Revue de la presse russe du 29 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Ventes d'armes à la Géorgie: retour de flamme pour le président Iouchtchenko

Le scandale autour des livraisons d'armes ukrainiennes à la Géorgie prend de l'ampleur à Kiev, lit-on mercredi dans le quotidien Kommersant.

Le sujet de "l'armement de l'agresseur" a été repris au vol en Russie: le président Dmitri Medvedev a promis hier de "ne pas oublier" ceux qui ont armé le régime de Mikhaïl Saakachvili. Bien que le mot "Ukraine" n'ait pas été prononcé, sa déclaration montre clairement que c'est bien à ce pays que la Russie a le plus de questions à poser.

Du matériel de guerre et des armements (pas seulement défensifs) ont été livrés à la Géorgie par plusieurs pays. Par exemple, six lance-roquettes multiples RM-70 de 122mm, 24 canons automoteurs Dana et 70 chars T-72 ont été achetés à la République tchèque. A la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie a acheté cinq lance-roquettes multiples longue portée M-87 Orkan de 262mm. La Bulgarie (mortiers et systèmes antichars) et la Grèce (mortiers) figurent également sur la liste des fournisseurs.

Prudents, les Israéliens se sont bornés, dans leur coopération militaire avec la Géorgie, à des livraisons d'armements défensifs. Les Géorgiens ont également demandé à acheter 300 chars Merkava, ce qui leur a été refusé net. En choisissant de faire preuve de précaution, les Israéliens ont vu juste. La tension apparue entre la Russie et Israël au sujet des livraisons d'armes à la Géorgie a rapidement disparu, à partir du moment où Moscou a pris connaissance des détails.

C'est l'Ukraine qui est en tête de la liste des fournisseurs d'armements à l'armée géorgienne. Le moins que l'on puisse dire est que cette dernière n'a manqué de rien: 90 chars T-72, sept hélicoptères d'attaque Mi-24, des canons d'artillerie automoteurs et, c'est là l'essentiel, des éléments du système de DCA: radars et missiles antiaériens.

Du point de vue juridique, il est impossible de s'en prendre aux Ukrainiens. Les réclamations doivent être avancées plutôt à la Géorgie qui, en acquérant des armes ukrainiennes de tous types, a dépassé les limites imposées par le Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE).

Il convient de signaler comment cela a été fait. Les systèmes de missiles de DCA Buk-M1 et Osa-AK/AKM destinés à la Géorgie ont été retirés du service: une pratique exceptionnelle dans l'histoire militaire contemporaine. Les contrats ont été conclus très rapidement. Leurs montants réels sont inconnus jusqu'à présent. En outre, tout le monde savait que les armes ukrainiennes seraient employées justement dans une guerre contre les républiques non reconnues, par conséquent, contre la Russie.

Pour l'instant, la commission d'enquête extraordinaire ukrainienne chargée de cette question n'a fourni aucune preuve sérieuse de livraison d'armes illégales à la Géorgie. Mais on peut être certain qu'elle ne s'arrêtera pas de travailler. Les scandales au sujet des armes ont trop souvent permis à l'opposition de renverser le pouvoir en place. L'administration du président "orange" Viktor Iouchtchenko a en fait donné carte blanche à l'opposition.

Vedomosti

Russie-Chine: le pétrole russe coulera aussi vers l'Orient

La menace de la Russie de rediriger ses exportations de pétrole vers la Chine pourrait bien devenir une réalité, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

Cette menace a jusque-là été plutôt rhétorique et n'a jamais laissé entrevoir de possible réalisation à court terme. La crise financière, qui pourrait entraîner une récession économique, a cependant brouillé toutes les cartes. Aux divergences politiques entre la Russie et l'Occident se sont ajoutés de nouveaux risques, liés à la baisse de la demande solvable en Europe, et à l'endettement important des fournisseurs de matières premières. Compte tenu de tous ces facteurs, la voie orientale pour les livraisons russes pourrait s'imposer comme une nécessité dans un avenir assez proche, c'est-à-dire que les positions de Pékin dans ses relations avec Moscou ne feront que se renforcer.

Les progrès obtenus en matière de pétrole dans les relations russo-chinoises, notamment l'accord Transneft-CNPC sur la construction et l'exploitation d'une branche du gazoduc VSTO (Sibérie orientale - Pacifique) jusqu'à la frontière chinoise, ainsi que la reprise des négociations actives sur les livraisons de brut en Chine entre Transneft, Rosneft, CNPC et Sinopec, s'expliquent pour la plupart par les effets de la crise. Pendant longtemps, les parties n'ont pu se mettre d'accord sur la formule du prix (les Chinois souhaitaient acheter le pétrole moins cher que le prix du marché), mais les cours des hydrocarbures sont actuellement en baisse, c'est pourquoi, apparemment, la Russie a accepté de faire des concessions. Premièrement, dans le contexte de la crise, des ventes supplémentaires feront du bien tant aux compagnies pétrolières qu'au budget russe. Deuxièmement, ces accords devraient impliquer l'octroi par des banques chinoises d'un crédit de 20-25 milliards de dollars à Rosneft et Transneft.

Vladimir Poutine a proposé au premier ministre chinois de réfléchir à une utilisation plus large des deux devises nationales dans le commerce bilatéral, critiquant une nouvelle fois le dollar. Il s'agit d'une stricte question de politique extérieure: la Russie et la Chine désignent presque dans les mêmes termes les Etats-Unis comme le principal responsable de la crise. Cependant, le dollar est actuellement en train de remonter, et il reste toujours la devise la plus fiable du monde, dont personne ne peut se passer. C'est pourquoi Wen Jiabao n'a pas souhaité évoquer cette question.

Bien que les échanges commerciaux entre la Russie et la Chine s'accroissent rapidement, ils restent néanmoins assez limités en valeur absolue: près de 43 milliards de dollars pour les trois premiers trimestres de 2008, avec un solde positif de 3,91 milliards de dollars pour la Chine. Moscou n'occupe que la septième position sur la liste des partenaires commerciaux de Pékin, tandis que la Chine est le troisième partenaire commercial de la Russie après l'Allemagne et les Pays-Bas. Le passage au rouble et au yuan dans le commerce bilatéral pourrait être avantageux pour les exportateurs et les importateurs, mais il n'affectera en aucune façon la dépendance des deux économies envers le dollar.

Une modification de la structure actuelle du commerce entre les deux pays reste également peu probable. Les matières premières représentent près de 90% de toutes les exportations russes en Chine. Des accords dans les domaines du nucléaire et de l'aéronautique pourraient augmenter les exportations russes de matériel, mais la part des hydrocarbures devrait elle aussi croître avec les livraisons de pétrole.

En tout cas, la coopération reste mutuellement avantageuse. La Chine, tout comme la Russie, subira un ralentissement de la croissance économique en 2009. Pékin connaît déjà des difficultés en matière d'exportation de ses produits manufacturés, mais ses réserves de change continuent d'augmenter, et il a toujours besoin de ressources énergétiques.

Nezavissimaïa gazeta

La crise donne plus de champ à la corruption financière

Si la crise est une période de grandes pertes, elle est aussi une époque de larges possibilités, notamment pour les fonctionnaires corrompus, lit-on mercredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le soutien gouvernemental au système bancaire engagera à lui seul des centaines de milliards de roubles, le montant de l'aide de l'Etat à tous les secteurs de l'économie russe étant estimé à 5-6.000 milliards de roubles (145-175 milliards d'euros). Les mécanismes de distribution de cet argent sont loin d'être toujours clairs et transparents, ce qui crée un large terrain pour d'éventuels abus.

On ne sait pas comment et à quelles conditions la Vnesheconombank va distribuer les 50 milliards de dollars destinés au remboursement des crédits étrangers des grandes entreprises russes, compte tenu du fait que le total des requêtes se chiffre à plus de 100 milliards de dollars. Même si cette question est examinée publiquement lors d'une commission de surveillance de la banque, le manque de critères bien définis remet en question l'impartialité des fonctionnaires responsables de la prise de ces décisions. Le gouvernement n'a défini pour le moment qu'un seul critère: la possibilité que les paquets d'actions des grandes entreprises faisant office de garantie pour des crédits tombent entre les mains de structures étrangères en cas de non-octroi de l'aide de l'Etat. Cela concerne cependant la plupart des requêtes, si ce n'est la totalité d'entre elles.

Le projet de placement de 40% du Fonds du bien-être national (près de 20 milliards de dollars) dans les titres russes semble encore plus vague. La semaine dernière, un tiers de cette somme a été transféré à la Vnesheconombank pour des investissements sur le marché boursier. Le sort de cet argent reste inconnu.

Dans ces conditions, il suffit pour faire fortune d'obtenir en premier l'information nécessaire et d'acheter les titres correspondants. Ainsi, la source et la personne qui investit dans les titres qui vont être rachetés par la banque se garantissent un revenu conséquent. L'opacité du mécanisme d'investissement des ressources du Fonds du bien-être national a donné lieu à un grand nombre d'hypothèses désagréables sur le marché boursier. La semaine dernière, dans les conditions d'une activité financière très limitée, la bourse a vu apparaître plusieurs requêtes sur l'achat immédiat d'un million d'actions de grandes entreprises. Certains experts ont supposé que des fonctionnaires proches du pouvoir, possédant une information exclusive, rachetaient certains titres en particulier afin de les revendre par la suite à la Vnesheconombank à des prix plus élevés. D'autres ont imaginé que la banque elle-même permettait à ses grands actionnaires de minimiser leurs pertes à la veille d'une nouvelle chute du marché. Ces hypothèses n'ont cependant reçu ni confirmation, ni démenti officiel.

En outre, la Banque centrale recevra bientôt le droit de définir par elle-même quelles banques (et de quelle manière) doivent être assainies ou mises en faillite, fusionnées avec des structures plus importantes ou vendues à des concurrents pour une bouchée de pain.

Novye izvestia

Autodéfense: la plupart des Russes sortent sans arme

Quatre Russes sur cinq sortent sans aucun moyen d'autodéfense, en se fiant à leur capacité à se battre ou à leur "ange gardien", lit-on mercredi dans le quotidien Novye izvestia.

Seuls 2% des Russes portent des armes à feu. Tels sont les résultats d'un sondage d'opinion présenté hier par SuperJob.ru. Les experts expliquent cela par le fait que la majorité de la population ne s'est jamais retrouvée dans une situation dans laquelle des moyens d'autodéfense auraient pu s'avérer utiles.

La bombonne de gaz lacrymogène est l'arme d'autodéfense la plus populaire. 5% des Russes adultes et une femme sur quatorze en emportent une partout avec eux. Les hommes préfèrent les armes blanches et les armes non-létales (4% pour chaque). "Je porte un couteau parce que je pense qu'il pourrait me servir, mais, en fait, je ne l'ai jamais utilisé", a confié un des participants au sondage. Un autre a avoué qu'en portant une arme blanche, il se sentait "plus tranquille".

"Le port d'armes à feu à des fins d'autodéfense aurait dû être autorisé depuis longtemps en Russie pour les citoyens respectueux des lois, estime un autre sondé. Mon pistolet m'a sauvé la vie trois fois, je lui suis reconnaissant pour cela".

Un citoyen sur cent est doté d'une arme à air comprimé, un sur trente d'une arme à impulsion électronique.

82% des sondés ont déclaré ne porter sur eux aucun moyen d'autodéfense. Nombreux sont ceux qui ne voient pas l'intérêt d'avoir une arme, estimant qu'ils ne pourront pas s'en servir correctement au moment opportun. "Les armes poussent souvent l'agresseur à un comportement extrême", estime en outre une partie des sondés.

De l'avis de certains, il vaut mieux parfois fuir que porter un objet lourd. D'autres, fatalistes, pensent que, peu importe les armes que l'on a avec soi, si l'agresseur cherche à blesser ou à tuer, il y parviendra. Ceux qui maîtrisent les arts martiaux sont enclins à compter sur eux-mêmes.

Les sondés ont également proposé leurs propres méthodes d'autodéfense. Par exemple, une femme affirme porter "un gros livre de psychothérapie qui peut être mortel". Un autre sondé estime qu'après une journée de travail, l'expression sur son visage est telle que personne ne voudra l'attaquer.

Selon les experts, l'achat de moyens d'autodéfense est justifié. "Depuis un an, dans plus de 600 cas enregistrés, les bombonnes de gaz lacrymogène, matraques et autres armes non-létales ont donné des résultats réels", affirme le général des troupes de l'Intérieur Alexandre Gourov, député à la Douma (chambre basse du parlement russe). D'autant que la loi permet de porter n'importe quels coups à un agresseur. "Si on vous attaque et qu'on commence à vous étrangler, il vous faudra essayer de tuer, et vous serez dans votre droit", conseille le général.

"La fuite reste cependant le meilleur moyen de défense. J'estime que, quelle que soit la menace, il vaut mieux s'enfuir. On peut également proposer une somme d'argent", explique Roman Kim, vice-président de la Fédération russe de boxe, aux lecteurs du quotidien Novye izvestia.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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