La CEI espace de coopération entre la Russie et l'Occident

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MOSCOU, 25 août - Vladimir Simonov, RIA Novosti.

Lorsque le président Vladimir Poutine rencontrera les leaders des pays de la CEI vendredi à Kazan, il ne pourra peut-être pas s'empêcher de penser que cette date sera celle du début des préparatifs d'une autre rencontre importante, à savoir le sommet du G8 qui se tiendra l'été prochain dans les environs de Saint-Pétersbourg sous la présidence de la Russie.

Moscou voudrait proposer le thème de l'aide aux Etats issus de l'éclatement de l'URSS en tant que principal axe d'activité du G8 l'année prochaine.

En effet, après l'effacement de la dette des pays les plus pauvres d'Afrique, aider des jeunes Etats comme l'Ouzbékistan, la Kirghizie, la Moldavie, la Géorgie à rattraper leur retard économique est une tâche prioritaire de la communauté mondiale. Nul doute que la pauvreté et d'autres problèmes sociaux ardus sont à l'origine des crises d'instabilité politique qui secouent de temps à autre les pays de la CEI.

Cette instabilité incite l'Occident et Moscou à considérer l'espace post-soviétique comme un champ de bataille. D'autant que la Russie, d'une part, et les Etats-Unis et l'Union européenne, d'autre part, voient de façon absolument différente les processus en cours dans cette région.

Dans la perception de la Russie, les Etats-Unis s'ingèrent sans façon dans sa zone d'intérêts historiques et s'emploient à intégrer la Géorgie, l'Ukraine et, évidement, d'autres ex-républiques soviétiques dans un modèle de monde gravitant autour de l'Amérique. Dans l'interprétation américaine, la Russie n'arrive pas à se guérir de la nostalgie de l'empire soviétique effondré et continue, maintenant à tort, de prétendre à une position dominante dans cette région.

Maintenant, Moscou semble écarter les phobies réciproques et propose quelque chose de foncièrement nouveau: faire de cette région un espace de partenariat prévisible fondé sur le respect mutuel entre la Russie et l'Occident et apporter ensemble une assistance au développement de la démocratie et de l'économie des pays de la CEI. La participation de la Russie au G8 aurait dans ce cas un sens supplémentaire parce que Moscou est bien placé pour mieux comprendre les problèmes des pays à économie de transition.

Quelles sont les sphères d'un tel partenariat? Malgré le scepticisme de certains politologues, les points de convergence entre la Russie et l'Occident sont ici très nombreux.

En tête de la liste on voit, comme toujours, la lutte contre le terrorisme international. La Russie et l'Occident ont intérêt à limiter au maximum l'expansion du radicalisme islamiste dans l'espace de la CEI. Les échanges d'information, la formation en commun des forces de sécurité régionales et l'assistance à la réforme militaire dans les pays de la CEI sont des mesures susceptibles de prévenir l'apparition de nouvelles enclaves terroristes dans la région.

Non moins prometteuse paraît la mise au point d'une approche commune dans la lutte contre la drogue afghane qui aboutit en Russie et en Europe via les pays d'Asie centrale. Moscou, Washington et Bruxelles sont des adversaires inflexibles de la drogue. Mais ces trois centres de force n'arrivent toujours pas à mettre en place une coopération étroite pour démanteler les filières d'acheminement de l'héroïne. Cependant, la stabilité dans la région de la CEI dépend directement de la capacité à porter un coup au narcobusiness qui est le principal financier des groupes extrémistes et terroristes.

Autre domaine de partenariat, la lutte contre la migration clandestine et criminalisée. Parmi les défis qui émanent du territoire de l'ex-URSS les flux de migrants illégaux qui se précipitent à travers les frontières européennes plus transparentes présentent une grande menace. Il ne faut pas oublier que la migration illégale de main-d'œuvre des pays de la CEI vers l'Europe affecte dans une grande mesure les pays des révolutionnaires "colorés". Un contrôle rigoureux de ces flux aiderait à prémunir la jeunesse ouest-européenne contre les bacilles du nihilisme et de l'anarchie dont les militants des mouvements "révolutionnaires" dans la CEI sont les vecteurs.

Il ne faudrait pas exclure non plus la possibilité d'une coopération entre la Russie et l'Occident, en premier lieu l'Union européenne, dans le règlement des conflits dans l'espace de l'ancienne Union Soviétique. Par exemple, Moscou ne veut pas - et c'est son droit - abandonner son statut de pacificateur en Transnistrie. C'est la Russie qui a mis un terme à la phase militaire du conflit. En même temps, les experts russes se confortent dans leur conviction que face à l'"européisation" rampante du conflit transnistrien, Moscou pourrait rendre sa tâche plus facile en partageant la responsabilité du maintien de la stabilité avec l'Union européenne.

Dans tous les cas de figure, pour la Russie comme pour l'Occident, un dialogue sur les problèmes de la CEI est de loin préférable à la lutte sournoise pour le partage des sphères d'influence.

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