Cathédrale de la Sainte -Trinité de Pskov

Cathédrale de la Sainte -Trinité de Pskov
Cathédrale de la Sainte -Trinité de Pskov - Sputnik Afrique
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La cathédrale de la Sainte-Trinité de Pskov était toujours la principale église de la ville de Pskov mais aussi de toute la région pskovienne confinant à l’ouest aux territoires estoniens.

Depuis la rivière, qui coupe la ville en deux, on est tout de suite attiré par le majestueux édifice de la cathédrale, qui se dresse en haut d’une colline protégée par les imposants murs.

D’après la légende, la cathédrale a été fondée par la princesse Olga de Kiev, épouse du grand-duc Igor de Kiev. En faisant une halte près de Pskov, dont elle était originaire, Olga a eu une vision : trois faisceaux de lumière se dressaient au-dessus d’un promontoire, là où confluent les rivières Velikaïa et Pskova. Bouleversée par cette vision, Olga a ordonné la construction de la cathédrale de la Sainte-Trinité qui fut la première église orthodoxe de Pskov.

Cette première cathédrale était en bois, construite sans aucun clou métallique. Ravagée par l’incendie, elle fut détruite pour donner lieu à un nouvel édifice. Le bâtiment, qui se dresse aujourd’hui au confluent de deux rivières, est, en fait, le quatrième.

Pour les habitants de Pskov la cathédrale de Sainte-Trinité avait une signification particulière. C’est avec le cri « Battons-nous pour la Sainte-Trinité ! » que les guerriers pskoviens se précipitaient dans la bataille. S’ils gagnaient, cette victoire était attribuée à la Sainte-Trinité. Il était obligatoire de faire une prière à la cathédrale avant d’entreprendre quelque chose. La principauté de Pskov était, d’ailleurs, identifiée à la « maison de Sainte-Trinité ». D’importants événements relevant des affaires d’Etats s’effectuaient dans la cathédrale ou devant celle-ci : le sacre des princes et les assemblées populaires (vetché). C’est aussi là où étaient conservés les archives et le trésor.

La première cathédrale de la Sainte-Trinité a été construite à la seconde moitié du Xème siècle. En 1137 le prince Vsevolod de Pskov a ordonné de construire une nouvelle cathédrale, cette fois en pierre. Terminée l’année suivante, la cathédrale a accueilli la relique du prince devenu saint patron de la ville. Cette deuxième cathédrale a tenu jusqu’en 1363 lorsque son toit s’est effondré en endommageant une partie des reliques. Deux ans plus tard un nouvel édifice a été bâti sur l’ancien soubassement. Cette troisième cathédrale fut achevée en 1367.

Les églises s’effondraient souvent à Pskov à cause du sol. Sous le poids de lourds murs en pierre, le sol se tassait par endroits ce qui donnaient d’importantes déformations et l’édifice finissait par s’effondrer. Si la compagnie d’ouvriers, qui a construit l’église, était encore en ville, elle avait l’intérêt de prendre ses jambes à son cou. Il ne s’agissait pas de mauvaise foi de la part des constructeurs mais des caractéristiques du sol, de l’ignorance de la résistance des matériaux, de l’absence des dessins et des calculs mathématiques. Fort de son expérience, l’architecte suivait son instinct. C’est d’ailleurs pour cela que chaque ancienne église russe est unique.

L’histoire de la cathédrale de la Sainte-Trinité de Pskov est étroitement liée à celle de l’ancienne Russie. En 1242 c’est ici qu’Alexandre Nevski, héros national russe, a fait une prière à la veille de la fameuse bataille du lac Peïpous contre les chevaliers teutoniques. C'est ici que se recueillait son frère, Iaroslav, futur grand-duc de Vladimir. C’est aussi ici qu’a reçu le baptême le prince lituanien Dovmont devenu prince de Pskov.

En 1365 un nouvel édifice a donc été construit. Cette fois, c’étaient les ouvriers pskoviens qui ont bâti la cathédrale sous la direction de l’architecte Cyrille qui a choisi la pierre de calcaire pour le nouveau bâtiment. Avec ses deux absidioles et trois dômes, ce nouvel édifice marquait l’éloignement des traditions architecturales de Novgorod en célébrant ainsi l’indépendance de Pskov de ce dernier survenue en 1348. Le but de l’architecte était de montrer l’autonomie et la liberté dont jouissait désormais la région de Pskov.

L’architecte Cyrille est, d’ailleurs, un personnage très intéressant. On a à notre disposition près peu d’éléments sur sa vie. Il faut dire que Pskov était à l’époque une république dont l’organisation rassemblait à celle de Venise. Le pouvoir militaire y était exercé par un prince invité à régner par l’assemblées des nobles. Cyrille a probablement commencé à travailler pour le compte de la ville en 1365. Il a promis aux nobles de construire dans la ville plein d’églises et d’autres édifices d’importance municipale. Sous sa direction sont sortis de la terre dix-huit bâtiments dont douze en plein centre-ville : au Kremlin de Pskov et dans la cité de Dovmont. Au début des années 1390 une épidémie s’est abattue sur la ville et l’architecte est probablement décédé à cette époque-là.

Le troisième édifice de la cathédrale de la Sainte-Trinité a rencontré les mêmes problèmes que les précédents. Mais lorsque les nobles de la ville ont su que la cathédrale, devenue entre-temps symbole de Pskov, risque de s’effondrer, ils ont ordonné de renforcer l’édifice mais ne le détruire en aucun cas. C’est alors qu’un portique a été ajouté à la cathédrale. A un étage, le portique appelé « séni » donnait sur une place où se réunissaient les assemblées populaires de la ville. C’est ici que siégeait le Conseil d’Etat, que se tenaient des audiences de la cour de justice laïque, qu’étaient conservés les archives ainsi que le sceau et le trésor d’Etat.

En 1510 la république pskovienne a été intégrée à la principauté de Moscou. La cathédrale de la Sainte-Trinité, symbole de Pskov libre et indépendant, a perdu de son importance.

En 1609 la poudrière du Kremlin de Pskov a explosé. Tous les édifices le long des quais se sont effondrés et la cathédrale a pris feu. Le calcaire ne supportant pas les hautes températures, la cathédrale s’est effondrée elle aussi. Rénové, l’édifice a pourtant servi jusqu’en 1682 lorsque le métropolite de Pskov a ordonné de construire un nouvel. Ce quatrième bâtiment devait être érigé sur le même soubassement. Mais à peine les murs construits le haut de l’édifice est tombé à cause du tassement du sol. Selon les chroniques, il pleuvait beaucoup cette année-là.

En 1691 le nouveau métropolite a ordonné de continuer les travaux de construction de la cathédrale de la Sainte-Trinité. La cathédrale ne fut achevée qu’en 1699 sous le règne de célèbre Pierre le Grand.

L’édifice a cinq dômes dont quatre symbolisent les Evangélistes et le cinquième Jésus Christ, a été construit cette fois-là en suivant les dessins. En passant par les interstices, la lumière de jour remplit la cathédrale en jouant sur les fresques et les icônes. Les habitants de Pskov étaient très fiers de la principale cathédrale de la ville.

Pourtant le sol a encore servi les constructeurs en se tassant par endroits. Sous Catherine II des contreboutants ont été ajoutés au bâtiment. Des passages couverts existaient déjà, construits pour renforcer les murs de la cathédrale.

En 1852 l’un des dômes a été doré. Au XIXème siècle tous les cinq ont été peints en bleu, ensuite en gris. La hauteur du dôme médian est de 32 mètres mais la cathédrale semble plus haute car elle est construite sur une colline. En approchant Pskov de l’ouest, on remarque la cathédrale à 100 km de la ville. Du côté est le bâtiment a trois absides en demi-cercle. A droite et à gauche des absides il y a des portiques qui abritent des chapelles. Le parvis, où l’on monte en gravant les marches d’un large escalier couvert, se trouve du côté ouest de la cathédrale. Plusieurs fenêtres du bâtiment sont ornées des frontons.

Le rez-de-chaussée de la cathédrale de la Sainte-Trinité abritait jadis la sépulture des princes de Pskov. Sous Élisabeth I une chapelle dédié à sainte Olga y a été aménagée mais en 1770, après une incendie, détruite. En 1903 le rez-de-chaussée a accueilli la chapelle de Séraphin de Sarov.

Après la révolution de 1917 la cathédrale appartenait pendant une courte période au mouvement religieux Jivaïa Tserkov (Eglise vivante). Dans les années 1930 la cathédrale fut fermée et mise à la disposition d’un musée de l’athéisme. De nombreuses reliques de la cathédrale ont été transmises au musée de Pskov.

La renaissance de la cathédrale de la Sainte-Trinité est liée aux activités d’une mission chrétienne orthodoxe dont les premiers missionnaires sont arrivés à Pskov en août 1941.

En 1988, à l’occasion du millénaire de la christianisation de l’ancienne Russie, la chapelle de Séraphin de Sarov fut rénovée.

Aujourd’hui on peut voir dans la cathédrale de la Sainte-Trinité les icônes du Saint Face, de la Vierge orante et de l’Annonciation ainsi que celles de Saint Vsevolod de Pskov et de Dovmont de Pskov. Le visiteur peut également y admirer l’image sainte de Séraphin de Sarov et d’un autre saint de la région, Nicandre de Pskov.

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