La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

Après l'inscription du dossier frontalier russo-estonien à l'ordre du jour de la rencontre des ministres européens des Affaires étrangères, la presse parle d'une petite victoire pour la diplomatie estonienne, mais reste prudente quant à la disposition de Bruxelles à soutenir l'Estonie. "Chez nous, on a peur des moindres désaccords entre les pays membres de l'Union européenne, pourvu qu'ils ne profitent pas à la Russie" (Eesti Päevaleht, 18.07).

L'opposition de Moscou à une médiation de Bruxelles dans le règlement des désaccords frontaliers russo-estoniens suscite de vives réactions antirusses dans les médias. "Nous considérons le ministre des Affaires étrangères et le président russes comme nos ennemis, et l'analphabétisme scandaleux du dernier ne pardonne pas son hostilité évidente" (Postimees, 13.07).

La presse continue de ruminer les projets de Gazprom visant à augmenter sensiblement les tarifs du gaz pour l'Estonie et dénonce les pressions politiques de Moscou. "Gazprom qui alimente l'Estonie en gaz naturel est passé sous le contrôle total du Kremlin. Le montant des tarifs du gaz dépend de facteurs plutôt politiques qu'économiques, et la Russie peut s'en servir pour des manipulations politiques" (Eesti Päevaleht, 18.07).

LETTONIE

La presse lettonne s'en prend de nouveau au Kremlin. Elle l'accuse de vouloir évincer l'ex-premier ministre Mikhaïl Kassianov de la course présidentielle par le biais d'une enquête judiciaire. "L'affaire Kassianov emprunte le scénario des poursuites intentées contre l'ex-patron de Yukos, Mikhaïl Khodorkovski" (Dienas Bizness, 13.07).

La résolution du parlement européen appelant la Russie à restituer au Japon les îles Kouriles n'a été commentée que par la presse russophone, qui l'a d'ailleurs fait de manière négative. "Le Japon, la Lettonie et l'Estonie ne sont pas de loin les seuls pays qui cherchent à s'arracher un morceau de la terre russe. D'autres pays peuvent suivre leur exemple. Les Finlandais rêvent de se restituer l'isthme de Carélie, et des revendications territoriales persistent en Pologne, en Roumanie et en Norvège" (Tchas, 14.07).

Une guerre d'information a été déclenchée contre Gazprom qui envisage d'augmenter ses tarifs de gaz. "Jusqu'à présent, Gazprom ravitaillait les pays baltes à des tarifs sensiblement moins élevés par rapport à ceux de l'Europe occidentale, approfondissant ainsi la dépendance gazière de la Lettonie. Désormais, les prix vont s'envoler dans les pays baltes" (Latvijas Avize, 16.07).

La presse impute la dégradation des relations russo-lettonnes non pas aux responsables politiques, mais aux magnats du marché parallèle. "Les mauvaises relations avec la Russie profitent à l'économie parallèle" (Telegraf, 18.07).

LITUANIE

Se référant à une source centrasiatique, les médias prévoient le démembrement total de la CEI au prochain sommet du 26 août à Kazan. À la CEI succéderait une alliance eurasienne regroupant la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie. "Les leaders de ces pays vont confronter leurs vues sur les frontières communes, l'espace politico-économique et la monnaie uniques" (LNG, 14.07).

Le scandale autour de l'enquête judiciaire intentée contre Mikhaïl Kassianov a été perçu comme le signe d'une intensification de la lutte pour le pouvoir au Kremlin. "Après que Poutine eut opté pour un régime autoritaire, une presse muselée et le contrôle des biens publiques par son entourage issu du KGB, l'affaire Kassianov signifie que la lutte pour le pouvoir s'est exacerbée d'un cran" (Lietuvos Rytas, 16.07).

Les médias reproduisent un dossier repêché dans la presse russe qui dresse des parallèles entre le mouvement de la jeunesse russe Nachi (Les Nôtres), l'Allemagne hitlérienne et la Chine du temps de la "révolution culturelle". "Les autorités donnent aux "nachistes" le sentiment d'être l'élite, les maîtres des destinées, les bâtisseurs et les défenseurs d'un État nouveau et d'un ordre nouveau" (LNG, 18.07).

La presse se félicite des démarches fructueuses déployées par Yukos pour protéger sa propriété en Lituanie. "Yukos a tout fait pour que Moscou, s'il décidait de saisir les actions de Mazeikiu Nafta, contrôlé par le pétrolier russe, soit tenu de recevoir l'aval de l'administration néerlandaise, mais aussi de la Cour suprême des Pays-Bas. Cette mesure peut protéger la raffinerie lettonne contre un acheteur imposé par les autorités russes" (Lietuvos Zinios, 13.07).

UKRAINE

Les médias expliquent le différend "gazier" russo-ukrainien par des raisons politiques.

"Profitant du scandale gazier, la Russie tente d'arracher à l'Ukraine des concessions, notamment au niveau de la gestion commune des grands gazoducs nationaux (Halitski kontrakty, 15.07).

En commentant la déclaration du ministère des Affaires étrangères de la Russie sur le statut "incertain" de l'île de Touzla, la presse accuse la Russie d'être responsable de la résurgence du conflit de Touzla.

"Il est évident, que plus les diplomates ukrainiens durciront leur position, plus leurs collègues russes feront dépendre le statut de l'île du règlement du problème de la délimitation du détroit de Kertch". (Zerkalo nedeli", 18.07).

Selon les médias, la Russie accroît sa "présence politique" dans le pays. "L'approfondissement des contradictions dans les rapports ukraino-russes rendra plus probable le renforcement du lobby russe dans le parlement ukrainien". (ProUA, 15.07).

L'action en justice engagée contre Mikhail Kassianov a été interprétée par les médias comme une tentative d'éliminer un candidat potentiel de l'opposition à l'élection présidentielle de 2008. "L'entourage de Vladimir Poutine entend savoir si l'ancien premier ministre comprend bien les allusions du Kremlin et quelle sera son activité politique après l'affaire de sa "datcha". (Zerkalo nedeli, 18.07).

MOLDAVIE

Les médias se penchent sur les causes de la détérioration des rapports russo-moldaves. Ainsi, ils mettent en doute la sincérité des affirmations des personnalités officielles russes sur l'impossibilité technique de retirer rapidement les armements de Transnistrie. "Les stratèges réactionnaires imposent à Vladimir Poutine des décisions qui sont souvent contraires aux intérêts de la Fédération de Russie et sont susceptibles de provoquer des querelles entre ce pays et ses amis traditionnels ... La Russie n'a pas besoin d'une telle image négative, surtout au moment où de nombreux pays aspirent à approfondir les rapports amicaux, avantageux aux deux parties". (Moldova Suverane, 14.07).

Les observateurs internationaux arrêtés par la police moldave sont qualifiés par la presse de provocateurs et d'organisateurs de subversions d'informations sur le territoire de la république.

"L'arrivée des observateurs "internationaux" n'ayant pas de mandats légitimes et agissant d'une manière grossière et agressive témoigne de l'intérêt des services secrets russes à compromettre le processus électoral dans les pays qui s'affranchissent de l'influence de la Russie. Ce n'est pas par hasard que la République de Moldavie, l'Ukraine et la Géorgie subissent de plus en plus souvent des attaques des provocateurs déguisés en "observateurs". (Nezavissimaia Moldova, 15.07).

ARMENIE

La presse présente souvent le président arménien comme une marionnette du Kremlin. "En fait, la Russie essaie de nouveau en Arménie le modèle qui a échoué, par exemple, en Ukraine. La personnalité aussi prestigieuse que Vladimir Poutine qui veut aussi obtenir un troisième mandat essaie ce modèle auprès de son allié Robert Kotcharian ". (Aravot, 14.07).

Les tentatives entreprises par la Russie pour attirer la Turquie au règlement du problème du Karabakh suscitent des appréhensions sérieuses de la presse. "La Russie a récemment commencé à flirter avec Ankara. Nous avons entendu plus d'une fois Youri Merzliakov, coprésident russe du Groupe de Minsk de l'OSCE, tenir des propos sur la nécessité d'attirer la Turquie au sein du processus de règlement au Karabakh". (Erkir, 15.07).

GEORGIE

La conférence internationale de Batoumi dans le cadre de laquelle le président Mikhaïl Saakachvili a présenté les détails de son plan de règlement de paix en Ossétie du Sud qui prévoit d'accorder à cette république sur le territoire géorgien une très vaste autonomie reste au coeur des commentaires de la presse. Le refus des Ossètes du Sud d'accepter ce plan est interprété par Tbilissi comme le résultat de l'influence politique de Moscou sur l'Ossétie du Sud. "La réaction des Ossètes à nos initiatives est toujours la même. C'est comme si leur position avait été enregistrée sur une bande magnétique que Moscou passe chaque fois qu'il en a besoin" (Khvalindeli dghe", 18.07).

Des experts estiment en même temps que les initiatives de M.Saakachvili, même rejetées par l'Ossétie du Sud, sont en mesure d'améliorer notablement l'image dont jouit la Géorgie sur la scène internationale. "Ces initiatives devraient nous permettre de gagner à notre cause sinon les autorités séparatistes, du moins les coeurs de la population ossète locale" ("Kviris palitra", 18.07).

Les sujets économiques sont essentiellement présentés dans de multiples articles informant des coupures d'électricité pratiquées à l'encontre des organismes publics qui ont des dettes envers TELASI, compagnie de distribution d'électricité qui appartient au holding énergétique russe RAO EES. "L'opération punitive de cette compagnie a duré trois jours et, aujourd'hui, 350 organisations débitrices sont déjà coupées du réseau. D'après TELASI, certaines organisations ont commencé à amortir leurs dettes. Le département des Frontières a remboursé une partie de sa dette, des lettres de garantie ont été obtenues de la part des ministères de l'Intérieur et de la Défense ("Alia", 14.07).

Les déclarations du président russe sur la formation de deux brigades alpines aux frontières sud de la Russie sont passées inaperçues dans la presse. L'information a été publiée par des éditions Internet qui se sont référées à RIA-Novosti.

AZERBAIDJAN

Le bilan des négociations de Sotchi (Russie) entre le président Vladimir Poutine et le premier ministre turc Recep Erdogan a été accueilli avec satisfaction. Sur fond d'attente d'un plus grand soutien dans le règlement du problème du Haut-Karabakh (région peuplée d'Arméniens qui s'est détachée de l'Azerbaïdjan), de la part aussi bien de la Russie que de la Turquie, la proposition de Moscou de lever définitivement le blocus économique de la partie nord de Chypre a été présenté par la presse locale comme revêtant une grande signification pour l'Azerbaïdjan. "Lors de sa rencontre avec le premier ministre turc, le président russe a insisté sur la nécessité d'en finir avec le blocus économique de la partie nord de Chypre (...). Au vu des résultats de l'examen, avec M.Poutine, du problème du Haut-Karabakh, M.Erdogan s'est dit satisfait de l'avis de Vladimir Poutine qui a rappelé que le temps était venu d'aborder sérieusement cette question ("Zerkalo", 19.07).

L'instruction de M.Poutine concernant le renforcement de la protection des frontières sud de la Russie est présentée comme une démarche inamicale à l'égard de Bakou et comme le témoignage d'un refroidissement dans les rapports russo-azerbaïdjanais. "Les causes de la fermeté du Kremlin à l'égard du pouvoir azerbaïdjanais, qui est pourtant loyal envers les intérêts de la Russie, méritent une étude approfondie. Le problème de la saisie de bateaux azerbaïdjanais en Russie, suivie de l'interdiction générale pour nos navires d'entrer dans les eaux russes retient l'attention ("Yeni Musavat", 18.07).

Le soutien accordé par Moscou aux enclaves séparatistes sur le territoire de la CEI est perçu comme la preuve que la Russie prépare son expansion vers le sud. "Toute exacerbation de la situation en Abkhazie et en Ossétie du Sud suscite, en règle générale, des réactions dans le sud de la Russie (...). Dans sa lutte contre les "terroristes", Moscou cherche à atteindre un objectif essentiel pour la Russie : fermer l'accès de la région à l'Occident, renforcer la présence russe à ses frontières sud pour poursuivre, à l'avenir, son avancée vers le sud" ("Zerkalo", 13.07).

KAZAKHSTAN

Les informations concernant l'éventuelle augmentation du nombre de militaires sur la base aérienne russe de Kant et l'intention de la Chine de déployer une base au Kirghizistan laissent transparaître des questions géopolitiques.

"Les pauvres sont toujours attirés par les riches. Sur le plan politique, la Russie jouit au Kirghizistan d'une influence beaucoup moins grande que l'Amérique et même le Kazakhstan. Ceci d'une part parce qu'elle ne veut pas se donner la peine de comprendre ce qui se passe dans la république, et d'autre part en raison de son insolvabilité" ("Nomad", 13.07).

La déclaration de l'Alliance russe, qui s'est dite prête à soutenir Noursoultan Nazarbaïev lors des prochaines élections présidentielles, a été perçue par la presse comme une intention visant à miser sur le vainqueur le plus probable.

"La Russie, qui n'arrivait chroniquement pas jusqu'ici à deviner les tendances dominantes des processus qui se sont déroulés d'abord en Géorgie, ensuite en Ukraine, en Moldavie et au Kirghizistan, essaie maintenant de changer d'une façon ou d'une autre sa politique ratée consistant à soutenir les perdants... Cette approche correspond à une raison politique particulière, mais de façon temporaire, et en fin de compte, elle s'avérera aussi stérile" ("Navigator-II", 15.07).

KIRGHIZISTAN

Les médias désapprouvent la politique pro-russe de Bichkek. "La Russie n'a jamais conduit un autre peuple au progrès. Son état actuel et son degré de développement ne peuvent pas servir de modèle pour le Kirghizistan... La base américaine doit être maintenue encore longtemps au Kirghizistan... Par ailleurs, il n'y a aucune raison d'augmenter le nombre de militaires russes déployés sur la base aérienne de Kant" ("Erkintoo", 15.07).

La presse propose un nombre impressionnant de publications des médias occidentaux accusant la Russie et la Chine de promouvoir les initiatives anti-américaines au cours des réunions de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). "La Russie et la Chine utilisent de plus en plus activement l'organisation, créée initialement en vue de régler les différends frontaliers entre les Etats successeurs de l'Union soviétique et la Chine, afin de limiter l'influence des Etats-Unis en Asie centrale" ("KyzrghyzInfo", 14.07).

Pour les médias, Bichkek doit se rapprocher de l'Occident afin de s'affranchir des diktats de Moscou et de Pékin. "Kourmanbek Bakiev a besoin du soutien de la part des autres pays démocratiques. Les Etats-Unis, par exemple, doivent songer sérieusement à la possibilité de se retirer de l'Ouzbékistan, mauvais partenaire du point de vue du respect des droits de l'homme. Ceci pourrait aider M. Bakiev à diminuer la pression de la part de la Russie et de la Chine" ("Gazeta.KG, 15.07).

OUZBEKISTAN

La presse arrive à la conclusion que la Russie et la Chine sont devenues des alliés politiques dans leur désir commun d'évincer les États-Unis d'Asie Centrale. "La déclaration de l'OCS est une nouvelle occasion pour la Russie et la Chine de jeter des pierres dans le jardin des États-Unis" ("Ouzbékistan musulman", 19.07).

La presse d'opposition met en question la viabilité de la coopération russo-ouzbèque. "La perspective d'être traduit devant la Cour internationale de justice des Nations Unies, ne réjouit pas le président Islam Karimov... Celui-ci cherche secrètement à contacter des responsables du Pentagone pour exercer des pressions sur le Département d'État américain et assouplir la position américaine en échange du bail perpétuel de la base de Karchi-Khanabad... Le président russe Vladimir Poutine s'est de nouveau laissé duper en croyant à la sincérité de son collègue ouzbek ("Ouzbékistan musulman", 18.07).

Les journaux suivent l'évolution de la situation de 14 personnes mises en examen à Ivanovo en vue de les extrader vers l'Ouzbékistan. "Ils ont été roués de coups et ont reçus un choc électrique... Les juges d'instruction ouzbeks ont menacé de régler leur compte en cas d'extradition... Ils sont tous terrifiés et craignent que les plaintes sur les actions illégitimes des services secrets puissent aggraver leur condition" (TRIBUNE-uz, 14.07).

TADJIKISTAN

La condition lamentable des immigrés tadjiks est dans le collimateur des médias. "La situation des immigrés est très difficile à l'étranger. Il est d'autant plus regrettable que les jeunes meurent en raison des mauvaises conditions de travail" ("Charkhi Gardun", 15.07).

Les médias notent que l'éviction des États-Unis d'Asie Centrale provoquera la croissance du terrorisme dans la région. "Les dirigeants pragmatiques de la Russie et d'autres puissances régionales misent sur le renforcement du système de commandement. Dans le même temps, aucun d'entre eux ne doit se tromper quant à l'issue de la situation. L'autoritarisme en germe, des violations flagrantes des droits de l'homme, la corruption encourageront, sans doute, la croissance du terrorisme, y compris religieux, provoqueront des troubles et déstabiliseront la situation dans la région" ("Avesta", 13.07).

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