle-2008 a été l'une des plus intéressantes dans sa première partie. Apparemment, le final devrait également être intéressant. Pour l'instant, les deux rivaux peuvent confronter leurs positions au travers des sondages d'opinion, d'après lesquels ils ne sont séparés, en moyenne, que de 3 à 5 points (c'est-à-dire pratiquement dans les limites de la marge d'erreur statistique), la préférence revenant tantôt à l'un, tantôt à l'autre, bien que ce soit Barack Obama qui arrive le plus souvent en tête. En début d'année cependant, ces mêmes sondages donnaient vainqueurs Hillary Clinton chez les démocrates et Rudolf Giuliani chez les républicains...

D'ailleurs, les sondages ne sont pas l'unique champ de bataille sur lequel peuvent s'affronter les futurs candidats en attendant leur investiture formelle lors des congrès des deux partis qui se tiendront dans deux mois et demi. Un des principaux facteurs déterminant le choix des Américains est l'image renvoyée par le candidat: son aspect extérieur et sa façon de parler. En somme, l'important n'est pas tant ce qu'il dit que comment il le dit.

Les résultats du vote dépendent non pas des électeurs démocrates ou républicains, mais des Américains sans-parti qui peuvent parfaitement voter aujourd'hui pour un républicain et demain pour un démocrate. Ce qui compte pour eux, c'est n'est peut-être même pas le programme, mais plutôt l'image du candidat, sa capacité à avoir l'air plus fort, à être un leader.

Un récent sondage effectué en collaboration avec des médias américains des plus influents - la chaîne de télévision NBC et le Wall Street Journal - l'a de nouveau confirmé: les trois quarts des sondés ne connaissent pas les objectifs poursuivis par chacun des candidats! Autrement dit, 75% votent simplement par intuition. D'ailleurs, il n'y a là rien d'étonnant pour cet immense pays. L'Amérique distingue les principaux prétendants par leurs noms, la couleur de leur peau et leur âge. Nombreux sont ceux qui les distinguent par leur appartenance à tel ou tel parti. Seulement un sur quatre est en mesure de dire en quoi le président Barack Obama se distinguera du président John McCain.

Ce sont les débats qui aident ordinairement à faire la différence. Depuis plus de trente ans qu'ils sont organisés, ils ont maintes fois influé considérablement sur le choix des Américains. Mais on est encore loin des débats télévisés obligatoires. D'ailleurs, certains défauts de la préparation de Barack Obama à cette étape importante transparaissent déjà. Le sénateur de l'Illinois a refusé d'accepter la proposition de John McCain de participer à une série de duels oratoires. Cela diminuera certainement le nombre des partisans d'Obama. En effet, le refus de combattre suscite des doutes quant à la capacité de vaincre, alors que les Américains sont habitués à élire le plus fort. Ceux qui refusent le combat n'ont pas les faveurs de l'électeur.

John McCain a déjà commencé à s'appuyer dans sa campagne sur la crainte manifestée par Barack Obama pour les débats publics.

Il y a deux semaines, le candidat démocrate a proposé à son tour sa propre variante de débats, qui a été rejetée par son rival. Mais cela n'a pas été trop reproché à John McCain, car il était bien sûr le premier à avoir fait ce genre de proposition.

Les prompteurs sont un autre malheur de Barack Obama (John McCain a lui aussi des problèmes de ce genre, mais dans une moindre mesure). Le sénateur démocrate sait parfaitement animer la foule en se tournant tantôt vers la partie gauche de l'auditoire, tantôt vers sa partie droite, où sont installées les plaques transparentes des prompteurs. En cas de panne technique, le texte se déplace trop rapidement ou, au contraire, trop lentement, alors la difficulté du sénateur noir à s'exprimer lui-même devient évidente, ce qui n'a pas manqué d'être maintes fois constaté par les chaînes de télévision.

Cela pose une question légitime aux électeurs: que peut dire Barack Obama lui-même, sans prompteur, au sujet des impôts ou de la guerre en Irak? Qui lui écrit ses discours? Et jusqu'à quel point est-il indépendant dans ses idées, ses paroles et ses décisions? Ces questions abondent dans les commentaires des vidéos en ligne sur YouTube montrant Barack Obama lors d'une nouvelle panne de prompteur.

Cela est également arrivé plus d'une fois à John McCain, mais, après une pause de courte durée, il commence ordinairement à s'exprimer de lui-même. Quant à Barack Obama, il répète souvent la même phrase dans diverses variantes en attendant l'aide des techniciens.

Les chiffres et les faits manipulés avec désinvolture par le candidat démocrate sont un autre problème: il peut soudain affirmer qu'il a déjà parcouru 57 Etats américains, ou annoncer la mort de dix mille personnes au cours d'une tornade qui n'a tué, en réalité, que douze Américains. En Russie, sa bourde la plus connue est l'histoire d'un de ses oncles qui aurait été parmi les premiers soldats américains qui ont libéré Auschwitz (en fait, libéré par l'Armée soviétique).

Bref, l'état-major de Barack Obama a matière à réflexion au cours de la préparation de l'étape suivante, la plus importante. Un grand danger le guette, s'il estime que la victoire difficile - et, par conséquent, précieuse - remportée sur Hillary Clinton lui assurera une victoire facile dans la lutte contre le vieux républicain McCain et s'il cesse de faire attention à ses défauts.

A l'étape finale, les enjeux sont très élevés et les concurrents effectuent non un sprint, mais un véritable marathon, dans lequel une échappée à mi-distance n'est pas toujours utile, car ce n'est qu'un succès intermédiaire.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала