Revue de la presse russe du 16 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Nezavissimaïa gazeta

L'instrument universel de la politique économique de la Russie

L'Etat semble s'être doté d'un nouvel instrument universel de politique économique. Organisme tout récemment très modeste, le Rosprirodnadzor (Service fédéral de surveillance écologique) s'ingère de plus en plus hardiment dans des projets économiques coûtant des milliards de dollars.

Lukoil, une des plus importantes compagnies pétrolières russes, est la dernière victime des contrôleurs écologistes. Vendredi dernier, le directeur adjoint du Rosprirodnadzor, Oleg Mitvol, déclarait que Lukoil, accusée d'avoir violé la législation environnementale pourrait être privée de la licence de mise en valeur de 19 gisements dans 11 régions pétrolifères de la République des Komis.

La protection de l'environnement n'est plus considérée depuis ces dernières années comme une lutte écologique pure et simple. Toutes les informations sur les violations de la législation environnementale provoquent sur le marché des réactions aussi douloureuses que les réclamations fiscales. Les contrôleurs écologistes s'ingèrent de plus en plus largement dans les projets économiques et cette ingérence est souvent plus efficace qu'une intervention du fisc, mécanisme traditionnel de pression sur les agents économiques indésirables.

La nouvelle technique de réclamation a pour but de faciliter les rapports des autorités avec les sociétés étrangères. Ces dernières ont dans leur majorité évité au début d'utiliser des moyens douteux d'optimisation fiscale à la différence des compagnies russes, si bien que l'Etat ne pouvait pas recourir à la pression fiscale. Autre circonstance importante: la motivation écologique des griefs formulés contre les multinationales est particulièrement payante aux yeux de l'opinion publique des pays occidentaux où les tendances "écologiques" sont particulièrement puissantes. Ainsi, l'arrêt des livraisons de pétrole à la raffinerie lituanienne Mazeikiu nafta, dont Vilnius a refusé le bloc de contrôle aux sociétés russes et l'a vendu au groupe polonais PKN Orlen, n'a pas dégénéré en un scandale international important.

Cet été, l'arme écologique a été testée sur le projet Sakhaline-2 réalisé par des sociétés étrangères. Le fisc aurait eu du mal à découvrir des violations dans ce projet parce qu'il est réalisé en partage de la production qui prévoit une transparence maximale des procédures de comptabilisation qui, de surcroît, ne peuvent pas être modifiées.

Vedomosti

La Vneshtorgbank possède désormais près de 6% des actions EADS

La Vneshtorgbank (VTB) continue d'acquérir des actions d'EADS, le plus grand groupe aérospatial européen. VTB en possède déjà près de 6% et est désormais le troisième plus important actionnaire du groupe puisqu'elle a dépassé l'Espagne, l'un des fondateurs d'EADS.

La banque publique avait réalisé des achats massifs d'actions cet été, profitant d'une baisse de près de 45% de la cote des actions EADS. Au mois d'août la valeur d'EADS avait augmenté pour atteindre 24 milliards de dollars, mais avant octobre ses actions avaient rechuté de plus de 10%. Cela avait une nouvelle fois été mis à profit par la VTB pour porter son paquet d'actions à environ 6%, a indiqué une source proche de la banque. Pour acquérir les premiers 5% VTB avait dû débourser environ 1 milliard de dollars, et quelque 225 millions de plus pour le reste. Afin de réaliser cette transaction VTB a utilisé ses propres fonds, a assuré l'interlocuteur.

La VTB s'est refusée à tout commentaire. Cependant, une autre source, proche celle-là d'EADS, sait aussi que le paquet d'actions de la banque publique approche les 7%. Désormais la VTB est le troisième actionnaire d'EADS après la France et l'Allemagne. Ce qui ne manque pas de préoccuper l'Espagne et l'Allemagne. La semaine passée le ministre espagnol de l'Economie, Pedro Solbes, et le maire de Hambourg, Ole von Beust, ont même annoncé que s'il le fallait la municipalité du grand port allemand achèterait elle-même des actions EADS. La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré que si DaimlerChrysler réduisait sa part, EADS serait dans l'obligation de trouver des "actionnaires sûrs".

Tout ceci ressemble fort à de l'hystérie et c'est naturel puisque la Russie ne sait pas encore très bien comment elle va mettre à profit ses actions EADS, estime Guennadi Soukhanov, analyste de "Troïka Dialog". La semaine dernière, à l'issue d'une rencontre avec Angela Merkel le président Poutine avait déclaré que la VTB pourrait tout simplement vendre ses actions si EADS et la Corporation aéronautique unifiée (CAU) en cours de formation ne décidaient pas de coopérer étroitement. EADS attend des ententes à ce sujet et c'est d'ailleurs ce qui retarde le lancement industriel du programme de fabrication des nouveaux Airbus 350 XWB, auquel la CAU souhaiterait participer, assure une source proche d'EADS. Les sources interrogées au Kremlin et les fonctionnaires des ministères russes concernés, ceux du Développement économique et du Commerce et de l'Industrie et de l'Energie, restent évasifs quand on les interroge sur cette éventuelle entente.

Kommersant

Les assassins d'Andrei Kozlov avaient trouvé protection auprès de la police

Le meurtre retentissant du premier vice-président de la Banque centrale de Russie Andreï Kozlov tué le 13 septembre est, en fait, élucidé. Les criminels ont été découverts à cause de l'avarice de l'homme qui maintenait le contact entre le commanditaire et les exécutants : au lieu de payer les tueurs, il a décidé de s'en débarrasser, ce qui les a conduits à rechercher la protection de la police. Comme il découle des dépositions des criminels, le conflit entre Andreï Kozlov et le commanditaire probable durait depuis deux mois.

La semaine dernière, les tribunaux de Moscou ont arrêté les assassins présumés d'Andreï Kozlov : les citoyens ukrainiens Alexeï Polovinkine, Maxime Progliada et Alexandre Belokopytov âgés de 35 ans chacun.

Des citations à comparaître pour faire amende honorable ont été adressées à tous les trois criminels, mais un seul d'entre eux s'est présenté à la police de son propre gré. Les deux autres furent amenés sous la contrainte après les dépositions du premier.

Les juges d'instruction sont certains que, bien que les inculpés reconnaissent leur crime, ils ne disent pas tout. Par exemple, Alexeï Polovinkine qui était lié à l'intermédiaire affirme qu'il ne l'avait rencontré que deux fois, que ces contacts étaient très brefs et avaient eu lieu dans l'obscurité, c'est pourquoi il lui est difficile de le décrire. Les deux autres disent qu'ils n'avaient jamais vu l'intermédiaire. Cet homme mystérieux aurait pu être retrouvé en étudiant les appels téléphoniques des inculpés, mais, comme le disent les Ukrainiens, ils ont jeté toutes les cartes SIM "quelque part dans la forêt" et qu'ils ont "oublié" tous les numéros de téléphone: aussi bien les leurs que celui de l'intermédiaire.

L'équipe d'enquête du Parquet général aura du mal à retrouver le commanditaire du meurtre d'Andreï Kozlov, mais des chances existent. Grâce aux dépositions faites par les exécutants, le cercle des commanditaires probables du crime s'est rétréci considérablement. Si, auparavant, les suspects étaient les dirigeants de dizaines de banques russes privées de leurs licences par le vice-président de la Banque centrale, à présent, l'enquête peut concentrer son attention sur les banques ayant connu des problèmes deux mois avant la mort du banquier.

Gazeta

Gazprom a oublié les prix européens pour l'Ukraine

Les déclarations publiques du président Poutine au sujet du prix du gaz pour l'Ukraine au niveau de 230 dollars les 1000 m3 semblent être oubliées à Kiev et à Moscou. La Russie a de fait renoncé aux "principes européens de formation du prix" annoncés l'année dernière à l'Ukraine pour revenir aux méthodes modérées.

L'approche actuelle, dite de marché, adoptée par Gazprom à l'égard de l'Ukraine signifie des livraisons à perte. Pendant le quatrième trimestre 2006 la Russie achètera du gaz à la Turkménie à 100 dollars les 1000 m3 pour le revendre à l'Ukraine à 95 au lieu de 230 dollars.

En même temps le gouvernement ukrainien abaisse les tarifs pour la population. A partir du 1er novembre, le prix du gaz distribué à la population sera réduit de 18%, passant de 82 à 67 dollars les 1000 m3. D'autre part, le gouvernement russe applique une politique de croissance rapide des prix du gaz pour la population du pays: en 2007, les tarifs doivent augmenter de 15% en moyenne.

Les raisons de cette idylle gazière subite entre Moscou et Kiev sont faciles à expliquer. Moscou n'a pas intérêt à voir le gouvernement Ianoukovitch déstabilisé. Kiev, pour sa part, ne demande pas mieux que de revenir à l'ancien principe "le gaz russe bon marché contre les promesses".

Pour aider Moscou à sauver la face, Kiev a inventé une explication originale: en 2007 l'Ukraine ne consommera plus de gaz russe. D'après le ministre ukrainien de l'Energie, Iouri Boïko, "le gaz russe sera remplacé par le gaz turkmène, kazakh et ouzbek", si bien que 230 dollars seraient un prix absurde.

Cependant, l'Ukraine ne reçoit pas de gaz asiatique. En réalité, elle se fait livrer du gaz venant de gisements russes tandis que le gaz turkmène arrivant en Russie est payé par Gazprom et devient de ce fait propriété russe.

D'ailleurs, les conditions du retour aux prix avantageux du gaz russe n'ont pas encore été concertées. Il est possible qu'à long terme le soutien gazeux accordé à Ianoukovitch puisse apporter à la Russie et à Gazprom des résultats palpables. Mais l'ancien vice-ministre russe de l'Energie, Vladimir Milov, estime que la Russie n'aurait pas dû rompre les conditions de livraison de gaz sur le territoire de la CEI. "Ayant détruit sa réputation de fournisseur fiable en Europe, Gazprom sera obligé à faire machine arrière dans les anciennes républiques soviétiques également", a-t-il expliqué.

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