La révolution en Kirghizie deviendra-t-elle permanente ?

La révolution en Kirghizie deviendra-t-elle permanente ?
La révolution en Kirghizie deviendra-t-elle permanente ? - Sputnik Afrique
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La Kirghizie se prépare à célébrer le 7 avril le 3ème anniversaire de la révolution de 2010. Bien des changements se sont produits depuis. Accusé d’autoritarisme, le président Kourmanbek Bakiev s’était enfui à l’étranger. Une nouvelle constitution, un nouveau président et un nouveau parlement ont fait entre-temps leur apparition mais la Kirghizie reste toujours le pays socialement le plus agité de la CEI.

Les sondages montrent que plus de la moitié des citoyens de cette république considèrent la situation comme instable. Les villes kirghizes sont secouées par des meetings de protestations, les députés du parlement ne se séparent pas de leurs armes même en séance et les commerçants préfèrent fermer à double tour leurs bureaux et boutiques à la veille des festivités. L’instabilité semble s’éterniser en Kirghizie, fait remarquer Alexandre Kniazev, directeur de recherche à l’Institut d’études d’Orient.

« Le président Atambaev et le Parlement actuel ont à mon avis juste le temps pour soit se préserver ou être renversés avant l’automne. Les meetings qui se déroulent en ce moment en Kirghizie sont une sorte de réchauffement en prévision d’événements plus graves ».

Selon l’expert, nonobstant les réformes politiques, le pays est resté socialement et économiquement au niveau d’avant la révolution. A la fin de l’année dernière, le président Almazbek Azambaev a validé la Stratégie du développement durable pour la période quinquennale. Le besoin s’en fait sentir depuis longtemps, - note Alexei Vlassov, directeur du centre d’étude des processus socio-politiques dans l’espace post-soviétique :

« Politiquement et économiquement, la Kirghizie avait pendant longtemps vécu au gré des événements sans se donner aucune priorité durable. C’était possible quand les revenus provenaient surtout de la réexportation de produits chinois. Mais ce format ne convient pas à un État indépendant qui veut se développer. J’ai l’impression qu’Atambaev a compris cette tendance et cherche maintenant à faire valoir sa vision de l’avenir qui peut donner une nouvelle impulsion au développement du pays et de la société ».

De l’avis d’Alexei Vlassov, la ligne politique appliquée en ce moment peut assurer sous réserve d’un certain nombre de condition, la sortie du pays de la crise :

« Le pays doit à mon avis s’engager plus résolument dans la voie de l’intégration et adhérer à l’Union douanière au Projet eurasien. Elle devra en outre démanteler la base militaire américaine dans l’aéroport civile de Manas. Les promesses de ce genre avaient été données par l’ex-président Bakiev sans jamais les mettre réellement en œuvre. Il y a des raisons de croire qu’Almazbek Atambaev s’en tiendra aux promesses qu’il donne ».

Le 18 avril, le dirigeant kirghiz fleurira traditionnellement en compagnie d’autres officiels le monument des « Révolutionnaires morts pour la Patrie » dont les noms figurent sur le socle. Reste à espérer que cette liste douloureuse ne s’allongera pas et que la révolution kirghize ne tournera pas en une révolution permanente. /L

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