Faina: quel sort pour les armements à bord?

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Le cargo ukrainien Faina, chargé de chars, d'armements et de munitions, a été arraisonné par des pirates somaliens le 25 septembre dernier à proximité du port de Hobyo. Le capitaine du navire, un citoyen russe, est décédé des suites d'une crise cardiaque. L'équipage du Faina connaît actuellement de sérieux problèmes d'alimentation et d'eau potable.

Les pirates, qui réclamaient initialement une rançon de 35 millions de dollars, ont déjà plusieurs fois changé ce chiffre (la somme minimale étant de cinq millions). Pour l'instant, ils réclament 8 millions de dollars en échange du cargo et de la libération de son équipage. Ils n'ont cependant aucune intention de restituer la cargaison du navire. Selon les informations de la compagnie Tomex Team, propriétaire du Faina, les pirates envisagent de "détruire les armes" ou de les jeter à la mer. D'ailleurs, il ne s'agit que de pures déclarations. Qui plus est, il n'est pas du tout facile de "détruire" un char.

Dans l'histoire du Faina, il y a jusqu'ici plus de questions que de réponses. En premier lieu, on ne connait pas encore très bien la composition de la cargaison. On sait que 33 chars T-72, et une quantité indéterminée d'armes légères d'infanterie et de munitions se trouvent à bord du cargo. Selon certaines informations, le Faina transportait également des lance-roquettes multiples Grad et des moyens de défense antiaérienne. Le destinataire final de la cargaison est lui aussi longtemps resté inconnu. Certaines sources annonçaient que les T-72 et autres armements étaient destinés au Soudan, qui fait actuellement l'objet de sanctions internationales. Cependant, le ministère kenyan de la Défense, qui a reconnu avoir commandé le matériel militaire transporté par le Faina, a par là-même levé les accusations de violation des sanctions internationales pesant sur l'Ukraine.

Néanmoins, le sort de ces armes reste en suspens. Si les pirates arrivent à décharger les chars et les autres armements lourds, théoriquement, il pourrait se trouver un acheteur pour les récupérer. Or, une telle quantité d'armes relativement modernes dans une région aussi agitée pourrait exercer une sérieuse influence sur l'équilibre des forces en Somalie, en sapant les positions du gouvernement de transition reconnu par la communauté mondiale. Par ailleurs, il convient de reconnaître qu'un tel déchargement, qui nécessite beaucoup de temps et un port aménagé pour cela, reste problématique, et les pirates ne seraient pas à même de l'effectuer, compte tenu de la présence dans les eaux territoriales somaliennes de nombreux bâtiments de guerre de la "coalition anti-pirates". A la limite, les pirates pourront débarquer les armes légères d'infanterie et les munitions, ce qui n'arrangera certainement en rien la situation de ce pays déchiré par la guerre civile.

Il faut en outre tenir compte d'un autre facteur. Les pirates ne peuvent pas ignorer que dès que les otages seront en sécurité, les forces internationales feront tout leur possible pour retrouver et juger les participants à l'assaut du Faina ainsi que les bénéficiaires de la rançon. Les pirates pourraient alors essayer de conserver une partie des otages en vue de garantir leur propre sécurité, jusqu'à ce qu'ils se trouvent à l'abri.

En tous les cas, quel que soit le dénouement de la situation autour du Faina, l'histoire de la piraterie somalienne est encore loin de s'achever, et pour remettre de l'ordre dans les eaux environnantes, il faudra déployer de grands efforts. Le navire d'escorte russe Neoustrachimy, qui commence à patrouiller dans le golfe d'Aden, aura sans doute du fil à retordre.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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