Revue de la presse russe du 8 septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

La Russie troque des missiles contre des oranges marocaines

L'économie a été au coeur des pourparlers entre Vladimir Poutine et le roi du Maroc, Mohammed VI. Mis à part les traditionnelles importations d'agrumes et livraisons de métaux et de pétrole, la Russie figure désormais parmi les fournisseurs d'armes de l'armée marocaine. De l'avis des experts, ces livraisons ne devraient pas avoir de retombées négatives sur les ventes d'armes à l'Algérie, ennemie de longue date du Maroc.

Les relations de l'Union soviétique avec l'Afrique s'étaient bâties sur des principes idéologiques et géopolitiques, mais maintenant, "l'heure est venue de transformer un formidable potentiel en liens économiques", a dit Vladimir Poutine. Les accords intergouvernementaux de coopération dans les domaines de la pêche, du tourisme, de la culture et des communications de masse signés pendant la visite devraient créer des conditions propices aux investissements. Des projets énergétiques - extraction de pétrole et de gaz sur le plateau continental et construction d'une centrale électrique au Maroc - sont à l'étude, a indiqué Vladimir Poutine.

Les livraisons d'armes sont un volet inédit dans la coopération russo-marocaine. A l'époque de l'Union soviétique elles avaient un caractère ponctuel du moment que le Maroc s'approvisionnait en armes essentiellement aux Etats-Unis et en France, dit Konstantin Makienko, expert du Centre d'analyse des stratégies et des technologies. Cependant, au début des années 2000 plusieurs contrats ont été signés, portant sur la livraison de missiles antichars "Fagot" et "Kornet" d'un montant de plusieurs dizaines de millions de dollars. L'année dernier un contrat a été passé concernant la fourniture de six véhicules de défense antiaérienne "Tunguska" équipés de canons et de missiles. Le montant de la transaction est de 100 millions de dollars. L'assistant du président russe, Sergueï Prikhodko, a déclaré aux journalistes que d'autres livraisons d'armes russes au Maroc pourraient avoir lieu.

Pour Andreï Maslov, directeur de la société de conseil "Af-RO", la Russie n'a pas à redouter que la vente de ces armes défensives par définition ait une incidence négative sur la coopération technico-militaire avec l'Algérie, très importante pour Moscou. Rappelons que des contrats d'un montant total de 7,5 milliards de dollars avaient été signés lors de la visite effectuée dans ce pays au mois de mars par Vladimir Poutine.

Bien que dans les années 70 l'Algérie ait soutenu le mouvement anti-marocain Polisario opérant au Sahara occidental, la "confrontation" des deux pays relève désormais du rite et n'empêche pas leur coopération, relève l'expert. D'ailleurs le territoire marocain est traversé par un gazoduc européen extrêmement important pour l'Algérie.

De l'avis de Konstantin Makienko, le commerce des armes avec le Maroc pourrait être sérieusement limité par un autre problème: ce pays n'est pas exportateur de pétrole, par conséquent ses ressources sont restreintes.

Kommersant

Abramovitch veut former un géant métallurgique russe

Roman Abramovitch a l'intention de créer le plus important holding métallurgique russe sur la base d'Evraz Group par absorption d'autres entreprises de la branche. La nouvelle a été annoncée par son partenaire Evgueni Chvidler, patron de Millhouse. C'est l'humeur peu conciliante des propriétaires de différents complexes métallurgiques qui l'a poussé à les avertir ouvertement du début de cette campagne de consolidation d'actifs. A l'administration présidentielle, on dit que le projet a été soutenu par Vladimir Poutine.

Chvidler a souligné que Millhouse préférait un échange d'actions: "Nous n'avons pas besoin du contrôle, c'est une hausse de la valeur des actifs que nous recherchons". Selon une source proche de Millhouse, les négociations avec les actionnaires des holdings métallurgiques avancent difficilement, personne ne veut perdre le contrôle et le statut de propriétaire principal.

Une source à l'administration présidentielle a confirmé que Chvidler avait tout simplement été obligé d'attaquer ouvertement. Le parton de Millhouse devait faire comprendre qu'il était soutenu au plus haut niveau. L'idée de la consolidation des actifs a été avalisée par Vladimir Poutine qui estime que ce n'est que de cette manière que les métallurgistes russes peuvent devenir compétitifs sur le marché mondial. Cette prise de position a été annoncée dernièrement (le 5 septembre) par l'assistant du président, Igor Chouvalov.

Officiellement, les candidats à l'absorption commentent les plans de Millhouse en des termes discrets. Le copropriétaire de Metalloinvest et de Gazmetall, Alicher Ousmanov, a annoncé sa volonté d'entrer en négociation "sous certaines conditions". "C'est une évaluation équitable de nos actifs et de ceux d'Evraz que je veux", a-t-il déclaré. A ses dires, après consolidation la valeur de Metalloinvest et Gazmetall ne serait pas inférieure à 10 ou 12 milliards de dollars. "Tel est aussi le coût d'Evraz, à notre avis. C'est pourquoi à la première étape nous voudrions compter sur 50% du capital du nouvel ensemble", affirme M. Ousmanov, tout en soulignant que le problème de la fusion avec Evraz ne saurait être tenu pour réglé.

Les analystes de la métallurgie estiment que la consolidation est une bonne idée. D'après leurs calculs, la fusion d'Evraz avec Severstal et Mitalloinvest engendrera une société au capital de 30 milliards de dollars.

A Millhouse, on n'affiche pas la norme du bénéfice attendu dans la sidérurgie. Selon les évaluations d'un analyste de la société d'investissement Solid, Denis Borissov, le maximum que la compagnie peut espérer, c'est 40 à 50% de rentabilité par an. "C'est beaucoup moins qu'elle a encaissé en revendant Sibneft", a-t-il précisé.

Gazeta

Gaz: Statoil et Total décrochent le gisement de Chtokman

La compagnie pétrolière norvégienne Statoil et l'administration de Mourmansk ont signé jeudi un mémorandum de compréhension. Un programme de sécurité écologique dans la région de Mourmansk sera élaboré dans le cadre de l'accord. Selon les experts, la signature du document est, en quelque sorte, une confirmation des ententes préalables sur la participation de Statoil au projet d'exploitation du gisement de Chtokman en mer de Barents.

La compagnie norvégienne a déclaré la veille qu'elle avait reçu une lettre l'invitant à poursuivre l'examen des questions concernant le partenariat dans le cadre du projet. Statoil a souligné qu'elle avait reçu cette lettre après l'information de la française Total selon laquelle elle était invitée à reprendre les pourparlers sur sa participation au projet de Chtokman.

Valeri Nesterov, analyste de la société d'investissement Troïka Dialog, estime que le choix de Statoil n'est pas fortuit: Norsk Hydro (son concurrent) est une compagnie privée, alors que Statoil est à 80% publique. Les invitations faites par Statoil à participer à ses projets en mer du Nord ont pu également être un argument en sa faveur.

Selon Christopher Maro, président de Statoil Russia, en échange de 20 % de Chtokman, la compagnie propose à Gazprom de participer au projet d'exploitation du gisement norvégien Snoehvit (Blanche-Neige) sur le plateau continental. Gazprom ne cache pas son intérêt pour ce projet, tout en soulignant la non-équivalence de l'échange.

Par ses réserves, le gisement de Snoehvit est beaucoup moins important que celui de Chtokman (193 contre 500 milliards de m3), mais les analystes affirment que le projet norvégien est son analogue le plus proche. Par ailleurs, on sait que le monopole russe du gaz désire intervenir le plus vite possible sur le marché du GNL. Le projet de Chtokman sera mis en oeuvre, au mieux, à la fin de cette décennie, alors que Snoehvit dispose déjà de capacités réservées au terminal de réception de GNL de Cove Point (Etats-Unis). L'exportation de gaz provenant du gisement norvégien commencera au début de 2007.

Dans le cas de Total, selon les experts, c'est son accès aux marchés qui a joué un rôle important. De l'avis d'Alexandre Blokhine, analyste d'Antanta-Kapital, la participation de la compagnie française au projet a été favorisée par ses perspectives dans le domaine du GNL. "L'activité pétrolière de Total n'est pas très développée sur le territoire de la Russie, mais elle possède une grande expérience de production de GNL. Elle a été l'une des premières compagnies à intervenir sur ce marché, estime l'expert.

Nezavissimaïa gazeta

La prochaine visite du premier ministre polonais aux Etats-Unis aura des dessous antirusses

Le gouvernement polonais est prêt à autoriser, sous certaines conditions, les Etats-Unis à construire en Pologne une base pour leur bouclier antimissile en cours d'élaboration. Parmi ces conditions, le financement et la construction par des sociétés américaines d'un gazoduc (et peut-être aussi d'un oléoduc) allant, en contournant la Russie, du Kazakhstan à la Turquie puis à la Pologne. Le projet a l'air fantastique mais c'est lui, affirme le journal varsovien Rzeczpospolita, qui doit être le sujet clef des pourparlers du nouveau premier ministre polonais, Jaroslaw Kaczynski, au cours de la visite à Washington qu'il entamera le 13 septembre.

L'idée repose sur le désir des jumeaux Kaczynski, dont l'un est chef d'Etat et l'autre premier ministre, de réduire la dépendance de la Pologne envers les matières énergétiques russes. On dit que les groupes pétroliers Texaco et Chevron seraient déjà prêts à financer la construction d'une canalisation de contournement d'un coût de 5 milliards de dollars au minimum. Dans la capitale américaine, Jaroslaw Kaczynski a l'intention d'examiner le superprojet avec le vice-président Richard Cheney, le secrétaire à l'Energie Samuel Bodman et les patrons des géants pétroliers. D'autre part, Varsovie voudrait tirer des profits du futur gazoduc et propose de le prolonger de la Pologne plus loin vers l'ouest.

En acceptant de recevoir sur son territoire une base antimissile américaine, le gouvernement Kaczynski compte se faire offrir l'accès aux technologies militaires les plus récentes et, du même coup, aux secrets des services de renseignements des Etats-Unis. Comme principale condition du projet de transaction "base contre gazoduc", le gouvernement polonais demande l'engagement de Washington de couvrir par son bouclier antimissile une partie considérable du territoire de la Pologne contre une éventuelle attaque aux missiles.

Proposant de faire de la Pologne le plus fidèle allié de l'OTAN et des Etats-Unis, Varsovie a jugé le moment favorable à la veille de la visite du premier ministre afin de hausser le prix de son accord pour l'installation d'une base antimissile américaine. Il n'est pas certain que Washington accepte toutes les conditions polonaises. Mais une chose est claire: qu'il s'agisse du gazoduc de contournement ou de la protection de la Pologne contre une hypothétique attaque aux missiles, la visite de Kaczynski aura dans tous les cas des dessous antirusses.

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