La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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Estonie

Le Gazoduc nord-européen (GNE) reste l'un des sujets principaux. Les médias invitent à conjuguer les efforts des pays "lésés" en vue de résister à la construction du GNE en exerçant une influence sur l'opinion mondiale. "Les petits Etats de la Baltique sont exclus du jeu politique. Les possibilités du droit international sont déjà épuisées, mais il est encore possible d'influer sur le processus. Il est probablement temps d'avancer le thème de la protection de l'environnement, comme c'était le cas pendant la guerre des phosphorites (dans les années 1990, les protestations élevées par les hommes politiques ont empêché la mise en œuvre du projet d'extraction de phosphorites en Estonie) ... Il existe un espoir de ranimer l'idée du tunnel maritime Tallinn-Helsinki ... Nous autres, Ougriens, vivons à 80 km de distance les uns des autres. Le nouveau tuyau des grands Etats se trouve encore à 800 km de la Baltique. Nous devons agir à l'instar de Vladimir Poutine et de Gerhard Schröder: sans demander l'autorisation des autres". (Parnu Postimees, 22.12).

Lettonie

La presse considère Gazprom comme un instrument dont se sert le Kremlin en vue d'influer sur la politique des Etats-Unis dans l'espace postsoviétique. "En se servant de Gazprom, les autorités de notre voisin de l'Est ont ôté, semble-t-il, les lourds gants de boxe amortissant les coups pour frapper l'Amérique qui ne ressent rien depuis longtemps ... Le premier coup a été porté par Moscou à Washington en chargeant Gazprom de signer un accord avec la compagnie de transit KazMounaïGaz appartenant au Kazakhstan ... A présent, tout pays désireux d'acheter du gaz d'Asie centrale subira un contrôle et les clauses des accords commerciaux seront dictées par Moscou. Quant à l'Ukraine, Gazprom n'a pas non plus l'intention de prendre des gants. Comme il ressort des déclarations officielles, les Etats-Unis réfléchissent à leur politique étrangère". (Biznes&Baltia, 22.12).

Les médias supposent que la présence de Vladimir Poutine au sommet de l'OTAN à Riga (fin novembre 2006) signifiera le soutien à la candidature de Vaira Vike-Freiberga au poste de Secrétaire général de l'ONU. "Il serait logique d'inviter Vladimir Poutine à Riga, car la Russie est un pays voisin de l'OTAN et de la "nouvelle" Union européenne. Mais acceptera-t-il cette invitation? Personne ne le sait, car il était attendu au sommet précédent de l'OTAN à Istanbul mais a refusé d'y assister. En tout cas, on peut prévoir que l'absence de Vladimir Poutine à Riga détériorera, une fois de plus, les rapports entre la Lettonie et la Russie. Par contre, son arrivée serait un geste de bonne volonté à l'égard de Vaira Vike-Freiberga: la Russie donnera ainsi le "feu vert" à sa candidature au poste de Secrétaire général des Nations Unies". (Vesti-segodnia, 22.12).

Lituanie

La politique "gazière" actuelle de la Russie est considérée comme une "nouvelle arme impériale" dont pâtira ensuite également l'Europe "myope". "Est-ce que l'Europe doit accorder effectivement cette nouvelle arme impériale à Vladimir Poutine? Il y a pire: et si la Russie tourne cette arme contre l'Europe qui a soif de gaz? Le fait que l'ancien chancelier allemand assume la direction de la compagnie qui fournira à la Russie un moyen de manipuler l'économie de l'UE est la conséquence d'un accord dangereux entre l'UE et Vladimir Poutine ... Si le Kremlin établit une taxe sur nos valeurs ou crée une possibilité de critiquer la Russie - par exemple, à propos de la Tchétchénie saignée à blanc - il semble que les Européens se tairont plutôt que de prendre le risque d'être confrontés aux prix élevés de l'énergie et, peut-être même au blocus auquel se heurte actuellement l'Ukraine". (Veidas, 27.12).

Plusieurs articles critiques sont consacrés à la situation économique de la région russe de Kaliningrad qui est désavantageuse pour les investisseurs lituaniens. "Les processus bureaucratiques complexes demandent beaucoup de temps, mais les entrepreneurs n'en ont pas. Cette situation garantit un haut niveau de corruption ... En ce moment, environ 600 entreprises à capital lituanien sont enregistrées dans la région de Kaliningrad, mais seulement moins de trente sont actives". (Vakaro ekspresas, 22.12).

Ukraine

Bien des périodiques trouvent injustifié et sans perspective le retour de Kiev au problème de la Flotte russe de la mer Noire en pleine guerre du gaz avec Moscou. "On a l'impression que Moscou perd beaucoup. Il n'en est rien. La flotte de la mer Noire est un puit qui engloutit une masse considérable d'argent" (Obozrevatel, 21.12). "Le conflit autour de la Flotte de la mer Noire représente une menace directe pour l'intégrité territoriale et l'indépendance de l'Etat... Le problème du statut de Sébastopol se posera de nouveau, jusqu'à son appartenance nationale. La Russie peut revenir au "problème de la Crimée"... On devine facilement le résultat d'un référendum dans la presqu'île" (Oligarkh.net, 21.12).

De l'avis des journalistes, la poursuite de la politique de chantage ne garantit pas à l'Ukraine une victoire dans la "guerre du gaz" mais promet de durcir les conditions économiques imposées par la Russie. Il serait téméraire de penser que la base navale de Sébastopol est un point faible pour la Russie et qu'en l'attaquant de ce côté il est possible de la forcer à accepter un compromis sur le prix du gaz. La Russie possède des ressources immenses et un large choix d'outils de pression. Le plus simple, qu'elle utilise d'ailleurs déjà, est le prix du gaz. Moscou n'a qu'à se contenter de répéter imperturbablement : 220, 230, 240". (Fromua, 26,12).

Certains médias soulignent que le scandale gazier profite aux deux parties. La Russie aurait intérêt à déstabiliser l'industrie ukrainienne énergivore et orientée sur l'exportation (d'autre part, les entreprises "désaffectées" pourraient être facilement rachetées à vil prix) et à diriger vers l'Europe les quantités de gaz ainsi rendues disponibles. Quant à Kiev, sa position rigide pourrait, en perspective, procurer à l'Ukraine la souveraineté totale et la modernisation de son économie et nuire à la réputation des partis politiques pro-russes qui militent dans l'est du pays. "L'avantage de la Russie est évident : la diminution de la consommation de gaz en Ukraine permet à Gazprom d'augmenter ses livraisons à l'Europe. Gazprom éprouve une méfiance justifiée à l'égard de l'Ukraine en tant que pays de transit et s'efforce de s'adjuger le droit de gérer la canalisation gazière ukrainienne... La dépendance politique de l'Ukraine face à la Russie diminuera. De même que sa dépendance énergétique générale tandis que son économie finira par s'adapter tôt ou tard aux nouveaux prix du gaz. Mettant en vedette la pression exercée par la Russie qui s'efforce de s'approprier la canalisation et d'assurer la victoire de Ianoukovitch, les autorités peuvent effectivement sensibiliser les électeurs. La configuration politique de l'Ukraine pourra ainsi changer de façon défavorable aux "bleu-blanc" (Obozrevatel, 21.12).

Moldavie

La presse pro-roumaine qualifie avec ironie de "cadeaux de Noël" russes les nouveaux prix du gaz et le nouveau plan russe de fédéralisation de la République de Moldavie. De l'avis des journalistes, Moscou, en exerçant une pression économique, cherche à morceler les forces politiques de la Moldavie, à "briser l'équilibre politique et propulser au pouvoir les groupes soutenus par le Kremlin". "Poursuivant ses intérêts géopolitiques, Moscou s'attaque directement aux citoyens de la Moldavie en aggravant leur situation économique...Un consensus de toutes les forces politiques moldaves devient nécessaire face à la pression extérieure. Une prise de position concrète nettement formulée sur une large base et sans émotions antirusses aura un effet positif aussi bien dans le pays que parmi l'opinion internationale, en prouvant que la société moldave ne se laissera pas morceler au moyen du chantage". (Flux, 21.12).

Arménie

La hausse du prix du gaz russe peut, de l'avis de certaines éditions, modifier de façon radicale l'attitude de l'Arménie à l'égard de la Russie. "Notre amie" la Russie nous traite comme bon lui semble. On peut agir comme on veut avec un "poste avancé". On peut lui reprendre ses usines, on peut élever le prix du gaz, on peut même interdire la construction d'un autre gazoduc, ce qui a pour effet que la canalisation gazière de 1500 mm venant d'Iran a en Arménie 750 mm pour que nous ne puissions pas, Dieu nous en garde, vendre du gaz à d'autres au détriment des intérêts de la Russie". (168 Zham, 21.12).

Les médias constatent que vu la situation politique intérieure en Arménie, Erevan n'a pas les moyens de faire face à la pression politique et économique de la Russie. "Dans ce contexte, une opposition parlementaire puissante et indépendante du point de vue géopolitique pourrait s'avérer très efficace... Mais il n'y a aucune opposition de fait... Le sort du gaz arménien dépendra principalement de la capacité de Robert Kotcharian à jeter un regard implorant capable d'attendrir Vladimir Poutine". (Aikakan Zhamanak, 21.12).

Géorgie

L'information sur l'intérêt de Gazprom à privatiser le grand gazoduc géorgien a eu un vif retentissement. Les médias affirment que si le géant gazier russe n'obtenait pas la conduite, il doublerait le prix du gaz pour la Géorgie. "On a appris que si le contrôle du gazoduc n'est pas cédé sous une forme ou sous une autre au holding russe, celui-ci portera le prix du gaz naturel à 200 dollars les 1000 m3 à partir de 2007. D'autre part, Gazprom demandera à la Géorgie de prépayer les livraisons et n'acceptera aucune accumulation de dettes. Mais si le gazoduc géorgien tombe entre les mains de Gazprom, un accord sera signé, au terme duquel la Russie livrera à la Géorgie du gaz à 110 dollars les 1000 m3 de 2006 à 2016. La Géorgie a un an pour réfléchir et chercher d'autres sources gazières". (Rezonansi, 26.12).

De nouveau, les médias fondent sur les Etats-Unis l'espoir de trouver une "protection" face à la Russie. "L'Amérique possède en Géorgie des intérêts stratégiques liés à son influence en Asie centrale et à un éventuel conflit avec l'Iran. Donc, les Etats-Unis n'admettront jamais que la Géorgie vende son grand gazoduc à Gazprom". (Akhali Taoba, 27.12).

Azerbaïdjan

La presse met en relief le rôle joué par l'Azerbaïdjan dans l'affrontement qui oppose la Russie aux Etats-Unis sur le marché pétrogazier mondial et indique qu'en perspective cela pourrait affranchir le pays du diktat politique du voisin septentrional. "L'éloignement du risque de "pénurie de produits énergétiques" accroît notablement "la température politique" autour du secteur énergétique mondial, où la confrontation entre la Russie et les Etats-Unis pourrait prochainement devenir le thème majeur. Plus précisément, la volonté de Washington de limiter le rôle de la Russie sur le marché énergétique mondial... Il ne fait aucun doute que maintenant qu'elle a "voix délibérative" sur le marché pétrolier mondial, la Russie n'hésitera pas à se servir des livraisons d'hydrocarbures comme d'un instrument de pression politique... Et ici il n'est pas inutile de se souvenir que l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan, pour lesquels notre pays constitue encore un accès au marché pétrolier mondial, représentent les sources de pétroles les plus réelles pour l'Europe, une alternative aux livraisons de produits énergétiques russes.

C'est ici justement que le heurt des intérêts de la Russie et des Etats-Unis promet d'être le plus violent et le plus visible. Et il semble évident que le moment va arriver où l'Azerbaïdjan ne sera plus en mesure d'appliquer une "politique équilibrée", de retarder l'heure du choix" (Ekho, 24.12).

La proposition de réunir la République des Adyghéens et le territoire de Krasnodar a été accueillie défavorablement. "Le processus de remembrement et d'union des entités de la Fédération de Russie poursuit son petit bonhomme de chemin... Au fond, on entend dissoudre les Adyghéens dans le territoire de Krasnodar, dont les dirigeants sont bien connus pour leurs vues chauvines. Qui plus est, cela est fait exclusivement dans l'intérêt de la communauté slave, dont les représentants ne veulent plus être considérés comme une minorité non titulaire... Il semble bien qu'à Moscou on ait conscience qu'une explosion ethnique dans cette région est inévitable et que l'on cherche au moins à priver les futurs combattants pour l'indépendance du Caucase de la possibilité d'établir un lien avec le monde extérieur en évitant le territoire russe" (Ekho, 23.12).

Kazakhstan

L'affrontement des intérêts de la Russie et du Kazakhstan dans le secteur pétrogazier est l'un des thèmes les plus débattus dans les médias. Selon la presse, les projets indépendants du Kazakhstan provoquent le mécontentement de Moscou qui n'est pas disposé à lâcher un seul des "leviers de pression".

Les journalistes constatent qu'il est peu probable que la Russie renonce aux bons rapports de partenariat avec le Kazakhstan et que pour cette raison il lui faudra bien tenir compte des intérêts d'Astana.

"Actuellement, on observe une certaine tension dans les négociations kazakho-russes au sujet de l'augmentation des capacités du Consortium pipelinier de la Caspienne. Le Kazakhstan souhaiterait accroître l'extraction et les exportations de brut vers l'Occident. Ce que ne veulent pas les sociétés pétrogazières russes parce qu'elles aussi extraient davantage de pétrole. En outre, elles souhaitent naturellement jouir entièrement du monopole des exportations de ressources énergétiques des pays de l'ancienne Union soviétique vers l'Europe occidentale... Le Kazakhstan est actuellement l'un des rares Etats post-soviétiques avec lesquels la Russie n'a pas de problèmes. Par conséquent, on ne voit pas quel esprit machiavélique la pousserait à en créer (Navigator-II, 21.12).

Kirghizie

De l'avis des médias, l'événement majeur de l'année qui s'en va est le "retour" de la Russie en Asie centrale. "La stratégie de la Russie consistant à accorder un soutien conditionnel aux régimes politiques en place dans la région s'est avérée plus opérante et plus demandée que la stratégie des Etats-Unis qui avaient misé sur la "démocratisation".

En tenant compte au maximum des intérêts américains, les dirigeants des Etats centrasiatiques ont été soumis à une formidable action déstabilisante sous forme de tentatives de "démocratiser" les régimes politiques et de légaliser l'opposition. Les régimes politiques centrasiatiques ont fait volte-face vers la Russie et rétablissent leurs rapports avec Moscou. La Russie est effectivement disposée à venir en Asie centrale avec des investissements et des projets publics, elle est prête à assurer la sécurité et la souveraineté des Etats nationaux en cours de formation, à conclure des accords sur des rapports d'alliés, à livrer des armes et des matériels de guerre" (Obchtchestvenny reïting, 21.12).

De nombreux titres attirent l'attention sur les difficultés auxquelles le capital russe se heurte dans la pénétration du marché kirghiz. Une thèse identique est développée par l'ambassadeur de Russie en Kirghizie, E.Chmarguine, dans une déclaration reprise dans la presse. "Le business privé russe éprouve des difficultés en Kirghizie. Les événements du mois de mars ont eu de dures répercussions sur tous les hommes d'affaires. C'est la raison pour laquelle maintenant les entrepreneurs russes regardent la Kirghizie avec réticence" (Gazeta. KG, 20.12).

Ouzbékistan

En méditant sur la coopération et la rivalité de la Russie et de la Chine en Asie centrale, la presse attire de plus en plus fréquemment l'attention sur le heurt des intérêts économiques de la Russie et des pays asiatiques alors qu'extérieurement ils affichent un accord politique. Elle souligne que l'intérêt des puissances pour la région ne cessera de croître.

"L'Asie centrale ne doit pas s'attendre à ce que faiblisse l'intérêt que la Russie et la Chine portent à ses ressources. D'ailleurs, une autre puissance, l'Inde, s'y intéresse beaucoup ces derniers temps. Et tout comme la Chine verrait d'un mauvais oeil une extension de l'influence de la Russie dans les anciennes républiques soviétiques, Moscou appréhende de voir ces pays tomber dans le "giron" de la Chine. Par conséquent, les relations entre la Chine et la Russie dans la région sont réglementées par ces facteurs dissuasifs interdisant une immixtion impudente dans les processus qui se déroulent en Asie centrale et la gestion de ses ressources. L'unanimité totale entre la Russie et la Chine quant à la question de tenir les Etats-Unis éloignés de la région ne fait que renforcer ce facteur" (TRIBUNE-uz, 26.12).

La signature de l'accord sur la livraison à l'Iran de 29 missiles sol-air Tor-M1 a été accueillie favorablement. "Au cours des 60 dernières années les Etats-Unis sont entrés en guerre contre la Corée du Nord, le Vietnam, le Liban, la Grenade, Panama, l'Irak, la Somalie, la Yougoslavie, l'Afghanistan... Jamais contre l'Iran... Alors, qui est l'agresseur dans la balance de l'histoire mondiale?.. Comment se protéger contre des dangers qui, par exemple, sont en permanence dirigés contre Téhéran ou Pyongyang? On souhaite involontairement posséder une "bombinette". Personne ne montrera le poing aux pays qui en détiennent une" (Vesti.uz, 21.12).

Tadjikistan

La thèse concernant les besoins de la Russie en main-d'oeuvre immigrée est étayée dans la presse qui site les propos d'un représentant de la fondation russe Novaïa Evrazia (Eurasie nouvelle). Cet organisme a élaboré un programme destiné à régler les problèmes de la migration dans les régions russes et les pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI). La première étape du programme sera réalisée au Tadjikistan, en Kirghizie et au Kazakhstan. "Les travailleurs émigrés ne constituent pas un fardeau et la Russie n'est pas une mauvaise mère pour les émigrés des pays de la CEI... Nous voulons, conjointement avec la partie russe, entretenir l'activité des centres dit d'assistance juridique, médicale et autre aux immigrés" (Avesta, 23.12).

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