Pyongyang lance son satellite et fait monter les enchères

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Contrairement aux trois tentatives précédentes, les Nord-coréens ont réussi : la sortie du satellite en orbite a été confirmée par les systèmes américains de contrôle de l'espace. Ainsi, il existe désormais une autre puissance spatiale dans le monde. Ce monde, doit-il s'en réjouir?

La Corée du Nord a lancé un satellite artificiel depuis la Terre, Kwangmyongsong-3, dans la nuit du 11 au 12 décembre .

Contrairement aux trois tentatives précédentes, les Nord-coréens ont réussi : la sortie du satellite en orbite a été confirmée par les systèmes américains de contrôle de l'espace. Ainsi, il existe désormais une autre puissance spatiale dans le monde. Ce monde, doit-il s'en réjouir ?

Il s'agit de la quatrième tentative de Pyongyang de lancer un satellite artificiel autour de la Terre. La dernière datait d'avril 2012 et les deux autres avaient eu lieu en 1998 et en 2009.
Les trois s’étaient soldées par un échec. Autant qu'on puisse en juger d'après les dernières informations, le 12 décembre, entre 4h49 et 4h51 (heure de Moscou), le premier satellite artificiel fabriqué par la Corée du Nord a été lancé.

Selon le Commandement de la défense aérospatiale d'Amérique du Nord (Norad), la fusée a été projetée en direction du sud. Le premier étage est tombé dans la mer Jaune et le second en mer des Philippines. Ensuite, le Norad a annoncé succinctement que "la fusée semble avoir lancé l'objet en orbite". Autrement dit, on peut féliciter le monde d'avoir un nouveau membre dans son club spatial.

La cause de la réaction austère du monde au lancement. La Corée du Nord est une "fête mondiale de désobéissance" : en 2006 et 2009, le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté des sanctions lui interdisant de fabriquer l'arme nucléaire, mais aussi ses vecteurs potentiels. Le récent lancement du satellite nord-coréen est une violation de ces résolutions.
Comme on peut le voir, Pyongyang ne se préoccupe pas vraiment des objections internationales alors qu'elles viennent pourtant de l'Onu, de la Chine, de la Russie et des Etats-Unis.

Ce qu'en pense la population nord-coréenne. On ne peut pas savoir exactement ce qu'ils pensent mais en tout cas, ils disent beaucoup de choses intéressantes.

En particulier, selon les informations officielles de la presse nord-coréenne, les lancements de 1998 et de 2009 ont été reconnus comme réussis - tandis que personne ne nie l'échec d’avril dernier. Autrement dit, du point de vue de sa propagande officielle, la Corée du Nord n'a pas lancé son premier mais au moins son troisième satellite.

L'importance du lancement d’un point de vue militaire. La Corée du Nord a une nouvelle fois montré au monde qu'elle était capable de créer des procédés de longue portée. Potentiellement, la création d’une force capable de lancer un objet en orbite signifie que le pays maîtrise la technologie des missiles intercontinentaux. Dans ce sens, Pyongyang fait monter à nouveau les enchères avec le reste du monde, mais il a surtout montré aux Etats-Unis qu'ils n'étaient pas vraiment hors de portée derrière l'océan Pacifique - le Japon et la Corée du Sud vivent déjà depuis longtemps dans la ligne de mire des missiles nord-coréens.

L'importance du lancement pour la région. C'est une tape violente sur le nez de la Corée du Sud, qui n'a jamais réussi à en faire autant avec sa fusée porteuse KSLV-1 – avec deux lancements ratés et un troisième prévu pour novembre-décembre, qui a été reporté. Pyongyang remporte donc le premier tour de la course spatiale sur la péninsule.

L'origine des moyens spatiaux de Pyongyang. La série de vecteurs nord-coréens porte le nom d’Unha (Voie lactée). Il s'agit de la version "civile" du missile identifié comme Taepodong-2. L'origine de ce missile n'est pas vraiment claire. Selon certaines informations, il est le fruit de la transformation créative et du redimensionnement des technologies soviétiques du missile tactique R-17 - en fait, c'est pratiquement le seul modèle maîtrisé par l'industrie nord-coréenne. Selon une autre version, c'est une modification du vecteur spatial Chang Zheng-1, créé à partir du missile chinois Dongfeng-4. Mais il est inutile de chercher des traces concrètes : les ingénieurs nord-coréens exploitent au maximum tout ce qu'ils ont à leur disposition, y compris les propulseurs à carburant solide des missiles sol-air - selon certaines informations, on estime que le troisième étage d'Unha a été conçu de cette manière.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction



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