Par Dmitri Kossyrev, RIA Novosti
Les relations entre la Russie et la Chine doivent s'édifier sur la "base de la mentalité renouvelée", a estimé l'ambassadeur de Chine à Moscou, Liu Guchang, lors de la récente conférence organisée sur la Toile mondiale par la société RBC (Rosbusinessconculting) à l'occasion de la prochaine visite du président russe à Pékin où il devra inaugurer l'Année de la Russie.
Les non-dits sont importants dans les propos du diplomate chinois comme c'est toujours le cas des discours de responsables chinois préparés à l'avance. Dans notre cas, la "mentalité renouvelée" peut être interprétée comme la nécessité pour le plus grand nombre possible de Russes et de Chinois de refaire connaissance. Ou plus précisément de faire correspondre à la réalité l'idée qu'ils se font les uns des autres. De réitérer, si possible, ce qui s'est passé dans les années 1950, quand des centaines de milliers, voire des millions de citoyens de nos deux pays communiquaient entre eux. Sans oublier qu'ils ne sont plus dans les années 1950 et que la Chine et la Russie ont changé depuis un demi-siècle.
C'est le thème clé de la prochaine visite de Vladimir Poutine en Chine. Sa participation à l'inauguration de l'Année de la Russie en Chine (qui sera suivie de l'Année de la Chine en Russie) n'est pas un événement de routine, mais une réponse massive au problème important de nos relations bilatérales.
Les leaders des deux pays ont commencé à formuler le problème il y a deux ou trois ans lorsqu'ils ont perçu un début de décalage entre les relations fructueuses au niveau des dirigeants et l'absence de contacts entre des parties importantes de la société civile russe et chinoise. Tout simplement, la période de la "grande amitié" des années 1950 a pris fin aujourd'hui, précisément avec le départ des générations qui se comprenaient bien. Il est grand temps de se souvenir qu'il n'y a que l'ivraie qui pousse seule et que les arbres fruitiers requièrent des soins permanents.
L'idée des Années de la Russie en Chine et de la Chine en Russie consiste à rééditer les années 1950 sur une base contemporaine pour les deux sociétés qui sont fondamentalement différentes de ce qu'elles étaient à cette époque révolue. Les Russes et les Chinois sont en train de découvrir avec enthousiasme le monde : l'Europe, l'Amérique, d'autres parties de la planète. C'est une situation de concurrence culturelle avec ses côtés positifs et négatifs.
D'ailleurs l'Année de la Russie en Chine dont le président Poutine donnera le coup d'envoi dès son arrivée à Pékin n'est pas seulement un programme culturel. Elle comporte, il est vrai, un grand festival de la culture russe, mais ce n'est qu'une partie infime du programme. Une attention soutenue sera accordée, par exemple, aux contacts entre les milieux d'affaires des deux pays. Boris Titov, président du Conseil d'affaires russo-chinois, a cité le Forum des milieux d'affaires de Russie et de Chine qui se tiendra pendant la visite officielle de Vladimir Poutine en Chine, et la présentation à cette occasion de projets conjoints de coopération bilatérale, la Semaine d'investissement russo-chinoise et l'Exposition nationale russe qui sera déployée en novembre à Shanghai. En principe, le calendrier des événements dans ce domaine, tout comme dans les autres, est établi pour les deux années à venir. L'accent humanitaire de cette période biennale est évident. Par exemple, la Chine a augmenté le quota des bourses pour les étudiants russes qui apprennent la langue et la culture chinoises.
Des mesures réciproques analogues seront apparemment annoncées par Vladimir Poutine à Pékin. L'année dernière, quatre milliers de Chinois ont exprimé leur désir de faire des études en Russie qui accueille aujourd'hui 15 000 étudiants chinois. La coopération s'est dynamisée également entre les journalistes : notamment entre les agences ITAR-TASS et Chine Nouvelle, entre RIA Novosti et Renmin Ribao, entre les chaînes de télévisions, la radio La Voix de la Russie et la Radio internationale de Chine... Enfin, la Russie sera exposant d'honneur à la XIIIe Foire internationale du livre qui aura lieu fin août - début septembre à Pékin où elle occupera une surface record de 1000 m2.
Il se trouve tout compte fait que les dirigeants des deux pays confient le développement des relations bilatérales aux millions de citoyens de Russie et de Chine. Seules les générations futures pourront juger des résultats de cette idée.
