Revue de la presse russe du 30 juin

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MOSCOU, RIA Novosti

Nezavissimaïa gazeta, Vedomosti

Nouveau clash entre Moscou et Tallinn

Comme prévu, le coup d'envoi aux négociations sur un nouvel accord Russie-UE a été donné à Khanty-Mansiïsk, mais un scandale inattendu a néanmoins éclaté: au cours du Congrès des peuples finno-ougriens qui a suivi le sommet russo-européen, le président estonien Toomas Hendrik Ilves a appelé les petits peuples de la Russie à l'autodétermination, lit-on lundi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et Vedomosti.

S'entretenant avec Dmitri Medvedev lors de la première rencontre entre dirigeants russe et estonien depuis 14 ans, Ilves avait proposé de réduire la rhétorique publique dans les rapports bilatéraux. Mais, en prenant la parole au congrès, le président estonien a soudain déclaré: "Nous (Estoniens) avons opté pour la liberté et la démocratie. De nombreux peuples finno-ougriens auront également à faire ce choix".

Konstantin Kossatchev, président du comité des Affaires internationales de la Douma (chambre basse du parlement russe), a immédiatement réagi à la déclaration du chef de l'Etat estonien qui sous-entend, selon lui, une invitation à songer à l'autodétermination. M. Kossatchev estime que cela est indigne d'un président, "qui ne comprend pas la différence entre la politique interétatique et interethnique". Après les propos critiques tenus par Konstantin Kossatchev au congrès sur l'oppression des Russes dans les pays baltes, la délégation estonienne a quitté la salle.

"Après cela, il faudra attendre à nouveau 14 ans avant que nos présidents se rencontrent", a prédit un membre de la délégation russe.

De l'avis de Valeri Tichkov, directeur de l'Institut d'ethnologie et d'anthropologie de l'Académie des sciences russe, l'idée même d'une communauté du monde finno-ougrien est très vulnérable du point de vue politique. "C'est une chose en Hongrie, en Finlande et en Estonie, où ces peuples forment la nation, c'en est une autre en Russie où ils constituent des minorités. Dans l'ensemble, la situation des peuples finno-ougriens [en Russie] n'est pas aussi catastrophique que certains le font croire. Ils disposent de toutes les formes d'autodétermination intérieure, de leurs propres autonomies ethniques territoriales, ils bénéficient d'un soutien sur le plan social et dans les domaines de l'enseignement et de la culture. Proposer l'autodétermination jusqu'à la création de son propre Etat est une forme cachée de séparatisme. L'Estonie elle-même n'admet pas l'autodétermination des Russes ou de la petite minorité finno-ougrienne résidant sur son territoire".

"Il n'y a aucun problème politique dans ce domaine, encore moins brûlant, estime Konstantin Voronov, chercheur à l'Institut d'économie mondiale et de relations internationales de l'Académie russe des sciences. C'est un problème "en sommeil" que nos partenaires estoniens souhaiteraient politiser".

D'après Dmitri Souslov, vice-directeur scientifique du Conseil pour la politique étrangère et militaire, "ce scandale ne peut pas se répercuter radicalement sur les rapports russo-estoniens qui laissent déjà à désirer et qui ne se sont pas rétablis après l'histoire du Soldat de bronze". Certes, un nouveau coup a été porté à la perspective de normalisation des rapports entre les deux pays, a fait remarquer l'expert: "L'Estonie entravera probablement les négociations sur un nouvel accord stratégique et fera traîner en longueur sa ratification".

RBC Daily

Poutine-Timochenko: entretien entre deux "futurs présidents"

Les premiers ministres Vladimir Poutine et Ioulia Timochenko se sont entretenus le week-end dernier à Moscou, lit-on lundi dans le quotidien RBC Daily.

Les parties ont manifesté une capacité inattendue à s'entendre sur les problèmes les plus sensibles: le prix du gaz pour les consommateurs ukrainiens, le stationnement de la Flotte russe de la mer Norie en Crimée et les perspectives d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Les partisans de Ioulia Timochenko ont déjà qualifié ses entretiens avec Vladimir Poutine de "sommet des futurs présidents". Les sceptiques rappellent que Viktor Ianoukovitch, qui convoite lui aussi la présidence ukrainienne, se rendra également à Moscou d'ici peu.

Vladimir Poutine a soudain annoncé que Moscou souhaiterait que le passage aux prix européens s'effectue graduellement, bien que les fournisseurs de gaz d'Asie centrale se proposent de le faire à partir du 1er janvier 2009. Les paroles du premier ministre russe peuvent être interprétées comme une intention de continuer à subventionner l'économie ukrainienne par les prix du gaz.

C'est probablement la raison pour laquelle Ioulia Timochenko a fait une déclaration conciliante sur la Flotte de la mer Noire et manifesté une certaine souplesse concernant l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, en promettant d'organiser un référendum à ce sujet.

Une source proche du bureau du premier ministre a affirmé que l'état d'esprit constructif était le principal résultat de cette rencontre bilatérale. "Enfin, les parties comprennent que le dialogue bilatéral est obligatoire en vue de régler les problèmes", a précisé le fonctionnaire.

Les avis des experts diffèrent sur les résultats de la rencontre. "La Russie n'a pas de stratégie bien réfléchie à long terme concernant l'Ukraine", a avancé Konstantin Simonov, président du Centre de conjoncture politique de la Russie. Il est impossible d'affirmer que la Russie mise sur la candidature de Ioulia Timochenko à la prochaine élection présidentielle ukrainienne. "D'ailleurs, on ne voit pas bien quel est le meilleur choix entre Ioulia Timochenko et Viktor Iouchtchenko, poursuit l'expert. A mon avis, cela revient au même". Il estime qu'aussi bien Ioulia Timochenko que Viktor Iouchtchenko se démarquent par leur imprévisibilité, ils sont tous deux des "représentants typiques de la culture politique ukrainienne".

Konstantin Zatouline, premier vice-président du comité pour les Affaires de la CEI (Communauté des Etats indépendants) à la Douma (chambre basse du parlement russe), conseille à son tour d'éviter d'aller trop vite en besogne en pariant sur les candidats ukrainiens. "Ioulia Timochenko dit en Russie et en Occident ce qu'on attend d'elle, rien de plus", estime-t-il.

De l'avis d'Andreï Ermolaïev, président du centre Sophia de Kiev, Moscou voit certainement en Ioulia Timochenko une femme politique ayant de bonnes perspectives. "Le Kremlin est intéressé par un changement de l'équipe au pouvoir en Ukraine, a-t-il déclaré. Sur qui misera Moscou, la question reste ouverte. Afin d'accroître son influence sur l'élite politique ukrainienne, Moscou gagnerait à attendre. Les négociations avec Ioulia Timochenko avaient pour but de tâter le terrain".

Selon certaines sources à Kiev, un autre candidat probable à la présidence ukrainienne, Viktor Ianoukovitch, compte effectuer une visite à Moscou d'ici deux semaines.

Business & Financial Markets

Gazprom veut séduire les automobilistes de l'UE

Gazprom a l'intention de proposer à ses partenaires européens de construire en commun un réseau de stations service pour les véhicules fonctionnant au gaz naturel, lit-on lundi dans le journal Business & Financial Markets.

De l'avis d'Alexeï Miller, patron du consortium, le gaz peut être une bonne alternative à l'essence et au gazole. Les experts estiment que les premières stations service gazières étrangères de Gazprom pourraient apparaître en Allemagne ou en Italie.

"La tentative de remplacer le carburant traditionnel par du biocarburant a entraîné la menace d'une crise alimentaire globale, alors que le gaz, surtout compte tenu des prix des types traditionnels de combustible, est une alternative réelle à l'essence et au gazole. Dès aujourd'hui, les dépenses d'exploitation pour une automobile alimentée à l'essence, par exemple, en Allemagne, sont 70% plus élevées que pour un véhicule fonctionnant au gaz", argumente le patron de Gazprom.

De nombreux pays de l'UE appliquent déjà des programmes publics spéciaux pour soutenir le passage des automobiles au gaz. "Rien que l'année dernière, l'emploi du gaz naturel pour le transport automobile s'est accru dans le monde de 30%. La tendance la plus marquée est observée dans les pays de l'UE. D'ici 2020, l'Europe prévoit de remplacer environ 10% de ses carburants traditionnels par du gaz naturel", affirme Alexandre Chtok, directeur du département Due Diligence de la compagnie 2K Audit - delovye konsoultatsiï.

Les analystes estiment que les groupes BASF, E.ON, ainsi que l'italien Eni pourraient être partenaires de Gazprom dans la création de stations service au gaz. "La réalisation de ce projet commencera probablement en Allemagne, estime Dmitri Lioutiaguine, analyste de la société d'investissement Veles Capital. Les Allemands attachent une grande importance à leurs dépenses, c'est pourquoi ils passent déjà avec plaisir de l'essence chère au gaz bon marché".

La compagnie russe s'est heurtée maintes fois à une résistance des autorités européennes dans ses tentatives de vendre directement au consommateur final. Par conséquent, l'idée de créer un réseau de stations service pour les véhicules au gaz pourrait ne pas faire l'unanimité en Europe. "C'est un marché très prometteur qui peut, sinon remplacer à l'avenir celui de l'essence, du moins y être une alternative. C'est pourquoi l'UE pourrait faire obstacle à l'apparition sur ce marché d'un joueur "étranger" d'une telle influence", estime Alexandre Chtok. Mais Dmitri Lioutiaguine fait remarquer que le marché est rentable, et que la mise en oeuvre de ce projet est plus probable que l'acquisition d'actifs énergétiques en Europe. En outre, fait remarquer Vitali Krioukov, analyste du groupe d'investissement Kapital, Gazprom pourra profiter du soutien de ses partenaires européens intéressés par une coopération à long terme avec le holding gazier.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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