L'Albatros: un chasseur de sous-marins reconverti en canadair

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Par Victor Litovkine, RIA-Novosti

Des matériels de guerre et armements uniques en leur genre conçus à l'époque soviétique font partie de l'arsenal militaire russe. Le patrouilleur maritime A-40 Albatros, créé à Taganrog, en est un.

L'avion-amphibie Albatros est le plus grand hydravion au monde (86 t) qui peut se poser indifféremment sur l'eau et sur le sol, selon Guennadi Panatov, l'un des concepteurs de l'appareil. L'avion a passé les tests d'homologation en 1990 et est pratiquement entré en service, mais sa production en série n'a pas été lancée. L'A-40 a accumulé 126 records du monde. Il peut notamment atteindre une altitude de 3.000 m avec une charge de 10 t en trois minutes, voler à une vitesse de 745 km/h et survoler une distance de 13.000 m avec une charge de 10 t. Ses performances hydro- et aérodynamiques restent les meilleures au monde (envergure des ailes en T de 42 m, hauteur de la quille de 11 m).

Les spécialistes étrangers sont du même avis. L'Albatros a été présenté aux salons aéronautiques internationaux de Paris, de Singapour, de Santiago, de Jakarta, il a été exposé en Australie, en Nouvelle Zélande et dans d'autres pays. Le professeur américain Daniel Savitsky, grand spécialiste de l'hydrodynamique qui a été l'un des premiers à visiter l'usine jadis secrète de Taganrog, a qualifié l'appareil d'oeuvre hydrodynamique parfaite au cours de sa visite de l'usine.

Outre ses avantages esthétiques et techniques, l'Albatros a des capacités de combat uniques. Ce n'est pas "une barque aux ailes", mais un avion de combat, un chasseur de sous-marins qui a fait partie de la défense anti-sous-marine russe. Son rayon d'action est de 2.000 km, mais il peut couvrir une distance de 5.500 km. L'avion peut surveiller un secteur d'éventuel déploiement de sous-marins nucléaires pendant 5-8 heures (12 heures avec un ravitaillement en vol), il peut se poser sur l'eau comme un vrai albatros, arrêter les moteurs, déceler des bruits sous-marins et effectuer d'autres "opérations de recherche". Il peut notamment localiser un sous-marin, larguer des bouées spéciales à l'endroit de sa position, le traquer, décoller sans perdre le contact avec le sous-marin ennemi et se poser à nouveau sur l'eau lorsque le submersible navigue en profondeur ou reste couché sur le fond.

L'Albatros est même capable d'attaquer un sous-marin. Il est doté d'équipements hydroacoustiques, radioélectroniques et informatiques, de missiles air-eau, de torpilles, de mines, de grenades sous-marines et d'autres armements qui permettent à l'hydravion d'effectuer des missions autonomes ou en contact avec des bâtiments de surface, des sous-marins et des avions de type AWACS.

L'OTAN a, en son temps, manifesté de l'intérêt pour l'A-40. Guennadi Panatov s'est même rendu à Bruxelles pour présenter les performances tactiques et techniques de l'appareil aux spécialistes de l'Alliance. Mais les pays occidentaux ne se sont pas décidés à passer une commande. Ils n'ont probablement pas voulu soutenir l'industrie de défense russe. La marine de guerre russe a aussi annulé la commande pendant les années 1990 par manque de moyens financiers. Qui plus est, il n'était plus nécessaire de traquer les sous-marins de l'ancien ennemi potentiel.

La Russie a gardé un seul prototype de l'A-40, mais l'avion a de l'avenir. L'Albatros n'est pas seulement un avion de lutte anti-sous-marine. Sa version Be-42 est dédiée aux missions de recherche et de sauvetage. Le Be-42 peut décoller même par forte mer avec des vagues de plus de 2m, il peut embarquer des radeaux de sauvetage, des hors-bords et des équipements médicaux et jouer le rôle d'hôpital volant.

Le Be-44 - une autre version d'Albatros - peut effectuer des missions de patrouille maritime et protéger les zones économiques russes dans l'océan et les eaux côtières. En plus de son équipage de 3-5 personnes, le Be-44 peut embarquer une centaine de passagers et quelque 10 t de fret. L'avion a un poids de 86 t. Il est motorisé par deux turboréacteurs à double flux de 15 tonnes de poussée chacun. Sa distance de décollage sur l'eau est de 1.000-1.200 m et sur piste terrestre de 700-900 m.

L'Albatros pourrait également être utilisé comme avion anti-incendie. Issu de l'A-40, le Be-200 est destiné à lutter contre les incendies de forêts. D'un poids de 36 t, l'avion peut collecter l'eau sur un plan d'eau en vol. Le Be-200 peut emporter deux fois plus d'eau que le Canadair CL-215 produit en série au Canada, selon M.Panatov. Le Be-200 a déjà lutté contre les incendies en Corse, en Espagne, en Amérique du Sud et sur d'autres continents.

Beaucoup de personnes pourront tout prochainement apprécier les performances uniques de l'A-40 Albatros. Début septembre, un salon hydroaéronautique s'ouvre à Gelendjik, dans le sud de la Russie. L'A-40 Albatros et le Be-200 seront parmi les clous de cette exposition.

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