Revue de la presse russe du 13 mars

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

L'exportation de matériel de guerre russe dépasse le cadre indo-chinois

La visite effectuée vendredi par Vladimir Poutine en Algérie était très fructueuse. En réponse à l'annulation de la dette algérienne de 4,7 milliards de dollars, l'Algérie a confirmé les contrats portant sur la livraison d'armes russes pour 7,5 milliards de dollars et, compte tenu des options, pour plus de 10 milliards de dollars. Pour la Russie, la vente d'armes est plus avantageuse que le remboursement par l'Algérie de sa dette, font remarquer les experts.

Les quantités d'armes russes prévues par les contrats conclus ces derniers mois signifient le rééquipement total de l'armée algérienne. Selon les membres de la délégation russe et les sources au complexe militaro-industriel, il s'agit de la livraison de 34 chasseurs MiG-29 SMT, de 28 chasseurs Su-30 MKI et de 14 avions d'entraînement et de combat Yak-130 (pour un total de 3,5 milliards de dollars). De plus, 36 MiG-29 de modèles antérieurs seront renvoyés en Russie et vendus à des pays tiers. Les accords intervenus prévoient également la livraison de 300 chars T-90S (pour un milliard de dollars), de huit systèmes de missiles S-300 PMU-2 pour les divisions de DCA (un milliard de dollars), de 30 batteries sol-air Toungouska (d'une valeur de près de 0,5 milliard de dollars), la modernisation de 250 chars T-72 (pour plus de 200 millions de dollars) et la livraison de missiles antichars Metis et Kornet, ainsi que les réparations des navires des forces navales algériennes.

"Même si l'Algérie avait remboursé sa dette rapidement et en espèces, cet argent aurait été dépose au Fonds de stabilisation sans aucune utilité pour l'économie, souligne Constantin Makienko, expert du Centre d'analyse des stratégies et des technologies. A présent, des entreprises employant des dizaines de milliers d'ouvriers et d'ingénieurs hautement qualifiés ont des commandes pour les 4 à 5 prochaines années". L'Algérie est devenue le troisième acheteur d'armes russes. On peut affirmer que l'exportation de matériel guerre russe a dépassé le cadre indo-chinois", estime l'expert.

"Si la Russie avait insisté sur le remboursement de la dette algérienne, ces contrats n'auraient pas été signés", affirme une source au sein de la délégation russe.

Nezavissimaïa gazeta

Le financement privé de structures publiques est un crime - expert

La semaine dernière on a appris la nouvelle décision du président qui propose aux sociétés importantes de financer partiellement le Comité antiterroriste national. Quelles autres structures publiques pourraient être financées, en contournant le budget, par les industriels russes?

Mikhaïl Léontiev, journaliste et politologue : Les projets nécessitant des injections budgétaires peuvent être très nombreux. Il ne faut pas seulement confondre les structures avec les projets. Dans le second cas, l'Etat affiche ses objectifs à long terme et les étaye par un financement partiel. Alors les hommes d'affaires ont intérêt à participer aux projets durables, à y investir et à les faire fructifier. Mais les milieux d'affaires ne peuvent financer aucun comité, aucun organisme public. C'est une infraction au Code pénal, un crime d'Etat.

Evgueni Yassine, directeur scientifique du Haut Collègue d'Economie : Ce qui se passe s'appelle extorsion de participation. Il existe aussi beaucoup d'autres objets utilisables pour qui veut dépouiller les milieux d'affaires. C'est inacceptable : les hommes d'affaires, tout particulièrement les gros industriels, sont aujourd'hui déprimés et investissent plus volontiers à l'étranger que dans leur propre pays. Ils débourseront tout simplement pour qu'on les laisse en paix, ils ne peuvent rien refuser au pouvoir, sachant que celui-ci a mille moyens de punir les insoumis.

Guennady Goudkov, chef adjoint du comité de sécurité de la Douma : Nous avons aujourd'hui beaucoup de moyens pour investir dans l'économie, assurer un essor substantiel et financer ainsi tout ce qu'il nous faut, y compris la modernisation des armements, l'activité antiterroriste, la réforme judiciaire et beaucoup d'autres choses. La monopolisation de l'économie russe est aujourd'hui au-dessus du niveau normal, elle a peut-être même dépassé le niveau critique. C'est le budget national qui doit alimenter l'activité de l'Etat, surtout l'activité antiterroriste.

Kommersant

Le Kremlin modifie le programme du mouvement de la jeunesse proprésidentielle

La marche-carnaval contre le racisme et la xénophobie qui devait rassembler cent mille manifestants le 26 mars est reportée à l'automne. Le Kremlin s'est rendu compte qu'il a "trop forcé" sur le thème antifasciste et a décidé de ne rien débourser pour le carnaval, du moins pour le moment, selon une source proche de l'administration présidentielle.

"Tout le monde veut trouver un dessous politique dans cette décision mais il n'y en a pas. Nous ne sommes pas dépendants à ce point-là", a assuré l'attaché de presse de "Nachi", Robert Chleguel. "Il est très difficile d'organiser une telle action, on peut dire que nous n'avons pas le temps. Il ne s'agit pas d'un défaut de financement, nous avions des problèmes de transport et de sécurité", a-t-il dit. L'attaché de presse s'est refusé à parler des sources de financement de l'action intitulée "La Russie, capitale du monde", se contentant d'annoncer qu'elle doit coûter "plusieurs millions de roubles".

"La décision de reporter la marche peut être considérée comme une modification du programme de "Nachi". Bien que ce mouvement se soit positionné au début comme antifasciste, le Kremlin a tout de suite compris que ce thème ne devait pas être activement privilégié et il a été décidé de ne pas le financer pour le moment", selon la source proche de l'administration présidentielle.

De l'avis de l'opposition, les "attaques directes lancées contre l'opposition et notamment les accusations de fascisme portées contre les leaders de l'Union des forces de droite, de Iabloko et du Parti national-bolchevik, respectivement Nikita Belykh, Grigori Iavlinski et Edouard Limonov", ont cessé de plaire au chef adjoint de l'administration du Kremlin, Vladislav Sourkov, qui a la charge de la jeunesse pro-présidentielle.

"Je pense que ce n'est pas une rectification. Tout porte à croire que le Kremlin leur a tout simplement tourné le dos. Le mouvement "Nachi" n'a pas justifié ses attentes, il lui fait une publicité négative", a estimé Edouard Limonov, donnant sa version des événements.

"Le Kremlin a peut-être compris que "Nachi" peut présenter une menace réelle. Cent mille manifestants défilant au pas cadencé, c'est dangereux et cela ne peut qu'avoir un impact négatif sur la vie de la ville", a fait remarquer pour sa part Nikita Belykh.

Gazeta

L'initiative pacifique russe sur le problème iranien a échoué

Au moment de faire le dernier pas et d'accepter l'accord sur la construction d'une coentreprise russo-iranienne d'enrichissement d'uranium, Téhéran a arraché le masque et refusé de poursuivre les pourparlers. De plus, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République Islamique, Hamid Reza-Assefi, a menacé de revoir tout le programme de coopération nucléaire avec la Russie, en faisant allusion à la rupture du contrat portant sur la construction de la centrale de Bouchehr. Ce qui inquiète les experts est bien plus sérieux que le destin des contrats russo-iraniens, ils se demandent combien de temps il reste jusqu'à la création par Téhéran de l'arme nucléaire?

Radjab Safarov, directeur général du Centre d'étude de l'Iran contemporain, estime que la cause de l'échec des pourparlers avec l'Iran est la récente visite du chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov à Washington. "La Russie et les Etats-Unis ont probablement conclu un accord tacite sur les concessions réciproques: nous cessons de coopérer avec l'Iran, les Etats-Unis promettent de faire une série de concessions économiques et politiques à Moscou".

Evgueni Satanovski, président de l'Institut du Proche-Orient, qualifie la nouvelle déclaration des dirigeants iraniens de démarche diplomatique destinée à gagner du temps. Tant que la communauté mondiale réfléchit à la façon de réagir aux paroles des représentants de Téhéran, l'industrie nucléaire accélère son développement en Iran. Aujourd'hui, pour les ayatollahs, l'essentiel n'est pas de régler le problème, mais de créer une apparence de règlement. En effet, d'après certaines estimations, il leur faut six mois pour fabriquer une bombe nucléaire. Cela étant, chaque semaine compte.

Apparemment, le Kremlin ne comprend pas jusqu'à ce jour qu'il a été roulé. En témoigne la position de l'ambassadeur russe à l'ONU Andrei Denissov: "Deux semaines est un délai trop court pour préparer un nouveau rapport de l'AIEA".

Certains experts estiment qu'un des "groupes d'influence" ayant des intérêts commerciaux en Iran a exercé une pression directe sur la position de Moscou à ce sujet. Cependant, ni au ministère des Affaires étrangères, ni à l'administration présidentielle, il ne s'est trouvé d'experts spécialisés dans le Proche-Orient pour mettre en évidence une divergence entre les intérêts stratégiques de l'Etat et les intérêts conjoncturels d'un groupe d'hommes d'affaires.

Novye izvestia

La brusque hausse du sucre va doper l'inflation en Russie

De l'avis des experts internationaux, la pénurie de sucre sans précédent sur le marché mondial est due dans une bonne mesure à la demande accrue émanant de la Russie. L'envol des prix du sucre pourrait se traduire pour les Russes par une accélération de l'inflation.

Ce gros producteur de sucre qu'est le Brésil consacre la plus grande partie de sa récolte de canne en hausse régulière à la fabrication d'éthanol (biocarburant pour automobiles). La Russie, grande consommatrice de sucre, accroît ses importations, sans se soucier que le prix de cette matière première a doublé et atteint son niveau le plus élevé depuis 24 ans (en février le prix de revient de la tonne dépassait 750 dollars).

"En 2005, la corrélation étroite entre le marché des produits énergétiques et celui du sucre est devenue patente, dit Marina Gratcheva, analyste de ISCO-I Sugar Monitoring. La montée en flèche des prix du pétrole (70 dollars le baril en septembre) a fait passer le sucre du groupe des denrées alimentaires à celui des produits énergétiques".

Pour Vladislav Kotchetkov, analyste de la société de placement Finam, la hausse des prix du sucre sur le marché russe est parfaitement logique: "Les sucriers russes ne peuvent satisfaire que 30% des besoins des confiseries industrielles. Qui plus est, cet hiver la situation s'est encore dégradée du fait qu'avant les élections l'Ukraine avait décidé de limiter les exportations de manière à freiner la hausse des prix sur le marché intérieur.

Vladislav Kotchetkov rappelle que pratiquement toutes les matières premières utilisées par l'industrie de la confiserie - café, céréales, sucre - augmentaient et que pour cette raison il fallait s'attendre à ce que le gouvernement décide non pas de stopper la hausse des prix du sucre, mais de revoir ses prévisions concernant l'inflation qui sera certainement supérieure non seulement aux 8,5% annoncés, mais encore au niveau de 2005 (10,9% d'après les chiffres officiels).

Selon l'Agence russe des statistiques, l'inflation pour les deux premiers mois de l'année se chiffre déjà à 4,1%, ce qui représente près de la moitié de la croissance inflationniste prévue pour l'année.

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