Revue de la presse russe du 20 septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta

Il n'y aura pas d'"affaire Ioukos" à Sakhaline (expert)

La décision du ministère russe des Ressources naturelles d'annuler l'avis favorable de l'expertise écologique publique sur le projet Sakhaline-2 a été interprétée, par les experts et les médias occidentaux, comme un "signal pour revoir les accords sur l'extraction conjointe de ressources", voire comme une "nouvelle tentative de Moscou de reprendre le contrôle des actifs pétroliers et gaziers du secteur privé" pour "accorder à Gazprom une participation au projet". Les analystes russes appellent leurs collègues à garder le sang-froid et affirment qu'après un "marchandage qui ne durera pas" le projet continuera à se développer normalement.

Les médias japonais ont placé la décision du ministère russe sur le même plan que "le démantèlement de Ioukos et la coupure provisoire du gaz en Ukraine". Le secrétaire général du gouvernement nippon, Shinzo Abe, principal candidat à la succession du premier ministre sortant, a menacé Moscou de revoir complètement les relations bilatérales. D'autres pays se sont limités à faire savoir, au niveau non officiel, les conséquences négatives éventuelles qui frapperaient la Russie en cas d'ingérence de l'Etat dans l'économie.

Mitsui et Mitsubishi (qui détiennent respectivement 25% et 20% du capital social de Sakhalin Energy, opérateur du projet) ont déjà investi 4,7 milliards de dollars dans Sakhaline-2 et se gardent de faire des gestes brusques. Les deux ont pourtant déjà essuyé des pertes : hier, un jour après la décision du ministère russe des Ressources naturelles, l'action Mitsui a chuté à Tokyo de 3,1% et celle de Mitsubishi de 1,8%.

Sur ces entrefaites, Moscou n'est pas enclin à voir des dessous politiques dans la décision du ministère russe concernant le projet Sakhaline-2. "Je comprends que cette évolution des événements est de nature à provoquer des émotions au Japon. J'invite donc les hommes politiques et, bien entendu, les journalistes japonais à accueillir la nouvelle sans émotion et à s'efforcer de ne pas dépasser le cadre de l'enquête sur le fond du problème. Je compte que toutes les raisons de considérer ce problème comme politique seront supprimées", a déclaré hier le chef du comité des affaires internationales de la Douma, Konstantin Kossatchev.

Le directeur du Centre des relations russo-nippones de l'Institut de l'Extrême-Orient relevant de l'Académie des sciences de Russie, Viktor Pavliatenko, estime, lui, que "les déclarations violentes sont pour Shinzo Abe un coup de maître dans sa campagne électorale". "Il n'y aura pas d'autres "affaires Ioukos" et pas plus que de guerre russo-japonaise. Après un marchandage qui ne prendra pas beaucoup de temps Gazprom sera admis à participer au projet avec les Japonais. Il est donc inutile de se tracasser pour la réalisation du projet", a estimé l'expert.

Goudok

L'Union européenne peut pousser la compagnie aérienne "Poulkovo" au bord de la faillite

"Poulkovo", une des grandes compagnies aériennes de Russie, a été avisée officiellement par la France qu'une nouvelle "liste noire" serait examinée en octobre 2006 et que cette compagnie pourrait y figurer. L'Union européenne a décidé d'obtenir la réduction des royalties pour les vols sur les itinéraires transsibériens en faisant pression sur "Poulkovo", estiment les experts. Ils préviennent que cette compagnie peut être menacée de faillite.

La "liste noire" des transporteurs aériens sera publiée le 4 octobre. Jusqu'à ces derniers temps, aucune compagnie aérienne russe n'avait figuré sur cette liste interdisant les vols vers l'Europe. Selon Vladimir Bondyrev, directeur commercial de "Poulkovo", la Commission européenne peut prendre cette décision à cause de la catastrophe survenue à un Tu-154 dans les environs de Donetsk et du refus de la Russie de réduire les royalties pour les vols sur les itinéraires transsibériens.

"Saint-Petersbourg a toujours intéressé les transporteurs aériens étrangers, a déclaré Vitali Baïtine, expert du CentrInvest Securities. A présent, il est possible de se débarrasser d'un des plus puissants acteurs sur ce marché par une voie tout à fait légale".

De l'avis de Dmitri Abazalov, expert du "Centre de conjoncture politique", "avant le 4 octobre, la compagnie aérienne "Poulkovo" sera entraînée dans un jeu politique dont on ne peut que conjecturer le résultat tout en se demandant qui l'emportera". Si la compagnie "Poulkovo" est frappée d'interdiction de vols vers l'Europe, elle perdra, selon les estimations de l'expert, 400 à 500 millions de dollars par an.

Le fait est que le parc de "Poulkovo" ne comporte que des court- et moyen-courriers qui ne peuvent desservir que l'Europe et les pays de la CEI, mais pas les longs itinéraires. L'expert estime que, si "Poulkovo" ne renouvelle pas son parc, la faillite de la compagnie est probable à 75 %. D'autre part, poursuit Dmitri Abazalov, "Poulkovo" bénéficie de ressources administratives importantes, par conséquent, elle peut prendre, avant le 4 octobre, des mesures pour ne pas être portée sur la "liste noire".

En fait, résume l'expert, "Poulkovo" est un bouc émissaire, car la Russie a de nouveau refusé de réduire les royalties qui constituent 300 à 400 millions de dollars par an.

Novyé Izvestia

La Transnistrie met le cap sur la zone rouble

La Transnistrie a achevé les préparatifs nécessaires pour entrer dans la zone rouble. Pour Tiraspol, la mise en circulation du rouble russe est un processus économique politiquement nuancé. Pour le mener à bien, l'autorisation de la Russie est inutile, soulignent les experts.

Le leader transnistrien affirme que le passage à la zone rouble s'opère sous le contrôle de la Banque centrale de Russie. "Les spécialistes russes ont vérifié les comptes de la Banque de la République de Transnistrie et n'ont émis aucune réserve quant à son activité et à la transparence des opérations", a indiqué le président de la république non reconnue, Igor Smirnov. "Aucun cas de blanchiment n'a été constaté, tout le système bancaire a été vérifié. Tout est conforme aux normes russes", a-t-il souligné.

"Aucune autorisation particulière de la Russie n'est nécessaire pour adopter le rouble. Il ne s'agit pas de créer un autre centre d'émission. N'importe quel Etat peut autoriser la circulation d'une monnaie étrangère sur son territoire. Souvenons-nous du Monténégro qui a mis l'euro en circulation de façon unilatérale il y a quelques années", a annoncé le directeur adjoint de l'Institut des pays de la CEI, Vladimir Jarikhine.

Le directeur adjoint de l'Institut économique de l'Académie des sciences de Russie, Dmitri Sorokine, rappelle que le rouble circule déjà librement sur le territoire de la république non reconnue. Il est donc inutile de s'attendre à des bouleversements négatifs ou positifs. "Cette situation n'est pas comparable avec les négociations entre la Russie et la Biélorussie sur l'adoption d'une monnaie unique. La Transnistrie dépend beaucoup de nous sur le plan économique. Igor Smirnov a fait cette déclaration pour souligner surtout les affinités qui l'unissent à la Russie", a affirmé le spécialiste.

La Russie est allée pour sa part à la rencontre de la République moldave de Transnistrie. Elle peut notamment reconnaître les sociétés fondées en Transnistrie pour que leurs actions soient négociables sur les bourses russes, a indiqué Sergueï Dontsov, directeur du département administratif du ministère russe du Développement social. "Cela permettrait aux entreprises transnistriennes de se faire accorder des crédits par des banques russes sous cautionnement en actions, ce qui signifierait en fait la reconnaissance des entreprises transnistriennes par la Russie en tant que pays garant", a estimé l'expert.

Vedomosti

La part secrète du budget

La part des dépenses secrètes du budget russe s'accroît d'année en année, constate l'Institut d'économie de la période transitoire. Si, en 2003, elle constituait 9,5 %, en 2007, elle a atteint 12,2 %. En chiffres absolus, de même que les autres dépenses budgétaires, les dépenses secrètes ont triplé, passant de 225,34 milliards à 666,12 milliards de roubles (un euro équivaut à 34 roubles). Les dépenses pour la défense nationale (en cinq ans, la part des articles secrets est passée de 36,2 % à 45,6 %), pour la sécurité et l'activité judiciaire (de 22,4 % à 31,3 %) sont entourées d'un secret grandissant. Il y a des dépenses secrètes même dans les chapitres sociaux (les services communaux, l'éducation, la culture, le cinéma, les médias, la santé et le sport).

La part des dépenses secrètes du budget augmente, pour l'essentiel, grâce à l'accroissement des dépenses de défense et de sécurité, explique Youri Simatchev, vice-directeur du Centre analytique intersectoriel. Une source au ministère de la Défense affirme que l'augmentation des articles secrets s'explique, en premier lieu, par l'accroissement des achats encore "absents il y a cinq ans". Par exemple, la construction de sous-marins atomiques porteurs de missiles du projet 955 et la mise au point de nouveaux missiles balistiques Boulava pour ces submersibles touchent à leur fin, la création de nouveaux missiles X-555 et X-101 pour l'aviation stratégique et la préparation des régions pour le stationnement des missiles intercontinentaux Topol-M exigent beaucoup d'argent. Quant aux chapitres sociaux, les articles secrets sont apparus, parce que la Banque mondiale a recommandé en 2005 de soustraire certaines dépenses de l'article "défense" : par exemple, inscrire les hôpitaux militaires dans l'article "santé", les écoles des cités militaires, dans l'article "éducation", etc.

Les législateurs sont au courant des dépenses des deniers publics, affirme Igor Roudenski, vice-président du Comité budgétaire de la Douma (chambre basse du parlement russe). Les articles secrets suscitent toujours des débats animés au Comité, ces dépenses sont bien contrôlées, assure-t-il.

Les experts n'en sont pas aussi sûrs. Le secret crée des possibilités croissantes pour la corruption, estime Konstantin Makienko, expert du Centre d'analyse des stratégies et des technologies. L'opacité et le manque de contrôle entraînent l'inefficacité des dépenses de l'Etat et leur accroissement anarchique, fait remarquer Youri Simatchev. D'ailleurs, il n'est pas nécessaire de dissimuler les dépenses pour les hôpitaux et les écoles, estime Alexandre Morozov de HSBC Bank : "Cela n'intéresse pas nos adversaires".

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