La victoire de La Moskova

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Le 7 septembre 1812, lundi. Champ de bataille de La Moskova/Borodino. La bataille entre les deux armées continue. Pour les deux chefs militaires, lundi justifie sa mauvaise renommée de jour difficile.

Le 7 septembre 1812, lundi. Champ de bataille de La Moskova/Borodino. La bataille entre les deux armées continue. Pour les deux chefs militaires, lundi justifie sa mauvaise renommée de jour difficile.

La caractéristique de la bataille, selon les historiens français, est curieuse du point de vue de l’état d’esprit des deux chefs militaires. On peut dire avec un certain degré de probabilité que vers la troisième heure de combat, c’est-à-dire vers huit heures et demie du matin, Napoléon était dans un état presque euphorique. Certains croient que la raison de cela réside dans la tisane à l'opium que le médecin de l’Empereur lui avait prescrite. A cette époque, l’opium était utilisé surtout comme un remède contre le refroidissement. L’empereur a cru que les soldats russes commençaient a quitter petit à petit leurs positions devant les flèches de Semionovskoïe au milieu de la ligne du front. Vers 11 heures, le Maréchal Ney s'empare des flèches de Bagration mais il est chassé de cette position par une contre-attaque russe. Enfin à 11 h 30, Ney s'emparait définitivement des flèches de Bagration, le dispositif russe était menacé mais la bataille était encore loin d'être gagné.Cet épisode de la bataille fut commencée vers 6 heures du matin et ne fut pas une partie de plaisir comme nous allons le voir.


Koutouzov fut informé que la batterie du général Raevsky qui subissait des attaques furieuses, tenait bon. Les soldats faisaient preuve d’un héroïsme sans pareil. Un régiment de chasseurs russes a contré une l’attaque sur le village de Borodino. Un des officiers de Napoléon – le Colonel du 106e régiment, Plauzonne, qui avait dirigé l’opération de la prise du village, a péri. Une grosse part d’officiers de son régiment sont également restés sur le terrain. Lorsque Napoléon l'a appris, il y a envoué sur-le-champ de nouveaux effectifs et un nouveau commandant. A la suite d’un terrible combat, le village de Borodino fut quand même pris par les Français, les russes opposent partout une résistance acharnée et désespérée. A partir de midi, les événements se succèdent comme dans un kaleidoscope. Un adjudant arrive pour annoncer que la division du général Compans s’est retrouvée sous le tir de la batterie de Raevsky. Compans est blessé, ses officiers sont blessés ou tués. Le maréchal Davout qui s’est précipité à l’aide de Compans, a attaqué les batteries russes. Il les a pris et les cannoniers russes ont été embrochés et tués sur leurs canons, comme à Chevardino deux jours plus tôt, car ils se refusaient à battre en retraite.

Un officier de Koutouzov, l’adjudant Païssi Kaisarov annonce que l'artillerie russe a tué un des meilleurs maréchaux de Napoléon – Davout, qui n’avait jamais perdu une seule bataille. Plus tard, il s’avèra que c’était le cheval du maréchal qui avait été tué par un boulet et que Davout lui-même en était quitte pour une commotion sans gravité, et avait continué à se battre à la tête de ses troupes dirigeant les assauts contre les redoutes de Bagration puis contre la redoute de Raevsky. Durant ce temps, Napoléon recevait des nouvelles de toutes les parties du champ de bataille. A peine eût-il écouté les rapports et donné les nouveaux ordres, qu'il fut informé que le maréchal Ney avait foncé avec trois divisions les flèches de Bagration que les grenadiers russes défendaient. Il restait en possession de ces redoutes mais les Russes l’attaquaient frénétiquement. La division du général Neverovski lance une contre attaque et déloge les fantassins du maréchal Ney des flèches. Ney, qui recevra le surnom de "Brave des Braves" pendant cette campagne n'était pas homme à lacher prise. Il relança l'attaque et comme nous l'avons dit s'empara vers 11 h 30 et de manière définitive des flèches de Bagration.

Le prince Bagration fit preuve d’un courage extrême, menant personnellement les grenadiers à l’attaque. En tout, il y avait trois redoutes puissantes érigées avec des troncs d’arbres et des branches. Les français avaient attaqué une de ces redoutes, mais leurs grenadiers ont été si violemment attaqués à la baïonnette et ils ont dû battre en retraite, ayant subi de grosses pertes. Murat a fini par prendre cette flèche, par une de ses fameuses charges au prix de nombreuses vies. Durant cette bataille, les russes avaient l'avantage d'avoir préparé le terrain, un terrain par ailleurs favorable à la défense et qui avait été choisi nous l'avons dit pour ses facilités de défense. Koutouzov malheureusement n'avait pas écouté les sages conseil de Barclay, mais malgré cela, la position restait très forte. Napoléon aurait pu manoeuvrer pour battre les russes, mais il avait besoin d'une bataille frontale, les manoeuvres comportaient un important risque qu'à nouveau les russes esquives les français, notamment avec un général aussi prudent que Koutouzov.

Le champ de bataille était parsemé de collines que les chasseurs russes utilisaient comme abris. Il y avait également la fosse Semionovskoïe qui traversait presque tout le champ de bataille. Profitant de cette espèce d’abri naturel, le général Raevski parait, avec son artillerie, à presque toutes les attaques de la cavalerie de Murat. Pour déployer les opérations de la cavalerie française, il fallait prendre avec de gros efforts pratiquement chaque colline. Mais en fin de compte, le corps de Raevsky, subissait des pertes énormes, à portée de l'artillerie française toujours redoutable. Petit à petit, les défenseurs s'épuisaient, et les Maréchaux Ney et Murat dirigeaient de nouvelles attaques traversant la fosse de Semionovskoïe. La fosse et ses alentours ont été traversées plus d’une fois par les français et les russes au gré des attaques et contre attaques.

Vers 14 h 00, Napoléon ordonne l'attaque finale de la redoute de Raevsky. Koutouzov est loin, durant toute la bataille, il se tenait en effet à l'abri, bien loin des combats et incapable de suivre les événements essentiels de la bataille. C'était déjà un vieillard et il faut bien le dire, il fut incapable de mener à bien cette bataille. Ce fut Barclay de Tolly et Bagration qui menèrent les russes dans ce terrifiant combat. Barclay apercevant le danger d'une nouvelle puissante attaque sur la redoute de Raevsky y dirige du renfort. Ce renfort est toutefois exposé à l'artillerie française qui écrase sous son feu les colonnes russes. L'instant est dramatique. Bagration est mortellement blessé à la tête de ses soldats, la cavalerie russe tente de prévenir l'attaque française mais, les russes sont ramenés l'épée dans les reins par les cavaliers français. L'armée russe est ébranlée, son centre est en danger, et ses lignes en désordre, la défaite est dans l'air et les pertes surtout ont été extrêmement lourdes. Les pertes françaises sont sensibles bien que moindre, et cette journée a surtout coûté cher aux cadres de la Grande Armée, 49 généraux ont en effet été tués lors de la bataille. C'est une incontestable victoire française, Ney, Davout et Murat demande la Garde de Napoléon pour donner l'estocade aux russes, qui déjà retraitent, plus ou moins en ordre. Napoléon s'y refuse arguant du fait qu'il aura à livrer d'autres batailles, car si La Moskova était belle et bien une victoire, c'était une victoire tactique et non stratégique, une victoire coûteuse sans lendemain. Pour beaucoup, il commet là une erreur fatale, pour d'autres historiens l'intervention de la Garde n'aurait rien changé. Toujours est-il que Koutouzov lui n'a pas attendu la fin, il sait qu'il va devoir rendre compte, que Moscou est perdue et que son armée est dans l'incapacité de donner une nouvelle bataille de ce genre sous peine d'anéantissement complet. Il doit notamment pour se couvrir réunir un conseil pour décider... Dans l'apocalypse de cette fin de combat, Barclay se trouve même sans ordres précis, ses aides de camp découvre le général en chef déjà sur la route de la retraite. Il aura été avec Bagration le vrai héros de " Borodino ". Koutouzov lui sait qu'il a perdu une nouvelle bataille, mais il sait aussi qu'il n'a aucun droit d'accepter cette défaite, ni pour la Russie, ni pour le peuple russe, ni surtout vis-à-vis du Tsar qui ne lui pardonnerait pas...


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