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Un réacteur nucléaire à haute température refroidi au gaz pour 2020
La Russie prévoit de construire en 2020 un réacteur à haute température refroidi au gaz, a annoncé le patron de l'un des principaux bureaux d'études russes concernés.
Cette déclaration a été faite, plus, précisément, par Dmitri Zverev, directeur de la société Bureau d'études des constructions mécaniques (OKBM) Afrikantov (*). "Si un financement normal suit, ce projet de réacteur pourrait être achevé d'ici 2015, puis il sera soumis à toutes les expertises, a-t-il indiqué. En 2020, un exemplaire de démonstration sera construit. Il s'agit d'une technologie fondamentalement nouvelle, et avant d'entreprendre la production en série, il nous faudra bien vérifier comment le réacteur réagira."
"On travaille à l'élaboration de ce réacteur refroidi au gaz depuis les années 60-70, a noté le constructeur. Dans les années 80, il existait un vaste programme, mais ensuite il y a eu la récession. Aujourd'hui, on assiste à un rétablissement de la demande."
"Pour l'instant, il n'y a pas de gros programme engagé, a noté Dmitri Zverev, mais il existe une orientation prometteuse. Nous devons procéder à une étude marketing pour déterminer les besoins et l'intérêt pour ce réacteur." "Tous les pays se sont engagés dans cette voie. La Chine a déjà construit un réacteur refroidi au gaz, qui en est actuellement au stade de perfectionnement. Des réacteurs expérimentaux existent aux Etats-Unis et en France, et l'Afrique du Sud a elle aussi beaucoup avancé dans cette direction, a-t-il ajouté."
Le patron d'OKBM a relevé que les réacteurs nucléaires sont aujourd'hui destinés à produire de l'électricité et de la chaleur basse température pour le chauffage et le dessalement de l'eau, tandis que les réacteurs à haute température élargiront les possibilités d'utilisation des centrales. Le passage à une température d'un millier de degrés permettra d'utiliser la chaleur dans d'autres branches de l'économie. Notamment pour produire de l'hydrogène et fabriquer des engrais, ainsi que dans le secteur de l'industrie métallurgique.
Par ailleurs, a souligné Dmitri Zverev, le réacteur à haute température résoudra le problème de la non-prolifération de l'arme nucléaire. "Il (le réacteur) a pour particularité de tout brûler: il ne restera pas de combustible usagé, ce qui exclura son utilisation à des fins terroristes. Cela permettra de régler le problème de la non-prolifération et ce réacteur pourra être livré aux autres pays, a-t-il dit."
(*) L'entreprise OKBM a été créée en 1945 sur la base du Bureau d'études de l'Usine de constructions mécaniques de Gorki, afin de fabriquer des équipements pour l'industrie nucléaire. L'actuelle OKBM Afrikantov a elle-même succédé à l'entreprise d'Etat FGUP OKBM. L'OKBM Afrikantov a pour unique actionnaire la corporation étatique Rosatom. D'ici fin 2008, la totalité des actions d'OKBM Afrikantov auront été transmises à la société étatique Atomenergoprom.
De "l'eau légère" pour les voyages vers Mars
Les cosmonautes qui effectueront des voyages interplanétaires auront tout intérêt à boire de l'eau légère, une eau privée de ses isotopes lourds d'hydrogène et d'oxygène: elle les protègera de l'effet des radiations, affirme le professeur Iouri Siniak.
Outre les atomes "ordinaires" d'hydrogène et d'oxygène, il existe dans la nature des versions "lourdes" de ces atomes - les isotopes. Ceux-ci se distinguent par la présence de neutrons dans le noyau de l'atome. Ainsi, le noyau de l'atome d'un isotope lourd d'hydrogène, le deutérium, contient également, outre le proton, un neutron, tandis que le noyau d'un autre isotope, le tritium - contient deux neutrons. Rappelons que l'eau ordinaire contient 0,015% de deutérium.
L'eau lourde, qui contient du deutérium à la place de l'hydrogène, est utilisée depuis le milieu du XXe siècle dans les réacteurs nucléaires pour absorber les neutrons. L'eau lourde est toxique. Les plantes arrosées avec cette eau cessent de croître, et les animaux qui la boivent meurent quelques jours après.
Il en va tout autrement de "l'eau légère". A l'occasion d'une conférence à Moscou, consacrée à l'élaboration des systèmes de survie pour les vols spatiaux, le professeur Iouri Siniak, de l'Institut des problèmes médico-biologiques, a mis en relief les propriétés de cette eau. Les recherches, a-t-il souligné, ont montré que "l'eau légère", de laquelle le deutérium et l'oxygène lourd sont absents (ou dont leur concentration a été fortement réduite), possède toute une série de propriétés biologiques utiles. Entre autres, elle protège des radiations. Ainsi, des souris exposées à une dose de rayonnements considérable survivent nettement plus longtemps si elles boivent de l'eau légère. Il a également été établi que l'eau légère possédait des propriétés antitumorales: des expériences ont montré que cette eau freine le développement de certains types de tumeurs.
Iouri Siniak a expliqué à RIA Novosti que les recherches menées sur une eau dont les isotopes ont une composition modifiée avaient débuté par l'étude de l'eau de fonte, qui possède également des propriétés utiles. L'idée avait alors été avancée que ces propriétés étaient liées à ses caractéristiques isotopiques. "Nous avons décidé d'éliminer totalement le deutérium et d'observer comment agissait l'eau. Nous avons ensuite éliminé l'oxygène lourd. Nous avons décidé de procéder à des tests sur des végétaux, sur des animaux et sur l'homme afin de mettre en évidence ses propriétés anticancérigènes et antiradiations, a expliqué le professeur Siniak."
Pour les vols spatiaux, a poursuivi le chercheur, il serait particulièrement intéressant d'exploiter les propriétés antiradiations de l'eau légère. "Si nous organisons une expédition vers Mars, il n'y aura pas de ceintures magnétiques protectrices (la Terre est protégée des rayons cosmiques par son propre champ magnétique - Ndlr), c'est pourquoi le danger sera beaucoup plus important pour les cosmonautes et il faudra rechercher des méthodes, à la fois chimiques et mécaniques, permettant de réduire l'effet des radiations, a-t-il expliqué."
Le professeur a souligné par ailleurs que "tous les résultats auxquels nous sommes arrivés dans l'espace seront également applicables sur Terre". Les propriétés antiradiations de l'eau pourront ainsi être utilisées par les radiologues, le personnel des centrales nucléaires afin de diminuer le risque d'incidence des radiations. Les travaux que nous avons menés pourront servir à tout le monde, a indiqué en substance le chercheur. Iouri Siniak a toutefois bien spécifié que l'eau légère, privée de deutérium, n'était pas un médicament. "Ce n'est en aucune manière un remède absolu, mais elle peut aider l'organisme à lutter", a-t-il insisté.
Pollution: la Sibérie à la traîne, des progrès à Moscou
La Sibérie demeure la région la plus polluée de Russie, tandis qu'une amélioration se profile à Moscou.
Les territoires de la circonscription fédérale de Sibérie sont, de manière chronique, les plus pollués du pays, peut-on lire dans un panorama de l'état et de la pollution de l'environnement en Russie en 2007 établi par le Rosguidromet (Service fédéral de l'hydrométéorologie). Les plus importantes zones de pollution chronique, précise le Rosguidromet, résultent des rejets, depuis de nombreuses années, de substances polluantes par les entreprises des villes de Norilsk, Krasnoïarsk, Irkoutsk, Novossibirsk, Kemerovo. Les rejets de cuivre, de nickel et d'acide sulfurique enregistrés à Norilsk représentent ainsi, respectivement, 67%, 33% et 82% du volume total des déchets de ces substances pour toute la Russie, note ce document.
Le rapport souligne également que, globalement, dans le pays, la qualité de l'air des villes demeure insatisfaisante. Dans 135 villes (soit 67% de celles où le niveau a été évalué), on observe un niveau élevé ou très élevé de pollution. "En cinq ans, la tendance de l'évolution de la pollution de l'air montre que les concentrations moyennes des substances en suspension et de dioxyde d'azote ont augmenté de 3 à 5%, celles d'ammoniac de 7%, celle de formaldéhyde de 12,5%." Les sols soumis à une pollution chronique autour des centres industriels et des grandes villes occupent une superficie totale de 705.000 kilomètres carrés.
Selon la notation écologique attribuée régulièrement par l'organisation "Patrouille verte", les meilleures entités fédérales russes, en août-septembre 2008, étaient la région de Belgorod, l'arrondissement de la Tchoukotka, la république de l'Altaï, le territoire de l'Altaï, les régions de Novgorod, Vladimir et Kirov, la république de Touva et la région de Kalouga. Les entités les plus mal classées étaient l'arrondissement des Iamalo-Nenets, ainsi que les régions de Sverdlovsk et Tcheliabinsk. Les écologistes notent toutefois que même dans une région comme celle de Tcheliabinsk, qui occupe régulièrement la plus mauvaise place, cette notation est mentionnée fréquemment dans les médias locaux, ce qui peut inciter le Parquet régional à se montrer plus actif dans ce domaine.
La région de Moscou a pour sa part enregistré des résultats positifs, passant de la 58e place à la 49e (sur les 84 entités que compte la Fédération de Russie). Selon les écologistes, toute une série de mesures positives prises par les autorités municipales ont joué sur ce classement. Ils citent notamment la limitation de l'entrée des voitures dans le centre de Moscou, les nombreuses actions menées pour nettoyer la ville de ses ordures, initiatives qui revêtent un caractère à la fois concret et éducatif, les mesures prises pour l'éducation écologique et l'information de la population, ainsi que les efforts réels des organes de surveillance chargés de couper court aux infractions en matière de protection de la nature.
La ville de Moscou a par ailleurs annoncé un programme important d'aménagement des plans d'eau de la capitale. Près de 70 nouveaux plans d'eau feront prochainement leur apparition, selon Andreï Tsybine, responsable du département logement, gestion communale et aménagement de la ville. "Nous prévoyons d'aménager d'ici 2011, a-t-il dit, vingt-cinq étangs ayant un intérêt ornemental, neuf plans d'eau pour la baignade, quatre étangs pour les sports nautiques et la pêche, sept sur le territoire de parcs historiques et vingt-trois dans le cadre de la protection de la nature."
Arctique: la glace fond, les animaux trinquent, l'homme réagit
Les scientifiques et les écologistes constatent la détérioration de la couverture glaciaire. Ce qui n'est pas sans conséquences, entre autres, sur les animaux. Mais l'homme peut aider ces derniers, comme le montre l'exemple de la Tchoukotka, où a été aménagé le plus grand site terrestre au monde d'accueil de morses. RIA Novosti, ainsi que les sites nkj.ru et annews.ru se sont fait l'écho de ces modifications.
L'expédition Arktika-2008 vient de s'achever après un périple d'une quarantaine de jours, long de quelque 13.000 km. Le navire Akademik Fedorov a effectué à cette occasion sa 28e campagne (la 7e dans les latitudes élevées de l'Arctique). Le responsable de cette expédition, Vladimir Sokolov, a confirmé, à son issue, que les scientifiques avaient constaté un processus de destruction de la couverture glaciaire dans le bassin arctique. L'an dernier, la destruction des glaces dans l'Arctique avait atteint le niveau le plus important de toute l'Histoire. Cette année, ce processus est moindre. Les chercheurs disposent désormais de toutes les données pour pouvoir établir des prévisions.
Ces premières constatations faites par les chercheurs au cours d'Arktika-2008 sont confirmées et précisées par les spécialistes du WWF Russie. Ils ont, eux aussi, relevé une diminution moins importante de la superficie des glaces, cette année, par rapport à l'année record de 2007. Mais l'épaisseur de la glace est, selon eux, désormais bien moindre. "Si l'on tient compte du fait que la glace est globalement plus fine que l'année dernière, alors cette année, il y en a moins dans l'Arctique qu'il y en a jamais eu depuis le début des observations, a insisté Martin Sommerkorn, spécialiste du changement climatique au WWF. Cette année, pour la première fois, le passage Nord-Ouest au-dessus de l'Amérique du Nord et de toute la Route maritime du Nord de la Russie est demeuré dégagé des glaces."
Dans ces conditions, les animaux sont les premières victimes de cette diminution et de cette fragilisation de la couverture glaciaire. Le changement climatique a conduit, ainsi, à ce que la couverture de glace dans la mer des Tchouktches et les mers baignant la Sibérie Orientale soit désormais quasiment absente en été. Dans ces conditions, c'est sur le littoral, et non plus sur des bancs de glace, que les morses peuvent trouver refuge.
L'an dernier, déjà, les écologistes et les habitants de la Tchoukotka avaient aménagé, au cap Kojevnikov, un vaste espace terrestre pour permettre aux morses du Pacifique de se reposer et aux femelles de mettre bas. Cette année, dans la dernière décade de septembre, 5 à 6.000 morses avaient déjà envahi ce site, tandis qu'une dizaine de milliers d'autres se trouvaient dans l'eau. En 2007, ce sont au total une cinquantaine de milliers de morses qui ont trouvé asile sur le cap Kojevnikov, faisant de cet endroit la plus grande aire terrestre au monde d'accueil de ces animaux. Une demande a été adressée aux responsables de l'expertise écologique d'Etat pour que le cap Kojevnikov soit reconnu comme un nouveau territoire protégé de la Tchoukotka.
Il est à noter que les membres de l'expédition Arktika-2008 ont eu la surprise, pour leur part, de découvrir une colonie de 110 morses de l'Atlantique (*) installée sur l'île Ouchakov (au Nord de la mer de Kara). Selon Maria Gavrilo, porte-parole de l'Institut de recherche de l'Arctique et de l'Antarctique, jamais auparavant ces animaux n'avaient été vus sur un territoire situé autant à l'Est.
(*) Le morse de l'Atlantique se distingue de son cousin du Pacifique par ses défenses, sa taille plus petite et une silhouette quelque peu différente. Il est inscrit sur le Livre rouge de la Russie et de la planète. Sa population été fortement affectée par une chasse excessive. C'est une sous-espèce protégée depuis le milieu du siècle dernier.
