Les conflits au Proche-Orient vus à travers le prisme de l'opinion russe

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Par Andreï Kolesnikov, RIA Novosti

Les feux de l'actualité en Russie sont depuis presque trois semaines braqués sur le conflit israélo-libanais. La conception de ce conflit chez les Russes moyens, comme en témoignent les études d'opinion, n'est pratiquement pas encombrée des anciennes représentations soviétiques concernant la "clique militariste agressive d'Israël", le "peuple martyr palestinien" et autres clichés de propagande et stéréotypes idéologiques.

Qui plus est, l'opinion des Russes à l'égard du conflit au Proche-Orient est "non idéologisée". Les médias clés, tant électroniques que la presse écrite de qualité, couvrent le conflit de façon assez objective, tout simplement en présentant des informations sur chacune des parties au conflit et en laissant le consommateur de l'information l'évaluer lui-même et former ses propres opinions là-dessus.

La position des Russes à l'égard du passage du conflit à une phase active est dans une grande mesure déterminée par leur attitude vis-à-vis d'Israël. Et celle-ci devient de plus en plus neutre d'année en année malgré une légère aggravation des tendances xénophobes en Russie.

Quoi qu'il en soit, selon les résultats d'un sondage réalisé en février dernier par la fondation Obchtchestvennoïé mnienié ("Opinion publique", FOM), 61% des Russes sont indifférents envers cet Etat. 49% des personnes interrogées déclarent ne pas être intéressées par le conflit palestino-israélien.

D'ailleurs, la proportion de personnes ayant de la sympathie pour Israël a chuté de 30 à 24% au cours de ces cinq dernières années. Ce ne sont pas des chiffres trop impressionnants, mais il faut peut-être les considérer dans le contexte d'une certaine accentuation des tendances générales anti-américaines et anti-occidentales dans la société russe.

Les sondages réalisés en juillet dernier par cette fondation et par le Centre de Iouri Levada ont donné presque les mêmes résultats. 13% des personnes interrogées par la FOM soutiennent les Israéliens, contre 8% qui ont de la sympathie pour les ennemis d'Israël.

Selon le Levada-Center, 5% des sondés estiment que la Russie devrait soutenir Israël et 4% qu'il faut encourager les Palestiniens et les Libanais. Beaucoup plus de personnes interrogées (selon les deux organismes de recherche) préfèrent occuper une position neutre. 63% des sondés par la FOM ne soutiennent aucune des parties. 48% des sondés préconisent un règlement pacifique du conflit (selon le Levada-Center).

Les 41% de ceux qui désapprouvent la politique d'Israël estiment que le conflit doit être réglé uniquement par des moyens pacifiques (FOM). Ceux qui l'approuvent mettent l'accent sur le fait que l'Etat s'est préoccupé du sort de son soldat. D'ailleurs, l'opinion publique russe n'a pas de doutes en ce qui concerne la relance du terrorisme qui sera provoquée par l'aggravation du conflit.

Il se peut que la position plutôt neutre de l'opinion publique russe ne soit pas déterminée uniquement par le fait que les Russes ont déjà passé la période des préférences politiques et émotionnelles bien définies en matière de guerres et conflits palestino-israéliens. Il est maintenant plus difficile pour les Russes de définir leur attitude à l'égard de ceux qui mènent des hostilités contre Israël.

A la question de savoir qui étaient ces gens-là, terroristes ou lutteurs pour l'indépendance, 63% n'ont pas pu donner à la FOM une réponse définitive en février 2006 (ce chiffre est égal au nombre des Russes qui occupent une position neutre à l'égard du conflit).

Aujourd'hui, 17% des personnes interrogées considèrent les Palestiniens menant une lutte armée comme des terroristes (contre 20% il y a deux ans). Mais ceci ne signifie pas que l'une des parties au conflit est devenue plus sympathique aux yeux des Russes, car la part de ceux qui qualifient les Palestiniens de lutteurs pour la liberté s'est également réduite, de 26% jusqu'à 20%. Ceci témoigne juste d'une indétermination croissante des opinions.

En dressant le bilan, on peut constater que ni les anciens stéréotypes soviétiques dans la perception et l'analyse des actualités internationales, ni l'accentuation des tendances xénophobes en Russie n'ont d'impact sur l'attitude de l'opinion publique russe envers le déroulement du conflit palestino-israélien ou israélo-libanais. D'ailleurs, les Russes ne s'intéressent pas toujours aux conflits internationaux, même s'ils entrent dans le top des actualités. Seulement 13% des personnes interrogées savaient par quoi avait commencé la nouvelle phase du conflit. 24% ont eu du mal à donner une quelconque réponse.

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