Tchernobyl reste un site radioactif dangereux

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MOSCOU, 12 août - Tatiana Sinitsyna, commentatrice de RIA Novosti. Des cas d'irradiation d'ouvriers du bâtiment occupés à la reconstruction du sarcophage recouvrant le réacteur nucléaire détruit voici 19 ans par une explosion ont été signalés.

Quoique la vie de ces hommes ne soit pas directement menacée, le Comité pour la sécurité à la centrale nucléaire de Tchernobyl se montre très préoccupé. D'après les médecins, l'irradiation s'est produite consécutivement à la pénétration de substances radioactives dans l'organisme - eau, aliments - ou encore par les voies respiratoires.

Le sarcophage avait été construit en 1986 à la va-vite, au prix de la vie et de la santé de dizaines de milliers de liquidateurs de l'accident. A l'époque, toutes les décisions avaient été prises sur-le-champ, à tâtons. L'Abri-1, comme le sarcophage est appelé officiellement, est une construction gigantesque haute comme un immeuble de 25 niveaux. Il recouvre 185 tonnes de combustible nucléaire dont l'activité totale atteint 17 millions de curies, souligne le docteur en physique Alexandre Borovoï, chef du Groupe scientifique opérationnel de l'Institut Kourtchatov.

Une partie du combustible (3-5 pour cent) avait été dispersée par l'explosion sur le territoire limitrophe de la centrale nucléaire. 30 pour cent du césium contenu dans le combustible se sont évaporés et ont été transportés par les courants aériens sur des milliers de kilomètres. Etant donné que la période de demi-vie du césium et du plutonium est respectivement de 30 ans et de 24.000 ans, on peut dire que la "blessure" radioactive de Tchernobyl n'est pas près de se cicatriser et que très longtemps encore elle constituera une menace pour les gens.

Selon Alexandre Borovoï, le sarcophage s'est malheureusement avéré insuffisamment sûr. De nombreux travaux sont réalisés au moyen de télécommandes et leur qualité s'en ressent. Par exemple, il n'a pas été possible d'éviter les fissures. Quand il pleut de l'eau pénètre à l'intérieur de l'abri, elle dissout les substances radioactives qui se mélangent aux nappes phréatiques.

Actuellement, la surface totale de ces fissures se compte en centaines de mètres carrés. De la poussière de plutonium s'en échappe et les gens peuvent la respirer. Qui plus est, le sarcophage repose sur un fondement qui a été soumis aux effets de l'explosion et du feu. Par conséquent, l'éventualité d'un effondrement n'est pas à écarter.

La communauté internationale a décidé de rectifier la situation et aussi de financer la construction de l'Abri-2. Un milliard de dollars a été alloué pour réaliser le projet appelé à réduire au minimum l'impact nocif de Tchernobyl. Il est prévu de construire une structure en acier et béton, qui constituera en quelque sorte le deuxième couvercle, plus hermétique, du réacteur. En attendant, on renforce l'ancien sarcophage et on en bouche les fissures.

Sur la demande de la partie ukrainienne des spécialistes de l'Institut Kourtchatov ont réalisé un important volume de travaux dans un environnement radioactif non dénué de risques, élaboré des instructions diverses visant à améliorer les travaux et l'efficacité des mesures préventives. Cependant, les spécialistes regrettent que leurs recommandations ne soient pas appliquées comme elles le devraient. Pour eux, cela explique pourquoi des gens sont contaminés par des nucléides radioactifs.

Malheureusement, nulle part dans le monde on ne s'intéresse à l'amère expérience de Tchernobyl, dit l'académicien Evguéni Velikhov, président du centre de recherche Kourtchatov. Chez nous en Russie il y a maintenant le ministère des Situations d'urgence, aux Etats-Unis c'est la Homeland Security. Seulement, cette dernière emploie un personnel qui est initié uniquement à la théorie de l'explosion radioactive technologique. Et si jamais la théorie doit un jour être mise en pratique, alors ce sera de nouveau le chaos et la confusion.

Pour Evguéni Velikhov, la Russie pourrait être d'un grand secours dans la préparation d'un programme international sérieux visant à synthétiser avec rigueur l'expérience pratique de Tchernobyl.

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