« Al-Qaïda au Maghreb islamique » en pleine expansion au Sahel

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En intervenant vendredi dernier à l'Assemblée générale des Nations unies, le président nigérian Mahamadou Issoufou a insisté sur l'influence déstabilisante des événements en Libye sur le Sahel africain.

En intervenant vendredi dernier à l'Assemblée générale des Nations unies, le président nigérian  Mahamadou Issoufou a insisté sur l'influence déstabilisante des événements en Libye sur le Sahel africain. 

«  Des armes venues de Libye sont disséminées dans toute la zone sahélo-saharienne, avec le risque d'échouer entre des mains terroristes », a déclaré le chef d'Etat nigérian.  Manuel  Lopez-Blanco, coordonnateur du programme nommé « La Stratégie européenne pour la sécurité et le développement dans le Sahel », en avait déjà parlé.

« La crise libyenne, avait-il affirmé, a eu pour conséquence la prolifération d'armes au Sahel, l'émigration, la circulation de combattants qui, n'ayant plus d'employeurs, vont s'auto-employer dans le banditisme » Le Sahel, c'est plus de 10 millions de m ²  soit un tiers de la superficie du continent africain. C'est là où risque de prendre de la force l'une des plus puissantes organisations terroristes au monde,  « Al-Qaïda au Maghreb islamique » (AQMI).

L'AQMI est née de la fusion sous l'impulsion d'« Al-Qaïda » d'un mouvement islamique algérien avec des groupes terroristes semblables. Depuis 2006 cette organisation opère au Sahel et au Sahara. Aujourd'hui elle est surtout présente au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. Mais l'attention des combattants de l'AQMI est également attirée par les Etats situés au nord du Sahara. De temps à autre ils font des escapades dans les villes et les provinces algériennes mais aussi marocaines et tunisiennes pour y organiser un attentat ou deux. L'armée et les forces de sécurité y arrivent quand-même à tenir tête aux combattants de l'AQMI.

Les Etats du Sahel ne sont pas en mesure de faire de même. Les forces de sécurité réussissent tant bien que mal à résister mais il leur est impossible à contrôler tout le territoire. D'autant plus qu'il s'agit des régions les plus reculées, faiblement peuplés et difficiles d'accès dans le sud du Sahara et des territoires adjacents du Sahel. C'est là où les combattants de l'AQMI se sont implantés. Il y a un an des terroristes ont pris en otage un village des spécialistes européens dans une banlieue d'Arlit qui concentre la production de l'uranium au Niger. Sept personnes donc cinq Français de chez AREVA, ont été prises en otage. Il a fallu plusieurs mois pour reprendre la production. Quant aux cinq otages français, ils sont toujours entre les mains des terroristes. La France refuse de négocier avec ces derniers qui demandent une rançon de 50 millions d'euros.

L'AQMI est aujourd'hui beaucoup plus forte qu'auparavant grâce notamment aux armes en provenance de la Libye. Et ce n'est pas d'armes légères qu'il s'agit mais des lance-grenades et des missiles sol-air. A la mi-septembre les forces de l'armée nigériane ont affronté un groupe de combattants de l'AQMI. Une soixantaine de jeunes combattants se sont fait prisonniers. Sans emploi ces originaires de la ville nigériane d'Agadez ont été séduits par les promesses d'argent et de gloire militaire. Le scénario est typique pour la quasi-totalité des Etats du Sahel. Un jeune sans valeurs morales stables à qui on a donné une arme devient extrêmement dangereux. C'est sur ces jeunes que misent les leaders d’Al-Qaïda. Bref, le Sahel se transforme petit à petit à un champ de mines. L'ex-leader libyen Moummar Kadhafi avait d'ailleurs mis en garde contre l'essor de l’islamisme dans les Etats de la région. C'est ce qu'on observe aujourd'hui au Sahel.

L'Occident semble ne pas avoir pris au sérieux les avertissements émis par Kadhafi dès le début de l'intervention occidentale dans le conflit libyen. Les services secrets américains et français avaient estimé qu’Al-Qaïda ne représentait plus de danger. Aujourd'hui ils sont obligés à se rattraper. Mais ils devront maintenant faire face à un ennemi beaucoup plus fort qu'auparavant qui est en plus bien armé. C'est ce que dit entre-autres le représentant spécial du président russe pour l'Afrique, le sénateur Mikhaïl Marguelov venu à New-York pour participer à l'Assemblée générale des Nations unies. D'après lui, à  la lumière des événements en cours en Libye, le Sahel risque de devenir aussi incontrôlable que la Somalie.   Afin d'éviter le pire  « il est temps de déployer des efforts politiques extraordinaires pour reprendre en main » la zone sahélienne. « Cette région est pratiquement libre de contrôles à la frontière, les armes et les stupéfiants y circulent librement », affirme M. Marguelov. « C'est une zone incontrôlée qui risque de devenir bientôt le second tome de Somalie, mais en plus grand », dit le sénateur russe.

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