La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

Les médias estoniens sont d'avis que le soutien de la Russie au Hamas, très populaire en Palestine, exercera un impact positif sur la situation en Tchétchénie. "Le prestige du Hamas aux yeux des Tchétchènes est important (...).On peut en déduire qu'entre le Kremlin et le Hamas (du moins, en théorie), un marché mutuellement avantageux est possible. Qu'est-ce que cela signifie ? Ne serait-ce que le fait que le Kremlin (toujours en théorie) pourra aider les Palestiniens en leur livrant des armes, qu'il se chargera de la protection des intérêts de la Palestine sur la scène internationale et, profitant de son statut, ne permettra à personne de "nuire à ses amis". En contrepartie, le Hamas s'emploiera à pacifier la Tchétchénie. Ainsi, on réussira à ménager la chèvre et le chou" ("Parnu Postimees", 17.02).

Le rapport du Conseil de l'Europe, qui critique avec acerbité Tallinn pour sa politique dans le domaine des minorités ethnique, est une douche froide pour l'Estonie. Pour certains médias, ce rapport est tendancieux et a été initié par la Russie. "L'élite politique et administrative estonienne a été bouleversée hier par le rapport glacial de la commission du Conseil de l'Europe pour la lutte contre le racisme et l'intolérance qui adresse à l'Estonie les accusations les plus sévères de ces derrières années (...). Le Centre d'information pour les droits de l'Homme, qui serait financé par la Russie, et qui a déjà attiré l'attention de la Sécurité, émet les critiques les plus dures" ("Eesti Paevaleht", 22.02).

LETTONIE

Dans leur évaluation de l'invitation du Hamas à Moscou, les journaux lettons relèvent la portée des rencontres que la délégation du mouvement aura à Moscou du point de vue de la consolidation des positions stratégiques de la Fédération de Russie au Proche-Orient, sur fond d'exacerbation des problèmes de Washington et de scandale de caricatures. "Après que le leader russe eut qualifié la victoire du Hamas aux élections palestiniennes de coup sérieux porté aux efforts de paix américains, cette invitation fait figure de tentative pour aggraver les problèmes de Washington" ("Biznes&Baltia", 16.02). "La politique russe au Proche-Orient a été très ciblée ces derniers temps (...). Apparemment d'une manière assez effacée mais au fond très imagée, M.Poutine a ainsi commenté le scandale dit des caricatures : "Je pense que toute provocation dans ce domaine est absolument inacceptable. Et avant de publier ou de dessiner quoi que ce soit, il faut réfléchir cent fois" ("Latvijas avize), 22.02).

LITUANIE

Les propos du directeur de la Sécurité d'Etat de Lituanie Arvydas Pocius - il a exprimé son inquiétude "face non seulement à la guerre secrète de l'information menée par certains Etats mais aussi aux injections financières directes de l'étranger", ont suscité de vastes échos dans la presse locale. Les médias et des personnalités politiques ont commenté différemment les paroles de ce haut-fonctionnaire. "Le commentaire de Pocius est une nouvelle manifestation de verbiage de la part des dirigeants lituaniens (...). Nul n'ignore que la Russie essaie, en mettant à profit des processus économiques et politiques, d'exercer des pressions sur les pays baltes et occidentaux. Tous ceux qui s'intéressent à la politique extérieure le remarqueront, mais seules des mesures de préventions précises peuvent permettre d'obtenir des changements dans ce domaine et non pas les commentaires publics qui laissent en suspens plus de questions qu'ils n'apportent de réponses et qui engendrent des tensions au sein de la société. ("Veidas", 25.02). "Les uns sont fâchés par le discrédit jeté prétendument par le dirigeant de la Sécurité sur l'ensemble du système politique du pays, d'autres se sont précipités pour se défendre eux-mêmes mais aussi défendre d'autres partis, affirmant qu'il n'y a pas et qu'il ne peut y avoir de financement de l'étranger. Mais personne n'a, semble-t-il, voulu savoir ce que cachaient ses propos (...). Combien d'entreprises publiques russes et de firmes contrôlées par les services secrets aspirent à contrôler le port de Klaipeda et les secteurs stratégiques de l'économie lituanienne ?" ("Lietuvos Rytas", 27.02). "Laissons les affaires aux chefs d'entreprise. L'influence des services secrets étrangers en Lituanie est parfois exagérée et les intérêts des entrepreneurs s'en trouvent injustement lésés" ("Verslo zinios", 21.02).

UKRAINE

Certains périodiques expliquent le conflit gazier russo-ukrainien par la volonté de Moscou de pousser à la faillite les entreprises ukrainiennes fortement consommatrices d'énergie pour en décrocher par la suite les blocs de contrôle à des prix très bas. Le refus des industriels russes de participer, l'an dernier, à la vente aux enchères de la première aciérie ukrainienne Krivorozhstal, puis la déclaration de Vladimir Boïko, PDG de l'aciérie de Marioupol, selon laquelle il ne cessait de recevoir les propriétaires de gros actifs métallurgiques russes, comme Alexeï Mordachov (Severstal) ou Vladimir Lissine (NLMNK), alimentent les rumeurs. "Le désistement des groupes russes dans le cas de Krivorozhstal pourrait aussi s'expliquer par le fait qu'ils étaient au courant de l'issue du conflit gazier... Cette queue de Russes (devant la porte de Vladimir Boïko) témoigne d'une chose: ils seront prêts à fournir du gaz bon marché aux usines ukrainiennes, une fois qu'ils les auront décrochées" (Ukrroudprom, 17.02).

Relatant la réunion à Kiev d'une commission intergouvernementale sur la présence de la flotte russe de la mer Noire en Ukraine, les médias accusent Moscou de faire traîner les choses en longueur et critiquent avec véhémence l'interprétation russe des accords-cadres concernant la flotte. "Avant de parler des milliards de dollars de subventions russes pour l'Ukraine, Vladimir Poutine aurait dû réfléchir aux subventions ukrainiennes accordées à Moscou dans les baies de Sébastopol" (Glavred, 16.02).

Beaucoup de médias expliquent les "reproches" ukrainiens, dans le cas de la flotte russe, par la campagne législative et la volonté du bloc pro-présidentiel de relever sa cote de popularité. "L'équipe de Viktor Iouchtchenko n'en finit pas d'aggraver les relations avec la Russie pour attirer cette partie de l'électorat qui continue d'imputer sa situation défavorable aux agissements des "moskali" (appellation péjorative des Russes)" (From-ua, 17.02).

MOLDAVIE

La solidarité de la Russie et de l'Ukraine dans le dossier du règlement du conflit en Transnistrie, république autoproclamée sur le territoire moldave, suscite l'indignation de la presse moldave pro-roumaine. Les observateurs estiment que Kiev joue "la carte russe" aux législatives en Ukraine et soupçonnent un complot russo-ukrainien sur la question transnistrienne. "Les Russes comprennent que sans le soutien de l'Ukraine ils ont moins de chances de pousser les choses en direction du modèle kosovar. C'est pourquoi le Kremlin semble enfin prêt à pousser la Transnistrie dans les bras de son voisin slave oriental à condition que le contingent militaire russe reste dans la région et que Kiev contribue à la reconnaissance de la république indépendantiste. L'appât de Moscou, comme il est facile de s'en rendre compte, est suffisamment appétissant pour le faire avaler à l'Ukraine. Peut-on, en effet, dompter les appétits de Kiev? Oui, si les Etats-Unis et l'Union européenne lui prescrivent une pilule politique pour faire vomir" (Flux, 17.02).

ARMENIE

En déclarant que Moscou contribuerait activement au règlement du conflit du Haut-Karabakh, enclave de langue arménienne sur le territoire azerbaïdjanais, Vladimir Poutine s'emploierait, selon des experts, à renforcer les positions de la Russie sur l'échiquier post-soviétique et à "promouvoir les intérêts russes". "Ces derniers temps, deux autres coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, les Etats-Unis et la France, démontrent un regain d'activité... Dans cette optique, la Russie cherche à s'imposer sur l'échiquier post-soviétique et à redoubler d'efforts pour résoudre les conflits... A une époque ou une autre, les dossiers en suspens deviennent pour les différents Etats un instrument de promotion de leurs intérêts. Aujourd'hui, le Haut-Karabakh fait l'objet de beaucoup d'intérêt... de la part des différentes parties concernées" (Azg, 24.02).

En considérant le Caucase comme un terrain de confrontation des intérêts géopolitiques, les médias reconnaissent que l'Arménie profiterait, en quelque sorte, de la participation de Moscou au règlement du conflit du Haut-Karabakh. Dans le même temps, des craintes sont exprimées quant à l'éventuelle "vengeance" du Kremlin en réaction aux tentatives récentes des autorités arméniennes pour établir des contacts avec l'OTAN. "Bien entendu, les démarches actives de Moscou... neutraliseraient sensiblement les scénarios inévitablement brutaux d'une intervention américaine et offriraient une certaine marge de man�uvre à l'administration de Robert Kotcharian. D'autre part, la Russie ne manquera pas, tôt ou tard, de facturer à Erevan sa courtoisie pro-otanienne" (Aïb Fe, 24.02).

En évaluant les perspectives de partenariat à long terme avec la Russie, les médias continuent de la considérer exclusivement comme un partenaire peu fiable, voire dangereux. "Dès que la Russie sentira, dans une négociation difficile, qu'il est dans son intérêt de se servir de l'Arménie comme monnaie de change, elle n'hésitera pas à le faire" (Iravounk, 25.02). "La Russie... a intérêt à ce que les pays de la CEI restent économiquement pauvres. L'histoire de la dette nationale arménienne en est un exemple éclatant. En échange du remboursement de cette dette, la Russie est devenue propriétaire de plusieurs entreprises stratégiques de notre pays pour une valeur réelle qui est plusieurs dizaines de fois supérieure à la dette nationale... Cette politique de la Russie peut sûrement être qualifiée de coloniale" (Aïkakan Jamanak, 22.02).

GEORGIE

La plupart des médias suivent avec inquiétude l'évolution des relations russo-géorgiennes et critiquent ouvertement l'attitude belliqueuse de Tbilissi. "Il y a quelques jours, le pays se trouvait au seuil d'une guerre... Ils [les Russes] sont indignés par notre rhétorique... A ce propos, notre président a baissé le ton après une visite en Allemagne. Il a compris qu'il ne fallait pas parler de cette manière, mais la majorité parlementaire ne l'a pas compris" (Akhali taoba, 20.02). "Le climat politique entre Tbilissi et Moscou doit s'améliorer... Personne ne demande que le pouvoir capitule, se mette à genoux ou soit servile. Il est question de relations politiques normales, efficaces et sages avec la Russie" (Sakartvelos respublika, 25-26.02).

La remise à plus tard, "pour des raisons techniques", d'une visite du Premier ministre et d'une délégation parlementaire géorgienne en Russie et la suspension de la délivrance de visas russes aux ressortissants géorgiens a fait l'effet d'un choc sur les médias géorgiens." Le terme "raisons techniques" signifie tout simplement que Moscou a fermé la porte au Premier ministre et aux parlementaires. Et ils ne sont pas les seuls concernés, cela touche l'ensemble de la Géorgie, les visas ne sont déjà plus délivrés et personne ne sait pour combien de temps. En tout cas, cela durera jusqu'à ce que nous fassions des pas réfléchis et pondérés" (Sakartvelos respublika, 25-26.02).

Les médias sont profondément déçus par la réaction du président ukrainien à la proposition d'envoyer un contingent ukrainien en Géorgie pour remplacer les forces de maintien de la paix russes. "Le président ukrainien a déclaré que l'Ukraine était prête à remplacer les soldats de la paix russes à condition que cette opération se déroule sous l'égide de l'ONU... "Sous l'égide de l'ONU" signifie que rien ne se fera sans le consentement de la Russie, parce que Moscou a le droit de veto à l'ONU" (Alia, 25-26.02).

AZERBAÏDJAN

Les avis critiques émis par les journaux d'opposition tranchent avec l'image positive relayée par les médias officiels. "L'Azerbaïdjan regarde de nouveau la Russie à la manière d'un "frère cadet" (Yeni Musavat, 28.02). "On ne peut pas parler d'une amélioration des relations azerbaïdjano-russes, on ne peut pas considérer l'amitié entre Ilkham Aliev et Vladimir Poutine comme une amitié entre l'Azerbaïdjan et la Russie. Le clan dirigeant azerbaïdjanais ne fait qu'améliorer ses rapports personnels avec la Russie sans régler les problèmes des Azerbaïdjanais qui travaillent en Russie" (Yeni Musavat, 28.02). "Moscou souhaite transformer l'Azerbaïdjan en allié stratégique. Autrement dit, la Russie veut changer la ligne de la politique extérieure azerbaïdjanaise. Il faut prendre au sérieux l'initiative russe de créer une flotte militaire unique sur la mer Caspienne. Cette flotte sera contrôlée par la Russie ce qui signifie que l'Azerbaïdjan pourra être occupé depuis la Caspienne. Qui plus est, la Russie cherche à obtenir le soutien de l'Azerbaïdjan sur le dossier iranien. Ce soutien consiste à utiliser le sol azerbaïdjanais pour livrer des produits russes en Iran en cas d'attaque militaire américaine contre ce pays. La politique actuelle de Moscou vise à empêcher les États-Unis de prendre le dessus sur l'Iran. La Russie a toujours recherché la faiblesse des États-Unis et ses aspirations n'ont pas changé. Le soutien apporté par la Russie au mouvement Hamas s'explique aussi par son attitude antiaméricaine" (Azadlyg, 23.02).

KAZAKHSTAN

Le conflit gazier russo-ukrainien, les activités déployées par les sociétés russes Gazprom et LUKoil en Asie Centrale sont perçues comme une tentative russe de monopoliser le marché énergétique et recouvrer un statut de superpuissance. "La réorientation de la Russie vers le développement du secteur énergétique au profit de l'industrie de défense est un signal pour le reste du monde... On entend des notes de nostalgie de l'ancienne "domination mondiale"... Une domination énergétique mondiale, puis une domination économique, politique et enfin militaire. Ignorer cette logique signifie vivre les yeux fermés sans comprendre les processus en cours au dehors de chez soi" (Gazeta.kz, 22.02).

La récente réunion du "groupe des sages" de la CEI à Minsk a suscité des commentaires sceptiques dans la presse. Les journalistes estiment que la réforme des organes de la Communauté des États Indépendants ne donnera pas de résultats. "L'Europe a rapidement formé une union, parce qu'elle a trouvé un consensus, alors que la CEI n'existe que sur le papier et continue de mener des négociations. Trop de déclarations d'intention, peu de gestes concrets. Qu'est-ce que les "sages" peuvent faire dans ce cas-là? Rentrer chez eux après délibération (Liter.kz, 22.02).

KIRGHIZSTAN

Les représentants de certaines organisations non gouvernementales se sont indignés des propos du commandant en chef de l'armée de l'air russe, Vladimir Mikhaïlov, qui a tenu des pourparlers avec le ministre kirghize de la Défense, Ismaïl Isakov. Selon M. Mikhaïlov, le contingent militaire russe sera presque "éternellement" déployé sur la base de Kant. Sans contester la nécessité de la présence militaire provisoire de Moscou au Kirghizstan, les experts dénoncent une telle formulation de la question par la partie russe.

"Monsieur Mikhaïlov n'a absolument pas le droit de faire des déclarations de la sorte" ("Jany kylym", 22.02).

"Il serait bien que le Kirghizstan possède lui-même les armements dont disposent les bases aériennes russe et américaine. Mais nous n'avons pas de telles possibilités. Pour le moment, ces bases sont nécessaires. Mais pas pour toujours. Lorsque leurs tâches auront été accomplies, les bases aériennes devront être évacuées du Kirghizstan" ("Jany kylym", 22.02).

OUZBEKISTAN

La presse suit de près l'élargissement des bases militaires russes dans la région.

"Le général d'armée Vladimir Mikhaïlov, commandant en chef de l'armée de l'air russe, a indiqué qu'il était prévu d'augmenter considérablement la quantité de matériel aérien de la base aérienne russe au Kirghizistan. "Le nombre d'avions sera triplé, a dit M. Mikhaïlov... Il est prévu de porter les effectifs de la base à environ 260 officiers... Cette base est la notre pour toujours" (Vesti.uz, 17.02).

La réduction par les Chemins de fer russes des tarifs sur le transport par les wagons réfrigérateurs de fruits et légumes frais, ainsi que les informations sur l'augmentation de leurs livraisons vers la Russie ont entraîné une vague d'optimisme quant au retour des marchandises ouzbèques sur le marché russe.

"Les réductions permettront non seulement d'augmenter les volumes des livraisons de fruits, légumes et raisins en provenance d'Ouzbékistan, mais aussi de préserver leur qualité. Et cela présente des avantages tant pour les producteurs ouzbeks que pour les consommateurs russes... La tâche essentielle consiste maintenant à organiser un système régulier de livraison sans à-coups, pour faire revenir les fameux fruits et raisins ouzbeks dans les magasins russes, d'où ils avaient été écartés par les concurrents d'Espagne, de Bulgarie, de Chine et d'autres pays chauds" (Vesti.uz, 22.02).

TADJIKISTAN

Les négociations russo-iraniennes sur le problème nucléaire sont dans le collimateur des journalistes. Le conflit entre l'Iran et l'Occident, selon les médias, a souligné l'actualité du problème de la création d'un système régional de sécurité au Moyen-Orient. Pour les observateurs, ce système pourrait se fonder sur deux organisations déjà existantes: l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). L'OCS pourrait y constituer la force la plus importante, à condition que l'Inde adhère à cette organisation.

"La création d'une organisation de sécurité régionale selon l'idée d'Evgueni Primakov (Moscou - New Delhi - Pékin plus l'Iran) donnera naissance à un bloc disposant d'un potentiel économique, militaire et démographique sans précédent (il s'agirait de la moitié de la population de la planète!), capable de faire entendre raison à tout agresseur éventuel. A l'heure actuelle, la région possède des possibilités politiques réelles de résoudre la très tendue "crise iranienne": nous avons juste besoin de la bonne volonté et de la résolution des hommes politiques, ainsi que de l'ingéniosité des diplomates" ("Asia-Plus", 16.02).

Les médias apprécient hautement les efforts russes visant à parvenir à une entente avec l'Iran.

"La proposition russe de créer avec l'Iran une coentreprise de transformation du combustible nucléaire sur le territoire russe est unique en son genre, car elle crée des conditions pour sortir de l'impasse actuelle et rendre possible le règlement du "problème nucléaire iranien" ("Asia-Plus", 21.02).

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