Homosexualité: prolixe en conseils, l'Europe oublie Sodome et Gomorrhe

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Par Piotr Romanov, RIA Novosti

Une manifestation gay non autorisée a été dispersée il y a quelques jours dans le centre de Moscou. Toute la communauté homosexuelle européenne, mais aussi le Conseil de l'Europe, le commissaire européen aux droits de l'homme et nombre d'eurodéputés ont suivi de très près cette manifestation. Un député allemand et un autre français ont même fait le déplacement pour soutenir les gays russes, et ont été brièvement interpellés par la police moscovite.

Il est bien peu probable qu'il s'agisse là d'une action spontanée, car des gays vivent à Moscou depuis belle lurette. Elle est intervenue exactement au moment où la Russie vient d'accéder à la présidence du Conseil de l'Europe, nouvelle qu'une partie de l'élite politique occidentale a accueillie avec autant de fureur qu'elle avait accueilli la présidence russe au G8 dont le sommet se tiendra prochainement à Saint-Pétersbourg.

Les défenseurs des minorités sexuelles s'appuient sur les tendances et les règles qui dominent aujourd'hui en Europe. Et ces règles-là veulent que la Russie courbe l'échine et se laisse gentiment "homosexualiser". Toutefois, l'Europe ne cherche même pas à tenir compte des spécificités russes, du peu de temps qui s'est écoulé depuis l'effondrement de l'URSS et enfin des sentiments de la population russe. Sans oublier la crise démographique qui fait qu'en Russie toute manifestation d'homosexualité est contre-indiquée�

On peut discuter sur la nécessité de mesures aussi sévères à employer pour disperser la manifestation, même s'il y a une explication. La tentative de déposer des fleurs devant la tombe du Soldat inconnu, lieu sacré pour la majorité des Russes, n'est rien d'autre qu'une provocation préméditée. Les organisateurs de l'action voulaient que la police ait l'air le plus méchant possible, et ils ont réussi. Les forces de l'ordre ont mérité un reproche: elles n'ont toujours pas appris à opposer professionnalisme et sang-froid à la provocation.

Par ailleurs, malgré la dispersion de la manifestation gay, un observateur impartial dirait à peine que les minorités sexuelles soient fortement lésées dans leurs droits en Russie. Les clubs gays fonctionnent, la télévision et le showbiz sombrent dans l'homosexualité, plusieurs députés au parlement se déclarent homos, et certains partis politiques soutiennent ouvertement les minorités sexuelles.

Tout cela est vrai, mais il n'est pas moins vrai que l'immense majorité de la population continue de ressentir une aversion envers les gays, et non seulement pour des raisons physiologiques. La Russie contemporaine revient dans les églises d'où elle fut violemment chassée par les bolcheviks. En renouant avec les pratiques religieuses et en relisant la Bible, les Russes se souviennent de Sodome et de Gomorrhe. Là, les croyants russes n'ont rien de différent avec les croyants des autres pays européens. L'Eglise orthodoxe russe n'est pas seule à blâmer la sodomie. Le catholicisme et bien d'autres Eglises chrétiennes s'emploient également à combattre ce mal.

Pour le commissaire européen aux droits de l'homme, les croyants se trompent, et il appelle tout le monde à laisser pousser les fleurs de l'homosexualité masculine et féminine, à permettre aux homosexuels de se marier et d'adopter des enfants. La certitude du commissaire européen et des autres sympathisants des gays en Europe frise le bolchevisme. La Russie a déjà connu cette frénésie. Les bolcheviks eux-aussi croyaient avoir raison et exigeaient que tout le monde vive selon leurs lois. Est-ce qu'il y a au moins un défenseur de la cause homosexuelle qui soit revenu de l'au-delà pour témoigner? Pourquoi l'Europe "homosexualisée" est-elle persuadée que la sodomie n'est pas un péché, qu'il s'agit plutôt d'une frivolité ou, mieux encore, d'un droit légitime de tout citoyen d'aimer un autre citoyen quel que soit le procédé? Où est la preuve que la société en devient plus saine et non pas malade?

On ne peut pas répondre à ces questions, comme les croyants ne peuvent pas confirmer leurs hypothèses. Pourquoi la Russie devrait-elle suivre les traces du Conseil de l'Europe dans ce dossier délicat? Et si on peut faire confiance au commissaire européen, pourquoi ne pas se fier au patriarche orthodoxe, au pape et ainsi de suite?

La Russie rejette le bolchevisme du Conseil de l'Europe qui cherche par tous les moyens à faire prévaloir son opinion. Son peuple a été forcé, pendant des décennies, à suivre de même "l'unique voie juste", voie qui conduisait, on le sait, à l'abîme. Qui pourrait garantir que la voie proposée par le Conseil de l'Europe n'amène Moscou et Saint-Pétersbourg, d'ici deux ou trois décennies, à se rebaptiser Sodome et Gomorrhe?

Les Russes sont fatigués de ces chiens guides d'aveugle. Ils souhaitent pouvoir choisir librement la voie à suivre. C'est ce qui s'appelle, d'ailleurs, la démocratie.

Si le Conseil de l'Europe n'est pas du même avis, on peut discuter. Mais les Russes n'ont pas besoin de leçons de morale, car la morale européenne bat de l'aile.

(L'avis de l'auteur ne correspond pas forcément à celui de la rédaction)

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