La stratégie gazière russe tournée vers l'Orient et vers l'Europe

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Par Alexandre Yourov, commentateur politique de RIA Novosti.

La visite du président russe en Chine s'est déroulée dans une ambiance encourageante. Depuis ces dernières années, le partenariat commercial entre les deux pays a acquis une dimension nouvelle. En 2005, le chiffre d'affaires des échanges bilatéraux s'est accru de presque 40% par rapport à 2004 pour atteindre 30 milliards de dollars environ et la Russie bénéficie toujours d'un solde commercial positif, ses exportations s'étant élevées à 15,9 milliards de dollars et ses importations à 13 milliards. Résultat : la Chine est devenue le deuxième partenaire de la Russie pour les opérations commerciales extérieures, après l'Allemagne. D'ailleurs, à en juger par le bilan des négociations des dirigeants des deux pays, ce n'est que le début.

L'un des thèmes principaux de cette rencontre au sommet a été la signature, par le chef de Gazprom, Alexéi Miller, et le directeur général de la China National Petroleum Corporation (CNPC), Chen Geng, d'un protocole sur la livraison de gaz russe à la Chine. Ce document favorise le développement de la coopération bilatérale à long terme. Ainsi, à partir de 2011, le gaz sibérien ira non seulement en Europe mais également en Chine. A la première étape le voisin oriental de la Russie recevra jusqu'à 80 milliards de m3 de gaz par an. A titre de comparaison, l'année dernière le géant gazier russe a produit 547,2 milliards de m3 de gaz dont il a exporté 151 milliards de m3. Chiffres énormes.

Pourtant, ces ententes sont loin d'être sensationnelles. En Chine et en Russie, le débat sur les perspectives de coopération dans le secteur pétrogazier dure depuis une dizaine d'années. Dès le milieu des années 1990 les analystes prédisaient à la Chine le rôle de grand importateur de gaz russe à l'horizon de 2010.

On ne sait toujours pas où la Russie trouvera des quantités aussi importantes de gaz et qui financera la construction des gazoducs nécessaires traversant les immenses territoires sibériens, depuis les gisements d'hydrocarbures russes jusqu'aux consommateurs chinois. D'après les calculs de Gazprom, le coût du projet s'avère impressionnant. La construction de la seule canalisation Russie-Chine traversant l'Altaï, longue de 3 000 km, coûtera 5 milliards de dollars. Le géant gazier a aussi d'autres engagements. Il projette d'investir 6 milliards de dollars dans la construction du Gazoduc nord-européen, d'une longueur et d'un débit analogues, qui reliera le Nord de la Russie à l'Allemagne. Il doit être mis en service à peu près à la même date, au début des années 2010.

Les autorités russes ne semblent pas gênées par des engagements aussi coûteux. Le président a déclaré avec assurance que le gaz serait acheminé en Chine suivant deux itinéraires : à l'Ouest via l'Altaï et à l'Est en contournant le lac Baïkal. Les deux systèmes de gazoducs auront chacun à peu près le même débit : jusqu'à 40 milliards de m3 de gaz par an. La Chine pourra satisfaire ses besoins en gaz tandis que la Russie aura la possibilité de conférer une nouvelle impulsion à son développement économique. Les experts estiment que grâce aux cours élevés du gaz Gazprom pourra amasser une trentaine de milliards de dollars d'ici cinq ans. Autant dire qu'il est parfaitement possible qu'à l'horizon de 2010 non seulement l'Europe mais également l'Asie dépendent du gaz russe.

A noter que les dernières négociations en Chine ne sont que l'une des étapes du développement des relations économiques et culturelles étroites entre les deux pays. Le président russe a été accompagné dans son voyage par de nombreux industriels et hommes d'affaires russes qui ont examiné avec leurs collègues chinois d'autres moyens de développer la coopération bilatérale. Par exemple les perspectives de la coopération mutuellement avantageuse dans la production de minerais polymétalliques dans la région du Baïkal. D'autre part Vladimir Poutine a donné le coup d'envoi de l'Année de la Russie en Chine. Ainsi, après le président et les hommes d'affaires russes, les scientifiques et les travailleurs de la culture sont attendus en Chine.

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