La situation en Libye compromet l'unité de l’Union africaine

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La 17 ème  Session du Conseil de l’Union africaine (UA) s’ouvrira le 28 juin prochain à Malabo, la capitale de Guinée Équatoriale. En fait, ce n’est pas dans la capitale que la réunion se déroulera mais à dix km de celle-ci, à Sipopo, une petite ville construite spécialement pour accueillir les invités de cette rencontre, une première de la sorte à avoir lieu en Guinée Équatoriale. Sur l’ordre d’Obiang Nguema Mbasogo, le chef d’Etat et le président actuel de l’UA, les autorités du pays ont investi des sommes fabuleuses dans la construction à Sipopo des hôtels et des salles de conférences, dans l’aménagement d’une plage, d’un terrain de golf et des centres de communications les plus modernes. Plus 52 villas de luxe pour les chefs d’Etat africains en espérant les voir tous venir au sommet. La dernière rencontre au sommet à Addis-Abeba avait donné le thème à ce 17 ème  sommet de l’UA  «Accélérer l'autonomisation de la jeunesse pour le développement durable». Mais il semblerait, écrit notre commentateur  Alexeï Grigoriev, que ce sujet sera délaissé pour un autre, celui de la crise militaro-politique en Libye. En outre, les révolutions dans deux autres Etat d'Afrique du nord, en Tunisie et en Egypte, ne seront pas passées sous silence, tout comme les conséquences de celles-ci pour toute la communauté africaine. Selon Alexe ï  Vassiliev, directeur de l'Institut de l'Afrique, la vague des révolutions en Afrique du nord a substantiellement transformé la réalité géopolitique de cette partie du continent et les pays au sud du Sahara ne sont pas « vaccinés » contre le mouvement de contestations qui ont déferlé dans les pays situés plus au nord. Il faudrait analyser de façon objective les causes de ces révolutions, leur nature, les forces à leur origine et leur résultats pour se faire une idée de l'étape suivante du développement de tout le « continent noir », estime Alexe ï  Vassiliev. Et à notre commentaire de développer l'idée de celui-ci en disant qu'il est pourtant peu probable que les participants de ce 17ème Sommet de l'UA vont procéder à ce genre d'analyse. Il est également évident que ce sommet testera la stabilité de l'union des pays africains qui était un des piliers de l'Organisation de l'unité africaine à laquelle a succédé au début du 20ème siècle l'Union africaine. C'est ce principe d'unité qui a aidé pendant presque un demi-siècle de l'existence de ces organisations d'atteindre un consensus pour sortir des crises les plus difficiles. Aujourd'hui la situation et le rapport des forces au sein de l'UA est beaucoup plus complexe ce qui fait que les membres de celle-ci auront beaucoup plus de mal à se mettre d'accord. Mais aussi parce que le leader libyen Mouammar Kadhafi est pratiquement sorti de l'arène politique africaine, dit notre commentateur Alexe ï  Grigoriev. Tous les leaders africains n'avaient pas été ses fans. Nombreux étaient ceux qui avaient peur de ses idées extravagantes de transformer le visage politique du continent – par exemple, créer les Etats-Unis d'Afrique, un gouvernement ou une armée africains communs. Et pourtant Mouammar Kadhafi était devenu l'un des leaders de l'Afrique souvent en achetant tout simplement le soutien des autres. Aujourd'hui la personne même de Kadhafi et la crise libyenne qui s'est accentuée avec l'intervention militaire de l'OTAN, sont une sorte de pomme de la discorde pour toute le continent africain qu'on peut appeler plu tôt  « les Etats désunis d’Afrique». La crise libyenne divise chaque jour un peu plus le continent. De plus en plus de pays foulent aux pieds la position de l'Union africaine, qui continue à prôner le dialogue avec le guide libyen, un de ses plus importants bailleurs de fonds. Par ailleurs, les pays occidentaux font la pression sur la communauté africaine. Ainsi, dans son discours au siège de l'UA à Addis-Abeba le 13 juin dernier la secrétaire d'Etat américaine  Hillary   Clinton   a exigé des Etats africains   de   « suspendre   les   activit é s   des   ambassades   et  à  expulser   les   diplomates   pro - Kadhafi »… .  Aujourd'hui la communauté africaine est divisée en trois groupes distincts. Le premier qu'on appellera « neutre », est dans l'attente de la fin de la crise libyenne. Le deuxième fait tout pour faire Kadhafi partir. A sa tête il y le président rwandais  Paul   Kagame  mais aussi le président sénégalais  Abdoulay   Wade q ui a été le premier à s’être rendu à Benghazi et avoir établi les relations avec le Conseil national de transition. Le troisième groupe s'exprime pour le règlement pacifique du conflit libyen.  Le camp Kadhafi a l’oreille attentive de ses voisins sahéliens, en premier lieu le Mali et le Tchad, ainsi que de l’Algerie et de l’Afrique du Sud. Le président Jacob Zuma a même fait le voyage de Tripoli pour tenter, sans succès, une médiation.  La position de ce troisième groupe est semblable à celle prise par l'UA. C'est aussi la position de son président actuel et président de Guinée Équatoriale  Obiang   Nguema   Mbasogo  dont celui-ci a parlé entre-autres lors de sa visite à Moscou. Il a notamment dit au président russe Dmitri Medvedev qu'il saluait les efforts de la Russie de contribuer au règlement pacifique de la crise en Libye prôné par l'UA. Bref, l'ambiance régnant à Malabo à la veille de l'ouverture du sommet   est  é lectrique .  Le président  Obiang   Nguema   Mbasogo  qui a dépensé énormément d'argent et a fait pas mal d'efforts pour que cette rencontre au sommet soit un succès, aura probablement du mal à bien tenir ce sommet et de préserver l'unité africaine, un acquis commun et une sorte de fétiche pour toute la communauté de 53 Etats du continent.

 

 

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