Revue de la presse russe du 6 mai

S'abonner

MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Des politiques russes promettent des problèmes économiques à l'Ukraine et à la Géorgie

Kiev a suivi l'exemple de Tbilissi, annonçant que l'Ukraine étudie sérieusement l'utilité de sa participation à la CEI. En réponse aux initiatives désintégrationnistes des leaders des "révolutions colorées", certains politiques russes ont promis des problèmes économiques à l'Ukraine et à la Géorgie.

Le chef du comité de la Douma pour les affaires de la CEI, Vadim Goustov, prédit à l'Ukraine un chômage énorme, une révision des relations économiques et une nouvelle hausse des prix des ressources énergétiques. "L'économie ukrainienne est orientée vers la Russie qui est le principal marché des produits ukrainiens. En Europe, nul n'en a besoin. Où pourrait-elle les vendre, une fois sortie de la CEI? Voilà la question", a-t-il déclaré.

Les déclarations critiques qui se sont fait entendre à Vilnius à l'adresse de la Russie sont, à son avis, un retour à la "guerre froide" : "En fait c'est un grand jeu politique dont l'objectif est de créer un cordon sanitaire autour de la Russie et l'Ukraine s'est laissée entraîner dans ce jeu".

Le chef du comité des affaires internationales de la Douma, Konstantin Kossatchev, estime que Kiev et Tbilissi s'emploient à aggraver les relations avec la Russie pour accélérer leur intégration dans les structures ouest-européennes et transatlantiques. "Compter pouvoir faciliter ainsi leur intégration, c'est prendre ses désirs pour des réalités. Personne dans ces structures n'attend ni la Géorgie, ni l'Ukraine", affirme avec certitude M.Kossatchev.

Les commentaires des parlementaires russes ne sont qu'un avertissement oral. La Russie a déjà plus d'une fois montré comment elle traite des voisins peu conciliant. La "guerre du gaz" contre l'Ukraine et les "guerres commerciales" contre la Moldavie et la Géorgie ne sont que quelques-uns des outils de pression politique sur les contradicteurs. Si l'Ukraine décide de divorcer d'avec la CEI, Moscou peut annuler le régime de faveur accordé il y a deux ans aux Ukrainiens qui sont actuellement autorisés à séjourner en Russie pendant trois mois sans se faire enregistrer. Des mesures de ce genre peuvent créer à Kiev beaucoup plus d'ennuis que la "guerre du vin" à Tbilissi.

Rossiskaïa gazeta

L'époque du partenariat stratégique Etats-Unis-Russie est révolue

A l'échelle globale il n'y a pas d'hostilité entre les Etats-Unis et la Russie. La guerre froide est effectivement terminée. Mais, d'un autre côté, les propos tenus à Vilnius (Lituanie) par le vice-président américain, Richard Cheney, dans le cadre du sommet des chefs des Etats de la région de la Baltique et de la mer Noire indiquent que les relations américano-russes sont dépourvues de toute amitié. L'époque du partenariat stratégique et de la coalition Etats-Unis-Russie face au terrorisme international appartient bel et bien au passé, estime Alexandre Rar, expert du Comité allemand pour la politique étrangère.

Les dirigeants américains sont très soupçonneux à l'égard de la volonté de Moscou de redonner à la Russie son titre de superpuissance énergétique, parce qu'ils sont conscients qu'en cette qualité celle-ci serait fort capable de modifier le champ géopolitique en Europe et en Asie.

Washington a une hantise, celle de voir la Russie jouer un rôle de premier plan dans le règlement diplomatique des conflits régionaux concernant l'Iran ou les pays du Proche-Orient.

En outre, on voit poindre à l'horizon une nouvelle rivalité entre la Russie et les Etats-Unis dans l'espace post-soviétique. L'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est briguée maintenant par l'Ukraine, la Géorgie, la Moldavie et, peut-être, par l'Azerbaïdjan. La Russie ne peut pas percevoir cette évolution des événements autrement que comme son éviction de la région. Qui plus est, cela se produit justement à un moment où Washington devrait plutôt coopérer avec Moscou dans la lutte contre le terrorisme, ce qui est aujourd'hui bien plus important.

Le fait que l'élite politique russe se soit fixé pour objectif numéro un de renforcer l'Etat, de prévenir son délabrement et de créer des conditions de vie décentes et une économie de marché compétitive suscite des inquiétudes en Occident. Aujourd'hui en Russie ces idées sont désormais considérées comme prioritaires sur la liberté et la démocratie.

En ce qui concerne les conséquences concrètes du sommet de Vilnius, on peut dire sans grand risque de se tromper qu'il n'y aura pas de remake de la guerre froide. Tout d'abord parce que la Russie n'a pas renoncé à une coopération étroite et même à une intégration partielle avec le monde occidental, seulement à ses conditions et compte tenu de ses intérêts nationaux.

Troud

Serguéi Lavrov aurait pu répliquer vertement aux propos de Cheney - expert

Principale potiche du forum de Vilnius des leaders des pays baltes et des Etats du Caucase du Sud, Richard Cheney a prononcé un discours-programme sur les relations entre l'Occident et la Russie qui a incité à parler de "second Fulton". Les politologues discutent pour savoir si le président Vladimir Poutine, ou au moins le ministre des Affaires étrangères Serguéi Lavrov, devait se rendre à Vilnius pour défendre la position de la Russie.

Le président du Centre d'évaluations et d'analyses stratégiques, Alexandre Konovalov, estime que, dans tous les cas, une telle invitation aurait dû être déclinée.

"Nous devons apprendre à bâtir la démocratie, mais il n'y a aucune raison d'aller à une conférence pour s'entendre accuser d'opprimer les Etats voisins et d'utiliser à cet effet l'arme du pouvoir, affirme le politologue. Aller à une rencontre pour écouter des invectives, c'est de l'argent perdu. Moscou ne s'est jamais opposé à la création dans l'espace de la CEI d'organisations dont elle n'est pas membre. Mais je ne comprends pas bien le sens de la création de l'union entre les pays baltes et les Etats du Caucase. Surtout vu que ces pays sont loin d'être les plus riches".

Un expert proche du Conseil pour la politique extérieure et de défense qui a préféré garder l'anonymat a dit : "Il ne faut pas se comporter comme une jeune provinciale sentimentale. Qu'est-ce que cela peut bien nous faire si on nous dit des choses désagréables avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord? Il faut savoir supporter les injures, les railleries, les crachats. Mais au lieu de s'essuyer le visage, il faut leur rendre la monnaie de leur pièce. Avec calme, sans hystérie, raisonnablement et, l'essentiel, avec des arguments à l'appui. C'est cela l'art de la diplomatique. Le chef de l'Etat n'a rien à faire à ce rassemblement à Vilnius, mais le chef de la diplomatie aurait pu expliquer à l'assistance la position de la Russie. Et cela en des termes durs, s'il le faut, pour donner une réponse symétrique à Cheney. Il ne faut pas avoir peur".

Vedomosti

Les fonctionnaires ont décidé d'équiper Aeroflot avec des Airbus

L'âpreté des Etats-Unis aux négociations sur l'OMC est, semble-t-il, à l'origine de l'annulation du contrat de 3 milliards de dollars portant sur la livraison de 22 "avions de rêve" Boeing-787 passé par le constructeur américain avec Aeroflot. Les fonctionnaires ont décidé de doter la plus grande compagnie aérienne russe d'appareils européens Airbus-350.

Le transporteur national qui choisit depuis l'été dernier entre les deux nouveautés occidentales : le Boeing-787 et l'Airbus-350, a annoncé qu'il aurait besoin de 22 avions de cette classe à l'horizon de 2014 et d'encore 12 appareils à livrer en 2015-2017. Ce sera le plus important contrat du marché russe, estimé à 3 milliards de dollars, hors rabais et options.

Le conseil des directeurs d'Aeroflot a adopté la décision d'acheter des Airbus 350 le 27 avril, selon un fonctionnaire informé du Kremlin. Le conseil des directeurs a analysé le marché et a pris une décision mais il n'est pas encore prêt à la rendre publique, a avoué le directeur général adjoint de la compagnie aérienne, Lev Kochliakov.

Il était envisagé d'annoncer le choix de l'Airbus-350 cette semaine mais à la lumière des derniers événements il a été décidé de reporter la publication à plus tard, selon une source proche de l'affaire. Le lendemain des fêtes, le 3 mai, un Airbus-320 de la compagnie arménienne Armavia s'est abîmé en mer Noire au large de Sotchi. 113 personnes dont 27 ressortissants russes ont trouvé la mort dans le crash.

L'événement ne devrait pas avoir d'impact sur le contrat, estime le directeur général de la société de conseil Infomost, Boris Rybak. Par exemple, l'été dernier a été une période néfaste pour les Boeing. Les deux avions ont les mêmes caractéristiques techniques, affirme-t-il.

Le choix de l'appareil européen est juste, estime un fonctionnaire du Kremlin. "A la lumière de la pression des Etats-Unis sur la Russie, trop brutale ces derniers temps", précise-t-il. Un fonctionnaire du gouvernement a dit, pour sa part, que la défaite de Boeing est une "réponse asymétrique" de la Russie.

La victoire des Européens revêt un caractère politique, affirme avec certitude l'économiste chef de Deutsche UFG, Iaroslav Lissovolik. "C'est un signal envoyé aux Etats-Unis pour les dissuader d'exercer une pression trop forte sur la Russie aux négociations sur l'OMC, faute de quoi beaucoup de contrats avantageux peuvent passer aux Européens", estime-t-il.

Gazeta.ru

Le complexe militaro-industriel russe aidera l'Iran à braver les sanctions internationales

Pendant que le monde entier suit la situation autour de l'Iran, les capitaux de ce pays cherchent où s'investir avec efficacité hors de la "zone d'isolement". Le holding militaire de l'Oural pourrait leur servir de "piste d'atterrissage".

Les usines Motovilikha de Perm projettent de lancer la production conjointe de trucks et de plates-formes automobiles pour le transport de voitures sur commande européenne. Par la suite, la coopération russo-iranienne pourrait être poursuivie dans le domaine militaire également.

La partie iranienne s'est tournée vers ses partenaires russes sous l'effet d'un contrat passé avec les Européens qui, pour des raisons que l'on comprend, préfèrent acheter des produits fabriqués en Russie et non pas en Iran.

Des hommes d'affaires russes possèdent des contrats quinquennaux de livraison de matériel automobile à l'Europe et à l'Asie du Sud-Est, a expliqué le directeur adjoint des usines Motovilikha, Alexandre Gorodetski. Inutile de cacher que le contrat de l'entreprise de Perm résulte de l'aggravation de la situation internationale de l'Iran. "La décision de lancer la production en Russie a été adoptée en raison de la difficile situation politique et internationale autour de l'Iran", a ajouté un autre représentant de l'entreprise de Perm.

Les analystes divergent dans leurs appréciations de la nouvelle. Elena Sakhnova, de Deutsche UFG, doute que les Iraniens puissent réaliser un pareil projet en Russie tandis que Dmitri Parfenov, de la société d'investissement Prospekt, regrette l'étroitesse du marché, ce qui risque d'aboutir à l'apparition d'un producteur monopoliste de ce matériel en Russie.

"A la lumière des événements politiques autour de l'Iran, la Russie semble être l'unique pays avec lequel l'Iran puisse avoir des relations d'affaires", souligne Igor Noujdine, analyste de la société d'investissement Solid. "Pour toute entreprise militaire les commandes civiles sont très avantageuses, quel que soit le client", estime-t-il.

De l'avis de Mikhaïl Pak, de la société d'investissement Finam, ce contrat est de nature à garantir à l'entreprise des recettes supplémentaires à hauteur de 15 à 20 millions de dollars par an. "D'autre part, il ne faut pas exclure un renforcement ultérieur des rapports entre les usines de Perm et ses partenaires iraniens dans le domaine de la défense également", suppose l'expert.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала